LARADIOACTIVITE.COM

Une base de connaissances grand public créée et alimentée par la communauté des physiciennes et physiciens.

Une exposition très faible en temps normal

Contrairement à une idée reçue, les réacteurs nucléaires et les usines de retraitement des déchets qui génèrent ou gèrent des éléments très radioactifs ne relâchent dans l’environnement que des quantités minimes de radioactivité, en raison des précautions prises par les ingénieurs et les techniciens pour préserver l’environnement du contact des matières radioactives.

Retombées du nucléaire civil et militaire
Depuis 1950, les doses de radioactivité dues au nucléaire civil et militaire ont beaucoup décru, comme le montre l’évolution des doses efficaces moyennes au niveau mondial consécutives aux retombées des tests atmosphériques de bombes atomiques, de l’accident de Tchernobyl et du fonctionnement des centrales nucléaires. La contribution la plus importante des essais atomiques, après avoir atteint un maximum de 0,120 mSv dans les années 1960, n’est plus aujourd’hui que de quelques millionièmes de sievert. Le total représente moins de 1 % de la radioactivité naturelle. Bien inférieures à celles résultant d’un scanner ou d’une simple radiographie, les doses sont de l’ordre de celles reçues lors d’un court voyage en avion (NB : l’échelle des doses est en puissances de 10).
© IN2P3 (Source G.Gerber : rapport des Nations Unies sur les effets des radiations atomiques.)

Vivre près d’une centrale, c’est comme vivre près d’un barrage. Il y a le risque que le barrage cède, mais on y pense peu car la voûte est solide, les catastrophes rares et dans la pratique il y a peu de raisons de s’inquiéter. L’équivalent du barrage qui cède s’est produit toutefois dans l’histoire du nucléaire. C’est l’accident de Tchernobyl survenu en 1986.

L’explosion du réacteur a relâché des radioéléments similaires à ceux d’un essai nucléaire atmosphérique. La contamination a décru avec le temps mais se fait encore sentir. La concentration d’un nucléide nocif, comme le césium-137 a retrouvé le niveau précédant l’accident. La contamination au sol qui affecte surtout certaines zones forestières diminue lentement et se fait encore sentir.

Volume des déchets radioactifs
Les déchets radioactifs représentent en volume une part minime des déchets industriels. Il faudrait un cube de 43 mètres pour contenir l’ensemble des déchets radioactifs contre un cube de 1 kilomètre de côté pour les déchets industriels produits chaque année. Quant aux déchets de haute activité, un cube de 5,3 mètres suffirait, soit en volume 1,5 dix millionième des déchets industriels. Occupant peu de place, les déchets radioactifs n’ont pas d’impact sur l’environnement tant qu’un bon conditionnement évite leur dispersion. Il s’agit d’assurer l’absence de dispersion sur une très longue durée.
© IN2P3

Déchets radioactifs :

Ces déchets ne sont pas relâchés dans la nature, mais entreposés dans des piscines ou transportés, traités et stockés à l’abri de manière efficace, ce qui explique qu’ils contribuent très peu à la radioactivité de tous les jours.

On sait se protéger de la très forte radioactivité des déchets des réacteurs nucléaires tant qu’on la contrôle. Le principal problème est le long terme. Il faut garantir une absence de contamination pendant des périodes qui dépassent de loin la durée de vie humaine. Les radioéléments qui resteront en dernier sont les moins radioactifs , donc les moins dangereux, mais leur disparition est extrêmement longue.

Enfin, l’homme produit pour l’industrie des radioéléments. Comme pour les usages médicaux, le transport et l’utilisation de ces sources font l’objet de réglementations draconiennes.

Il existe également des accélérateurs géants destinés à l’exploration de l’infiniment petit. La radioactivité induite par ces accélérateurs reste faible. Là aussi, de strictes mesures de sécurité sont appliquées.

Expositions des travailleurs du nucléaire
Les travailleurs de l’industrie nucléaire reçoivent des doses supérieures à celles admises pour le public du fait de leur activité professionnelle. Les doses moyennes (hors radioactivité naturelle) sont de quelques millisieverts (mSv) par an. Les opérations du cycle de l’uranium qui exposent le plus aux radiations, sont l’extraction du minerai et la purification de l’uranium à partir du minerai (« yellow cake »), par suite de l’exposition au radon. La législation impose que la dose ne dépasse pas 50 mSv sur une période de 5 ans et 20 mSv sur une année pour les travailleurs exposés.
© IN2P3 (Rapport du Comité scientifique des Nations Unies sur les effets des radiations atomiques)

Personnels exposés aux radiations

Les personnels de l’industrie, du nucléaire, des laboratoires, ainsi que les radiologues et les personnels hospitaliers qui sont exposés aux radiations, reçoivent du fait de leur travail des doses supérieures à celles admises pour le public hors radioactivité naturelle. La législation impose qu’elle ne dépasse pas 50 mSv sur une période de 5 ans. Pour le public la limite réglementaire est de 1 mSv/an. Cette limite basse est prudente : elle représente 40 % de la radioactivité naturelle et ne s’applique pas aux diagnostics médicaux qui sont généralement de plusieurs mSv.

En 2015, une nouvelle étude a été publiée (International Nuclear Workers Study), visant à évaluer les risques de cancer chez les travailleurs du nucléaire exposés aux faibles doses. Durant 27 ans, 308 297 travailleurs du nucléaire ont été suivis aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni de 1943 à 2005, dont plus de 59 000 en France en provenance d’AREVA, du CEA et d’EDF.

Selon l’étude, la dose de rayonnements cumulée sur l’ensemble de la carrière professionnelle est de 24 mSv en moyenne. Sur un total de 66 632 décès observés, 17 957 l’ont été par par cancer solide, et 531 par leucémie.

Contrairement à l’étude précédente plus large publiée en 2007, les travailleurs du nucléaire verraient le risque de décès de leucémie légèrement augmenter avec leur exposition aux rayonnements. Cependant, cela ne signifie pas pour autant qu’une forte mortalité par leucémie soit à craindre chez les travailleurs du nucléaire. Les niveaux d’exposition moyens étant en effet très faibles, de l’ordre de 1,1 mGy (milligray) par an, l’augmentation du risque de leucémie l’est aussi.