La Hague : sécurité
Des problèmes de sûreté différents de ceux d’un réacteur
Les évènements du 11 septembre 2001 firent craindre des attaques terroristes contre des installations sensibles. À titre de précaution, le gouvernement Français mit en batteries des missiles crotales à proximité de l’usine de la Hague. Ces mesures soulevèrent alors la question de l’impact que pourrait avoir sur ces installations une attaque de l’ampleur de celle des tours du World Trade Center.
On s’aperçut que de tels actes de guerre n’avaient pas été prévus dans la conception de nombreuses installations. La critique étant aisée et l’art difficile, devait-on reprocher aux ingénieurs de n’avoir pas envisagé l’inimaginable ? La chute d’un gros avion sur l’usine de la Hague constituerait un événement très grave, mais ses effets sont difficiles à prévoir sur des intallations aussi dispersées.
Ils ne sauraient être toutefois comparés à ceux de soixante-sept Tchernobyls comme le titra à l’époque un quotidien français respecté. Dans un climat de psychose, un tel amalgame était-il justifié ? Média et politiques ont souvent la tentation de l’exploitation des peurs. Il est donc utile de rappeler quelques différences entre une usine de retzaitement et un réacteur.
A l’usine de la Hague se trouve entreposée une grande quantité de matières radioactives en provenance de dizaines de réacteurs français et étrangers. Ces matières ne sont ni explosives ni combustibles. Il n’y a pas de réacteur qui tourne, donc de mécanisme nucléaire capable d’envoyer ces matières radioactives dans l’air. Rappelons que c’est la perte de contrôle de la réaction en chaîne qui a été la cause première de la puissante explosion qui dispersa des produits radioactifs à Tchernobyl.
Une seconde différence majeure est l’absence de produits radioactifs frais dans une usine de retraitement. Le nuage de Tchernobyl contenait des quantités importantes d’éléments à courte période qui venaient d’être formés, comme l’iode-131 dont l’extrême activité a été à l’origine des conséquences sanitaires les plus graves. Tous ces éléments ont depuis longtemps disparu des matières radioactives présentes à la Hague. La chaleur dégagée a énormément décru depuis la sortie du réacteur.
Un incendie serait-il à même de disperser ces matières ? Il convient de distinguer à ce propos le combustible usé en attente de retraitement, les déchets vitrifiés et le plutonium issu du retraitement.
Les combustibles usés sont entreposés dans plusieurs piscines. Si un incendie venait à bout des 9 mètres d’eau de ces énormes piscines situées en sous-sol et des gaines de zirconium qui enrobent les pastilles d’oxyde d’uranium, l’essentiel de ces pastilles qui sont réfractaires resterait ou fondrait sur place.
Dans le cas des déchets retraités, la radioactivité se trouve concentrée au sein de blocs de verre qui empêchent efficacement sa dispersion. Coulés à 1100 °C, ces verres nécessitent des températures très élevées pour fondre.
Quant au plutonium fissile issu du retraitement (1 % en masse du combustible usé), il a été conditionné dans de petites boîtes pour prévenir le risque de criticité puis transporté vers une usine de fabrication de combustible MOX.
Il faut espérer qu’il ne faille jamais recourir à la réalité d’une catastrophe pour vérifier ces spéculations. Par contre, une conséquence des attentats suicides du 11 septembre 2001 a été une révolution dans les concepts de sûreté des installations nucléaires. L’accroissement de la sûreté a un coût
Voir aussi :
La réaction en chaîne
Accident de Tchernobyl
Rejets radioactifs
Colis vitrifiés (HA)
Entreposages combustibles usés
AREVA usine de la Hague (site web)
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