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Entreposer : une solution utile mais provisoire

Entreposage à sec
Une fois le combustible usé des réacteurs assez refroidi, il est parfois entreposé à sec aux États-Unis dans de conteneurs en acier et béton disposés en surface. Ces conteneurs ou châteaux sont ici placés verticalement. De tels sites d’entreposages sont situés prés des centrales dans 39 états. Les techniques utilisées garantissent une protection contre les radiations. Cependant, ces dispositifs sont conçus pour être temporaires. Situés parfois à proximité de villes ou de zones industrielles, ils ne sauraient isoler des déchets éternellement.
© DOE

Entreposer signifie ranger un objet avec l’intention de le reprendre. Un entreposage, qui offre la possibilité de récupérer à toutes fins utiles l’objet mis de côté, est par essence réversible. Les anglo-saxons ont d’ailleurs une formulation plus précise quand ils parlent d’interim storage.

Dans le cas des déchets radioactifs, entreposer s’entend du « dépôt provisoire de matières radioactives dans une installation qui en assure le confinement ». L’entreposage suppose une surveillance. Il ne saurait se perpétuer indéfiniment et ne doit pas signifier que l’on entrepose parce que l’on ne sait pas quoi faire.

L’entreposage a des vertus pour les matières les plus radioactives. Entreposer un colis de haute activité plusieurs dizaines d’années réduit la chaleur dégagée. C’est important car les déchets vitrifiés comme ceux produits à la Hague sont initialement trop chauds pour un site de stockage comme CIGEO.

Si les colis sont devenus tièdes au moment de les enfouir, les installations de stockage à construire seront moins volumineuses, donc moins coûteuses. Durant ce laps de temps les techniques auront progressé. On peut espérer des conditionnements meilleurs. Des réacteurs incinérateurs de déchets, capables de détruire les matières radioactives les plus toxiques et les plus coriaces, auront peut-être vu le jour.

L’entreposage industriel des matières les plus radioactives est déjà pratiqué avec des variantes. Aux États-Unis, les assemblages de combustible usé sont entreposés auprès des centrales, dans des piscines de refroidissement et des silos à sec. En Allemagne, en Suède, en Suisse, il existe des installations centralisées. En France, les assemblages de combustible usé et les déchets vitrifiés du retraitement sont regroupés à Marcoule et la Hague. Des installations d’entreposage sont opérationnelles pour chaque type de déchet, notamment des piscines pour les combustibles usés et des puits ventilés pour les déchets vitrifiés de haute activité.

L’entrepôt peut être construit à la surface du sol ou à quelques dizaines de mètres de profondeur sur le flanc d’une colline ou d’une montagne. En surface, il est constitué généralement de puits ou alvéoles enterrés surmontés d’un bâtiment, comme à la Hague. A faible profondeur (subsurface), on accède aux puits et alvéoles par un réseau de galeries. Il existe un entreposage de ce type à Oskarshamn en Suède.

L’entreposage apparaît comme une étape intermédiaire, indispensable avant un éventuel stockage des déchets radioactifs. Il s’agit dans tous les cas de solutions provisoires, valables sur quelques dizaines d’années. Des entreposages de longue durée font l’objet de recherches avec pour but la préservation des colis et leur possible récupération jusqu’à 300 ans.

Trop attendre, c’est reporter la charge sur les générations futures. Il faut trouver un juste milieu, ne pas opposer entreposage et stockage comme le font ces opposants au stockage qui préconisent un entreposage très long. Un tel entreposage imposerait une surveillance assidue, de lourdes interventions de maintenance, et l’obligation de reprendre à terme les déchets. Il n’est pas une solution satisfaisante vis-à-vis de nos descendants. A trop se prolonger, le meilleur des entreposages devient le pire des stockages. Les générations futures prêteront-elles à ces installations plus d’attention que nous en prêtons aux carrières souterraines de Paris. L’exemple en 2005 des conséquences dramatiques de l’ouragan Katrina, amplifiées par les négligences des autorités américaines pour l’entretien des digues de la Nouvelle-Orléans, incite à la prudence.