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Connaissance du patrimoine

Les techniques de la radioactivité et de la physique nucléaire semblent a priori éloignées de l’archéologie et histoire de l’art. Pourtant ces techniques très sensibles, rapides, et non destructives sont bien utiles pour déterminer la nature, la provenance, l’élaboration des objets anciens ou encore les dater. Les applications sont nombreuses et variées.

Les analyses par faisceau d’ions permettent de répondre à des questions que se posent historiens et spécialistes de civilisations anciennes à propos d’objets en leur possession. Le sabre offert à Bonaparte par le Directoire à l’issue de la campagne d’Italie valait-il son pesant d’or ? Quelle est la qualité des dorures d’une triade de statuettes khmères ?

Fourreau du sabre des empereurs
Fourreau du sabre des empereurs offert en 1797 à Napoléon Bonaparte et conservé au musée de Fontainebleau. À l’issue de la campagne d’Italie, l’Autriche vaincue dut signer le traité de Campo-Formio et donna à son vainqueur un sabre ayant appartenu aux empereurs du Saint-Empire romain-germanique. Le Directoire avait complété le don de l’empereur d’Autriche par un magnifique fourreau. L’analyse a montré qu’il était en or massif et que le Directoire n’avait pas lésiné sur la dépense.
© LRMF

La composition d’un marbre est caractéristique d’une carrière : l’analyse de la composition des éléments d’une statue permet de retrouver la provenance du marbre sans la détériorer.

Le rubis d’une bague ancienne est-il une authentique pierre précieuse ? Sans avoir besoin d’en prélever un échantillon, il est possible d’affirmer son authenticité en mesurant la quantité d’impuretés naturelles présentes.

Analyse de dorures
La technique utilisée pour la comparaison de l’or du fourreau des empereurs et de l’or de la statue Khmère du Musée Guimet est celle de la « rétrodiffusion Rutherford ». ou technique RBS. Les mesures différencient très clairement l’or massif du fourreau du sabre, de celui des placages de la statuette et des zones sans dorure.
© LRMF

Le recours aux datations radioactives est incontournable pour des objets d’origine incertaine dont l’âge dépasse quelques centaines d’années : le carbone-14 permet de dater des objets vieux de quelques siècles (comme le saint suaire de Turin, 14ème siècle) jusqu’à quelques dizaines de milliers d’années (cendres de la grotte Chauvet).

Les encres employées autrefois pour les dessins, manuscrits, enluminures, n’étaient généralement pas fabriquées sur place et sont d’une grande variété. L’analyse des encres peut révéler des anachronismes, par exemple du fait d’un copiste du moyen âge qui a rajouté un passages au manuscrit des Philippiques de Cicéron.

Triade de divinités khmères
La surface de cette statuette Khmère, conservée au musée Guimet, présente des surfaces dorées et des surfaces non dorées. Les méthodes nucléaires permettront d’analyser la qualité de l’or des dorures.
© Dominique BAGAULT/LRMF

Le carbone-14 n’est pas le seul indicateur. La thermoluminescence est un outil précieux pour les anthropologues, permettant de dater des néandertaliens contemporains des Homo Sapiens. Dans un musée, des statuettes de terre cuite précolombiennes ont été datées par thermoluminescence et différenciées de copies contemporaines.

Même si la précision des datations n’est pas parfaite, ce test est très difficilement falsifiable : on peut envisager d’irradier des objets pour leur conférer un âge apparent, mais les doses sont très difficiles à maîtriser au niveau de précision requis.