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Entreposages à sec de déchets vitrifiés

Entreposage des déchets vitrifiés
Les déchets vitrifiés issus de retraitement sont entreposés dans des puits ventilés situés sous le plancher de ce grand hall de l’usine de La Hague. Les puits sont situés au niveau des sortes de « plaques d’égout » que l’on aperçoit sur la photographie. La présence du technicien sur le plancher du hall, montre que malgré la très forte radioactivité entreposée, la radioactivité qui émerge du plancher est suffisamment atténuée pour qu’il puisse se déplacer dans le hall.
© PHILIPPE LESAGE /AREVA

Les assemblages de combustibles nucléaires usés ne sont pas les seules matières sorties des réacteurs qui nécessitent un entreposage. En effet après avoir retraité ce combustible usé pour en extraire l’uranium et du plutonium, il faut gérer les déchets très radioactifs issus de ce retraitement. C’est le cas de la France où un second type d’entreposage, à sec, est pratiqué pour ces matières.

Les résidus du retraitement constitués des produits de fission et des actinides mineurs ont été vitrifiés et placés dans des conteneurs. Ces conteneurs de déchets vitrifiés héritent de la radioactivité, hormis celle du plutonium, du combustible usé. Ils étaient au départ produits et entreposés à Marcoule, ils le sont maintenant dans des puits ventilés à l’usine de la Hague. L’évacuation de la chaleur dégagée se fait par convection naturelle ou forcée.

Cet entreposage des colis de déchets vitrifiés fait suite aux entreposages en piscine des assemblages de combustible qui précèdent le retraitement. Il est en principe provisoire comme l’indique sa traduction anglaise, « interim storage ». Cependant il constitue le terminus actuel des déchets de haute activité dans l’attente de décisions concernant la destination ultime de ces déchets, sans doute un stockage géologique.

Coupe d’un entrepôt de déchets vitrifiés
Cette coupe de l’entrepôt EEV-SE de déchets vitrifiés à la Hague montre le principe de refroidissement par convection naturelle des colis de déchets vitrifiés situés dans des puits. La cheminée assurant le tirage, un système de ventilation forcée n’est pas nécessaire.
© Clefs CEA

A l’usine de la Hague, les puits se trouvent sous le plancher d’une grande salle avec des sortes de « plaques d’égout », selon une expression de M. le Président de la Commission Nationale d’Évaluation (CNE) qui décrit bien la réalité. Les déchets se trouvent en dessous du plancher. Sous le plancher se retrouve accumulée l’essentiel de la radioactivité produite par les réacteurs depuis le début du programme nucléaire français. Malgré la fournaise radioactive située sous leurs pas, la photographie montre des opérateurs évoluant sur le plancher sans trop de précautions apparentes. Ceci montre que l’on se protège efficacement des plus fortes activités avec une bonne épaisseur capable d’absorber les rayons les plus pénétrants.

Sur le site de Marcoule restent entreposés les déchets vitrifiés en provenance de la première filière des réacteurs français, la filière UNGG (Uranium Naturel Graphite Gaz), maintenant abandonnée qui a précédé celle des réacteurs actuels à eau pressurisée REP. Les déchets de haute activité de cette filière ont été vitrifiés. Les solutions de produits de fission et d’actinides mineurs ont été calcinées et incorporées dans une matrice de verre par la chaîne à l’Atelier de Vitrification de Marcoule (AVM) depuis 1978. Le traitement des combustibles usés à Marcoule étant arrêté depuis 1997. Les conteneurs de ces déchets vitrifiés sont entreposés dans des fosses situées sur le site de Marcoule.

Caractéristiques de l’entreposage des déchets vitrifiés
Table des installations d’entreposages de déchets vitrifiés à la Hague. Elles sont refroidies par une circulation d’air qui peut être naturelle ou forcée. Les puits fermés sont mis en dépression et l’air est traité et conditionné.
© IN2P3 (Source : RGN)

Combien de temps pourra-t-on prolonger ces entreposages ? C’est un des thèmes des recherches actuelles sur les déchets. Selon la Commission Nationale d’Évaluation (CNE), « l’entreposage industriel actuel de colis de déchets à haute activité tel qu’il est pratiqué à La Hague paraît répondre à toutes les exigences que l’on peut raisonnablement présenter ». Il pourrait être prolongé sur une durée dont on ne saurait fixer l’ultime possibilité – peut-être soixante-dix ans ou cent ans -, à condition de construire une aile supplémentaire à La Hague.