Un état des lieux de la gestion des déchets radioactifs
Les déchets radioactifs font peur. Pourtant à ce jour, ni leur entreposage, ni leur stockage, ni leur transport n’ont été à l’origine d’accidents mortels qui puissent leur être attribués. Les déchets de haute activité – les plus dangereux – ne représentent en France que 2 grammes par habitant et par an. C’est peu si l’on considère que les centrales nucléaires françaises produisent environ 75 % de l’électricité du pays. Les risques et le coût de leur gestion ne sont pas en proportion de ce si petit volume !
Les déchets radioactifs peuvent être répartis en deux catégories : ceux pour lesquels une gestion a été définie, et ceux pour lesquels une solution n’a pas encore été retenue ce qui ne veut pas dire qu’elle n’existe pas.
La première catégorie est constituée par les déchets qui sont à la fois les plus volumineux et les moins radioactifs, pour lesquels existent déjà des centres de stockages.
La seconde catégorie est constituée principalement des déchets les plus radioactifs qui, en raison du risque qu’ils présentent, font l’objet de recherches quant à leur gestion. Entrent également dans cette catégorie certains déchets de faible activité, pour lesquels des solutions ne sont pas encore mises en oeuvre.
En France, l’usine AREVA de la Hague près de Cherbourg joue un rôle central dans la production et le conditionnement des déchets de haute et de moyenne activité. L’usine dispose également de plusieurs installations d’entreposage. D’autres sont encore à Marcoule dans le Gard.
Les recherches portent en particulier sur le conditionnement et le stockage. Dans ces domaines des solutions sont déjà proposées. Par exemple, pour les déchets de haute activité générés à l’usine de la Hague, on dispose avec leur vitrification industrielle d’un confinement éprouvé qui protègerait l’environnement pour au moins 10 000 ans. Mais, si bien conditionnés soient-ils, il faut définir un stockage ultime pour ces déchets dans des couches géologiques stables et profondes.
A l’heure actuelle, il n’existe dans aucun pays de sites où soient stockés de manière permanente les déchets les plus radioactifs, qu’il s’agisse de combustibles irradiées ou de verres issus du retraitement. Ces matières dangereuses sont pour l’instant entreposées soit de manière dispersée à proximité des centrales comme aux USA, soit concentrées sur un petit nombre de sites comme en France ou en Suède.
Les transports de matières radioactives, surtout de haute activité, suscitent aussi des inquiétudes. Des organisation écologiques s’opposent farouchement à ces transports, mais faut-il entreposer pour l’éternité de tels déchets dans des zones habitées, près des voies d’eau. Ne vaut-il pas mieux les transporter avec les précautions nécessaires en lieu sûr ?
Le processus de décision concernant le stockage géologique des déchets de haute activité est lent, comme le montre l’exemple du choix annulé en 2010 du site de Yucca Mountain dans le Nevada.
Les recherches entreprises ont permis des progrès sur le conditionnement et l’immobilisation de la radioactivité. Les retards ont entretenu à tort l’impression que l’on n’a pas de solutions. Ils deviendraient désastreux s’ils se prolongeaient en indécision. Certaines oppositions à l’enfouissement des déchets expriment des craintes légitimes. D’autres relèvent d‘un sentiment plus terre à terre, le NIMBY en anglais (Not in my backyard), le « pas chez moi » en français, un réflexe aussi vieux que l’humanité qui n’est pas réservé aux seuls déchets radioactifs.
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