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Comment utiliser la radioactivité pour authentifier un millésime?

Lors des essais nucléaires atmosphériques dans les années 1950, de grandes quantités de radionucléides artificiels issus de la fission de l’uranium furent été rejetés dans l’atmosphère. Aujourd’hui, il ne subsiste que ceux possédant une longue période tel que le césium-137 (Cs137) dont la période radioactive est de 30 ans. A la suite des essais nucléaires, ce dernier s’est déposé au cours du temps de manière homogène sur toute la surface du globe et notamment sur les vignes. Il est donc normal de retrouver des traces de Cs137 sur les raisins et donc dans le vin. Toutefois, son niveau de radioactivité est extrêmement faible, de l’ordre de 0,01 à 1 becquerel (Bq) par litre de vin, bien inférieur à celui de la radioactivité naturelle.

Bouteille en cours de mesure
Bouteille d’un grand millésime de Bordeaux en cours d’analyse au-dessus d’un détecteur germanium bas bruit de fond entouré d’un blindage de plomb et de cuivre.
© CENBG

C’est pourquoi il a fallu attendre la fin des années 1990 et le développement de détecteurs semi-conducteurs bas bruit de fond au germanium (Ge), sensibles à de très faibles niveaux de radioactivité, pour mettre en évidence la présence du Cs137 dans le vin et la variation de son activité en fonction des années. Cette étude a été réalisée par différents laboratoires de Bordeaux sur des millésimes du vignoble bordelais entre 1950 et 2000.

Variation de l’activité du Cs137 au cours du temps
Courbe de l’activité du Cs137 (mBq/L) des vins de Bordeaux en fonction de leur année de production. Cette courbe est utilisée comme référence pour déterminer si un vin est authentique ou frauduleux.
© CENBG

On observe, outre les pics d’activités dus aux essais nucléaires atmosphériques entre 1952 et 1964, un pic en 1986 dû à l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Cette courbe de référence permet donc de « dater » le vin ou tout du moins de déterminer si un vin est authentique compte-tenu de l’activité attendue en Cs137. Cette méthode est même infaillible pour des millésimes antérieurs à 1950 pour lesquels on n’attend pas de traces de Cs137. Ainsi, il est donc possible par cette technique de mettre en évidence des fraudes pour les grands millésimes.

Le grand avantage de cette technique est qu’elle est non destructive. En effet, le Cs137 émet un rayonnement gamma de 662 keV qui passe aisément à travers le verre de la bouteille pour être ensuite détecté.

Mise en évidence d’un faux grand cru
Spectre partiel enregistré pour une bouteille d’un grand cru du bordelais millésimée 1928, date bien antérieure aux bombes atomiques. La présence de la raie gamma du 137Cs à 661 keV montre tout de suite qu’elle est fausse. La raie voisine à 665 keV provient du verre de la bouteille.”
© CENBG

Une autre méthode de caractérisation a également été développée par technique PIXE et permet d’analyser la composition chimique du verre et dater ainsi le verre de la bouteille.