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L’irradiateur d’Arc Nucleart à Grenoble

La France dispose d’une installation unique en Europe pour la préservation des objets du patrimoine. C’est l’atelier régional de conservation NUCLEART de Grenoble. Créé en 1969, à l’initiative de Louis de Nadaillac, un ingénieur du Commissariat à l’Energie Atomique, c’est aujourd’hui un « Groupement d’Intérêt Public et Culturel ».

Casemate d’irradiation
Schéma en éclaté de l’installation d’irradiation. On aperçoit la piscine où est rangée la source de cobalt-60 en dehors des périodes d’utilisation et qui protège des radiations. La source est montée sur un chariot qui permet, le moment venu, de la monter de la piscine dans la chambre d’irradiation.
© Arc Nucléart

Les activités en matière de restauration de cet organisme se sont diversifiées, mais sa principale originalité est de posséder depuis ses débuts une installation d’irradiation au Cobalt-60 de grande dimension.

L’irradiation a lieu dans une casemate. Les barreaux de Cobalt-60, constituant la source, sont entreposés dans une piscine de 4 mètres de profondeur. Cette profondeur est suffisante pour que l’on puisse observer la source sans danger dans sa position de repos. Un système de rails fait passer les barreaux de la piscine à la casemate au moment de l’irradiation. Ils regagnent la piscine après celle-ci. Comme l’irradiation ne génère pas de radioactivité, on peut pénétrer dans la casemate et manipuler les objets dès la fin du traitement.

Surveillance de l’irradiation
Fenêtre en verre plombé de la casemate d’irradiation et tableau de commande avec des bras télémanipulateurs.
© Arc Nucléart

Un hublot de verre au plomb permet de voir l’intérieur de la casemate et de suivre l’opération de consolidation ou de désinfection.

L’intérêt de la consolidation par irradiation réside dans le fait de pouvoir contrôler le dégagement de chaleur de la réaction de polymérisation au sein de l’objet, en modifiant le débit de dose de rayonnement gamma. On démarre la réaction avec un débit de dose de l’ordre de 1 kilogray/heure, et lorsque la température à l’intérieur du bois atteint une valeur de l’ordre de 60-70°C, on réduit le débit de dose en éloignant l’objet de la source de rayonnement, afin de faire décroître cette température. La durée totale de l’opération est de l’ordre de 48 heures, avec des débits de dose variables pour éviter que la température au sein de l’objet ne dépasse pas les 70°C. Il faut environ une dose de 20 000 Grays (Gy) pour une radio-polymérisation.

Dans le cas d’une désinfection, les doses sont très variables : 500 Gy pour stériliser les insectes xylophages et 2 000 Gy pour tuer la croissance de certains champignons, 10 000 Gy ou davantage pour la désinfection. Rien n’empêche de traiter plusieurs pièces à la fois. La désinsectisation par irradiation est particulièrement adaptée au traitement de masse d’objets ethnographiques de formes variées et composés de matériaux divers. Par exemple, une centaine de m3 de mobilier provenant des réserves du Musée Dauphinois de Grenoble a été traitée par lots de 2 m3.