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Quand recourir aux scintigraphies ?

Le médecin nucléaire doit choisir le produit marqueur approprié à l’examen. Il faut que le marqueur aille s’associer de façon aussi exclusive que possible à la partie de l’organisme que l’on souhaite atteindre ou visualiser.

La scintigraphie osseuse, outil de diagnostic
On a recours au diagnostic nucléaire quand il représente le seul moyen d’obtenir rapidement les renseignements voulus par l’état d’un patient. On le voit dans le cas de cette patiente de 34 ans qui souffrait de douleurs tenaces à la marche et dont les radiographies étaient normales. Les diphosphonates marqués au technetium-99m ont une affinité élective pour le tissu osseux en remaniement (métastases cancéreuses mais aussi zones d’inflammation). Une scintigraphie osseuse a établi que ces troubles étaient dus à la chute d’un tiroir métallique sur le pied gauche trois mois avant l’examen.
© Source : A.Aurengo/Hôpital La Pitié Salpétrière

On peut donc utiliser :

Soit un simple atome radioactif, isotope instable d’un élément existant à l’état naturel dans le corps. C’est le cas de plusieurs isotopes de l’iode, dont on sait que la concentration dans la thyroïde en fait un excellent marqueur de cette glande. On peut aussi utiliser des atomes métabolisés dans l’organisme de façon sensiblement similaire à un corps naturel, si celui-ci ne possède pas d’isotope radioactif émettant des rayonnements utilisables. Citons le thallium 201 qui se comporte comme le potassium, ce dernier étant largement capté par les muscles et notamment le muscle cardiaque ;

Soit une molécule marquée. Il faudra s’assurer que le marquage est stable lors des diverses phases du métabolisme normal du corps humain et que la dégradation de la nouvelle molécule n’entraîne pas l’apparition de composants dotés de toxicité. Citons par exemple dans ce cas les diphosphonates marqués au technetium-99m qui ont une affinité élective pour le tissu osseux en remaniement (zones d’inflammation ou métastases cancéreuses). Mais on peut naturellement lier aussi un atome radioactif à une hormone ou à un anticorps;

Soit un ensemble de cellules, prélevées sur le sujet, maintenues en vie et marquées par le traceur radio-actif, puis réinjectées au patient pour suivre ensuite leur comportement. Prenons comme exemple les globules rouges du sang, marqués au technétium 99 m, qui permettent ensuite de visualiser les cavités cardiaques et de calculer divers paramètres particulièrement importants lors de l’étude des dysfonctionnements cardiaques.

Fréquence des scintigraphies
Fréquence annuelles des examens scintigraphiques ramenées à 1000 habitants pour les pays classés selon la qualité de leur système de santé. Font partie du premier groupe des pays comme le Canada, les États-Unis, le Japon, les états de la Communauté Européenne ; du second groupe le Brésil, la Chine, l’Inde, etc. A l’intérieur d’un groupe, les pratiques médicales varient d’une nation à l’autre. La moyenne des résultats de plusieurs pays diffère des résultats de la seule France.
© IN2P3 (Source : K.G.Gerber. Adapté de UNSCEAR 2000)

Il est évident que l’ensemble des manipulations nécessitées pour la préparation des injections doit être réalisé avec le plus grand soin et que des contrôles très stricts sont présents à chaque étape.

A l’heure actuelle, la quasi totalité des spécialités médicales peut utiliser les radioisotopes, que ce soit en vue du diagnostic (imagerie ou dosages biologiques) ou de la thérapeutique. Cependant, certains domaines sont particulièrement privilégiés et il en est même où la médecine nucléaire représente le seul moyen d’obtenir rapidement et sans danger les renseignements voulus par l’état du malade.

Parmi les indications principales dans notre pays, nous pouvons citer :
Tout d’abord les affections ostéo-articulaires (un peu plus d’un tiers des scintigraphies pratiquées en France) avec bien sûr un nombre important de recherches de métastases osseuses (cancers du sein, cancers de la prostate), mais aussi de nombreuses pathologies heureusement moins graves (bilan de diverses douleurs et infections touchant le tissu osseux) ;
– L’exploration cardio-vasculaire (25%), regroupant les examens du myocarde (pathologie des coronaires) et l’imagerie des cavités cardiaques (ventriculographie isotopique et calcul de la fraction d’éjection) ;
– La pneumologie avec en particulier les recherches d’embolies pulmonaires (15%), seul domaine où la scintigraphie intervient en urgence et se révèle un examen de première intention susceptible à lui seul d’orienter le diagnostic et la thérapeutique adaptée ;
– La thyroïde, première et grande indication des marqueurs nucléaires, un peu moins explorée maintenant en médecine nucléaire (10 à 12% des examens), compte tenu des techniques d’échographie très performantes également dans ce domaine ;
Enfin, un ensemble de scintigraphies consacrées aux explorations rénales, digestives, neurologiques en particulier.

Subsiste également en biologie un vaste domaine d’applications qui concerne tous les immuno-dosages utilisant des réactions anticorps-antigènes, marqués par des radio-isotopes. Ces techniques, bien que largement concurrencées par les avancées en immuno-fluorescence, restent encore parfois la référence (dosages d’hormones, de médicaments, d’agents pathogènes divers). Dans le domaine de l’hématologie, les techniques radioisotopiques restent irremplaçables pour l’étude de la fonctionnalité des différents organes et des cellules sanguines impliqués dans les hémopathies.

Yvon Grall