Stockage aux USA
Retour à la case départ après Yucca Mountain…
Le WIPP, le premier site d’enfouissement de déchets à grande profondeur mis en service en 1999, est un cas particulier. Il est destiné à des déchets militaires de faible et moyenne activité à vie longue.
S’agissant des déchets radioactifs de faible ou moyenne activité mais à vie courte, l’option choisie est celle du stockage à faible profondeur. Chaque État local où se trouve une installation nucléaire, doit, seul ou avec un ou plusieurs États voisins, s’équiper d’installations de stockage des déchets radioactifs de faible activité.
Pour les matières les plus radioactives, les États-Unis, en application de la doctrine Ford-Carter, ont abandonné le retraitement de leurs combustibles usés civils en 1992 qui sont maintenant entreposés sur les sites des centrales et des laboratoires nationaux. Le Nuclear Waste Policy Act de 1982 sur la gestion des déchets radioactifs a confié au Département de l’Énergie – le DOE – la responsabilité de prendre en charge les combustibles usés des réacteurs nucléaires et de construire un stockage géologique à cet effet.
Après que le Congrès des États-Unis eut retenu, en 1987, le site de Yucca Mountain dans une formation de tuff (cendres volcaniques compactées) du désert du Nevada, le Président Bush avait approuvé ce choix en 2002 pour la construction du centre de stockage, qui devait servir à la fois pour les combustibles usés d’origine civile et pour les déchets militaires de haute activité. En 2002, le Congrès confirma le choix du site de Yucca Mountain pour implanter un stockage principalement de combustibles usés.
Une demande d’autorisation de construction auprès de l’autorité de sûreté nucléaire, la Nuclear Regulatory Commission ou NRC, était en cours. Le début de la mise en service du site devait survenir vers 2010-2012 si les derniers obstacles étaient franchis ce qui n’était pas certain en raison des critiques. Cela en effet ne fut pas le cas.
Le projet du centre souterrain de Yucca Mountain s’est heurté à plusieurs difficultés. Le caractère corrosif du tuff oblige à des conditionnements coûteux. La roche serait fissurée et située en dessous de la nappe phréatique. Par ailleurs, la capacité du site pouvait devenir rapidement insuffisante en raison du volume représenté par les combustibles usés civils et la chaleur qu’ils dégagent obligeant à les espacer dans le stockage.
Depuis l’abandon du projet de Yucca Montain, le Département de l’Énergie (DOE) est à la recherche de nouvelles solutions pour le stockage des déchets. Les États-Unis n’envisagent pas de choisir un nouveau site de stockage avant au moins la prochaine décennie. Une nouvelle commission, la Blue Ribbon Commission on America Nuclear Future, a été mise en place en 2010, Le Département de l’Energie (DOE) envisage l’ouverture d’entreposages centralisés à partir de 2021 et l’ouverture d’un stockage géologique en 2048.
L’abandon du projet est-il définitif ? En août 2013, la justice américaine a obligé la NRC, l’Autorité de Sûreté, à poursuivre l’examen de la demande de licence d’exploitation. Un financement alloué par les députés américains, mais non par l’Administration, pourrait permettre une relance du projet.
L’option du traitement-recyclage est de nouveau à l’ordre du jour de la recherche nucléaire américaine. Avant l’accident de Fukushima un renouveau du nucléaire, avec la construction de nouvelles centrales semblait probable. Qu’en sera-t-il ? Avec la perspective de réacteurs plus modernes et à long terme ceux de la génération IV, les USA semblaient prêts à abandonner leur opposition au retraitement et donc de revenir sur leur décision d’enfouir avec les déchets le plutonium des réacteurs.
Entreposages en piscine et à sec
L’entreposage du combustible usé des centrales nucléaires se fait dans un premier temps dans des piscines situées à proximité. Mais ces piscines se remplissent et quand elles sont saturées, on a recours à un entreposage à sec. Les assemblages sont sortis des piscines et refroidis par une circulation d’air naturelle. Ce refroidissement est rendu possible par le fait que la chaleur dégagée a suffisamment diminué. La chaleur dégagée par un château d’entreposage de 24 combustibles n’est plus qu’une fraction de celle fournie par le système de chauffage d’une maison particulière.
L’entreposage à sec du combustible usé est considéré comme sûr et respectueux de l’environnement. Durant les 20 dernières années, il n’y a pas eu de rejets de radioactivité ou de contaminations qui aient affecté le public, ni tentatives connues de sabotages. L’entreposage à sec sur les sites de production est actuellement pratiqué auprès de 25 réacteurs en activité, 7 réacteurs en cours de démantèlement auxquels il faut ajouter deux sites d’entreposage auprès du laboratoire national d’Idaho.
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