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Mettre à l’abri, évacuer, nettoyer, contrôler les aliments

Après un rejet majeur, il est nécessaire de prendre des mesures de première urgence. Des précautions simples et efficaces réduisent beaucoup les conséquences les plus dramatiques. A Tchernobyl, les premières mesures prises par les autorités soviétiques ont été tardives. Cependant elles ont limité les conséquences de l’accident.

Une première mesure est une mise à l’abri pendant les heures les plus critiques. La mise à l’abri protège contre l’irradiation externe due à la source et les dépôts au sol, l’inhalation d’activité radioactive en provenance du panache, et des contaminations de la peau et des vêtements. Lors de l’accident de Tokai-mura, malgré l’absence de rejets significatifs à l’extérieur, 300 000 personnes furent consignées à leur domicile jusqu’à la fin de l’accident. A Fukushima, les premiers rejets de radioactivité survinrent de 1 à 3 jours après l’arrêt des réacteurs, délai qui fut mis à profit pour mettre les populations à l’abri.

L’évacuation provisoire est une mesure lourde et traumatisante, mais qui protège contre toutes les expositions au moment de l’alerte ou quand l’irradiation est à son maximum. Au moment de l’accident de Three Mile Island, alors que l’on ignorait s’il y aurait des rejets importants et qu’il y avait risque d’explosion, on a évacué à titre de précaution des milliers de personnes.

Zone d’exclusion de Tchernobyl
Cette carte de la contamination du césium-137 montre la zone d’exclusion autour du réacteur de Tchernobyl définie par un cercle de 30 kilomètres de rayon. La zone d’exclusion englobe la ville de Tchernobyl, située à 12 km de la centrale et 74 hameaux. 400 personnes, souvent âgées, revinrent à Tchernobyl. Aujourd’hui des centaines de personnes travaillent sur le site de la centrale qui reçoit de nombreux visiteurs. Personne n’est autorisé à habiter à Prypiat et les premiers 10 km autour de la centrale. Au-delà toute production agricole est interdite, la Nature a repris ses droits.
© UIP/EULEP/EURADOS

Dramatique est le déplacement définitif des populations, tel qu’il fut pratiqué à Tchernobyl. Une zone d’exclusion de 30 kilomètres autour de la centrale fut définie, qui nécessita le déplacement et le relogement de 130 000 personnes, dont les 48000 habitants de la ville de Prypiat toute proche du réacteur. Du 2 au 6 mai 1986, des milliers de personnes habitant ce périmètre très contaminé furent sommées d’abandonner leurs biens et évacuées vers des lieux d’accueil plus ou moins provisoires.

Ces déplacements protègent certes les populations contre l’irradiation externe à long terme due aux dépôts au sol et l’inhalation de poussières radioactives, mais elles constituent un traumatisme majeur. Les compensations matérielles sont loin de compenser celui lié à l’évacuation. Les conséquences psychologiques, notamment liées au déracinement de populations, sont très importantes. Ainsi trois ans après l’accident de Fukushima et l’évacuation de 170 000 personnes, selon les chiffres du gouvernement japonais plus de 1.600 de ces évacués seraient morts de causes indirectes reliées à la catastrophe dont des suicides alors que grâce à ces évacuations le nombre de morts dus à la radioactivité proprement dite fut très faible.

Après l’accident de Fukushima, l’évacuation des territoires contaminés a été suivie par une opération de décontamination de très grande ampleur. Dans les zones habitées et agricoles, la surface des sols a été raclée pour la nettoyer des dépôts de césium. Ce nettoyage a permis d’autoriser, après 3 ou 4 années, le retour de populations évacuées dans certaines villes et villages. Mais seule une partie de la population, la plus âgée, est revenue, les générations plus jeunes et plus actives ayant choisi de refaire leur vie ailleurs.

Fukushima : Stockage de terres contaminées
Pour éliminer les dépôts de césium-137, dont la radioactivité est de longue durée, on a raclé une mince pellicule à la surface des sols. La terre contaminée est accumulée dans des sacs sur des sites de stockage. Il faudra à l’avenir enfouir ces terres contaminées, pour absorber les gamma émis dont une bonne part est absorbée par les sacs.
© TEPCO

Pour prévenir l’effet de l’iode radioactif sur la thyroïde lors d’un accident, la distribution de pillule d’iodes à proximité des sites de réacteurs est préconisée. L’administration de pilules d’iodure de potassium stable protège contre l’ingestion d’iode radioactif. Cette administration doit survenir avant la contamination, ou le plus tôt possible après celle-ci et être répétée si la contamination persiste. C’est pour assurer une distribution rapide que ces pilules sont stockées de manière permanente près des centrales.

Le contrôle de la nourriture et de l’eau protège contre la contamination de produits radioactifs dans la chaîne alimentaire. Ce contrôle doit être complet. C’est ainsi que dans l’ex-Union Soviétique, la contamination de la chaîne alimentaire n’est pas venue des zones les plus proches de l’accident pour lesquelles les autorités avaient pris des mesures efficaces, mais d’une tache de radioactivité dans une zone agricole de la Biélorussie voisine. Les autorités turent initialement l’accident. Les kolkhoziens l’ignoraient quand ils vendirent des produits qui, non contrôlés, furent la cause d’une exposition importante.