Vols de sources radioactives
Des butins surtout dangereux pour des voleurs
Si la négligence de ferrailleurs était à l’origine de l’accident de Goina, des vols de matières radioactives défraient aussi rarement mais périodiquement la chronique. Ces matières ne sont pas recherchées par les voleurs, mais il arrive à leurs risques et périls qu’elles fassent partie de leur butin. Dans tous ces cas, les voleurs désiraient surtout s’emparer des véhicules et ignoraient le caractère dangereux de leur cargaison.
De tels vols se sont récemment produits au Mexique dans le cadre de trafics illicites. C’est ainsi que dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 avril 2015, un conteneur contenant une source d’iridium-192 a été volé d’une camionnette près de la ville de Cardenas dans l’État mexicain de Tabasaco. L’iridium-192, de période radioactive de 74 jours, est un puissant émetteur de rayons bêta et gamma, utilisé en radiographie industrielle (gammagraphie). Sortie de son conteneur et manipulée sans précautions, la source peut causer de graves brûlures et éventuellement conduire à la mort en quelques heures ou jours.
La protection civile mexicaine exhorta en cas de découverte de la substance volée de « ne pas s’en approcher ni la manipuler », d’avertir les autorités et d’établir en attendant un périmètre de sécurité de trente mètres. Quelques jours après, le mercredi 22 avril, les autorités mexicaines annoncèrent avoir retrouvé, « abandonnée sous un pont », la source radioactive d’iridium-192
Le vol de la source d’iridium est survenu 16 mois après celui d’une source de 60 grammes de Cobalt-60 aux environs de Mexico. Le cobalt-60 est un puissant émetteur de rayons gamma encore utilisé dans certains hôpitaux pour le traitement des cancers sous le nom de bombe au Cobalt. La source en fin d’utilisation était transportée d’un hôpital de Tijuana au nord du pays vers un centre de dépôt de déchets radioactifs.
Le 5 décembre 2013, deux hommes attaquèrent le chauffeur du camion qui s’était arrêté pour dormir près d’une station essence, s’emparèrent du camion et de sa cargaison. Le camion fut retrouvé abandonné dans un champ deux jours après à deux km de là. La source radioactive avait été sortie de son blindage de protection et laissée à 500-700 mètres du camion. Six hommes de 18 à 35 ans furent arrêtés quelques jours après.
Les voleurs voulaient sans doute savoir ce que contenait les conteneurs et en revendre le métal. Ils se mordirent les doigts de la curiosité. L’appât du gain qui les exposa à de dangereux niveaux de radioactivité. Les 6 hommes présentèrent des signes d’une exposition aux radiations, probablement des brûlures et durent passer dans un hôpital avant de gagner la prison.
Lors de ces divers incidents, il a été établi que les voleurs voulaient s’emparer des véhicules et de ce qu’ils pouvaient contenir sans avoir une idée du caractère dangereux de leur butin et des risques qu’ils prenaient. Rapidement récupérées, les sources radioactives volées n’ont pas été à l’origine de conséquences sanitaires, en dehors des voleurs et des personnes qui s’en sont approchées avant leurs découvertes.
Le périmètre de protection de 30 mètres empêche tout contact avec la source. Pour ce qui est du risque des rayons gamma, à cette distance, pour une source qui émet de manière égale dans toutes les directions, un rayon gamma sur environ 10000 émis est à même d’atteindre une cible dont la surface est de 1 m2 voisine de celle d’un être humain. De plus tous les photons reçus par l’individu n’interagissent pas obligatoirement dans le corps. Ainsi donc si les sources sont rapidement localisées et récupérées, les expositions des populations et leurs conséquences sont très limitées. Il faut retenir que le nombre de photons gamma reçus varie comme l’inverse du carré de la distance séparant l’individu de la source : par exemple passer de 1 a 2 mètres de distance divise par 4 le nombre de photons susceptible d’être reçus. En cas de doute sur la nature et l’activité d’une source radioactive, s’éloigner reste la meilleure précaution à prendre en premier.
En savoir plus : Article paru dans Le Monde
SUITE : Accidents spatiaux
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