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Le radon : un agent cancérigène

Du sol aux poumons
Le radon qui sort du sol sous forme d’une émanation gazeuse se transforme dans un délai de l’ordre d’une heure en un isotope du plomb, le plomb-210. Durant cette transformation, il passe par des noyaux intermédiaires dont les atomes de nature métallique peuvent se déposer dans les poumons si le gaz et ses descendants sont respirés. Deux de ces noyaux intermédiaires, le polonium-218 et le polonium-214 émettent des rayons alpha, nocifs pour les cellules pulmonaires quand ils sont à leur contact.
© IRES/IN2P3

Bien que présent en quantité infinitésimale dans l’atmosphère, le radon est un gaz radioactif. Un fois inhalé, le radon continue sa décroissance radioactive à l’intérieur des poumons. Ses descendants solides irradient les cellules les plus sensibles des bronches. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a reconnu en 1987 le radon comme cancérigène pulmonaire humain

Les estimations du risque dû au radon sont tirées des études anciennes sur les travailleurs dans les mines d’uranium. Ces études ont établi qu’une exposition trop importante accroissait le risque de cancer du poumon. La prévention de ce risque dans les mines repose aujourd’hui essentiellement sur la ventilation des galeries souterraines.

Le radon présente la particularité d’être le plus dense de tous les gaz. Dans des locaux fermés, il reste au niveau du sol et s’accumule dans les espaces clos comme les maisons et notamment dans les caves. La vigilance s’impose dans les habitations, mais le radon est une source d’irradiation naturelle sur laquelle l’homme peut agir.

La concentration en radon de l’air est mesurée en Bq/m3, nombre de désintégrations par mètre cube et par seconde. A l’échelle de la France, la moyenne des concentrations dans les habitations est de 90 becquerels par mètre cube (Bq/m3), à comparer à 20 en Angleterre et 108 Bq/m3 dans un pays granitique comme la Suède. Ces moyennes cachent de grandes disparités.

En tant qu’agent cancérigène du poumon, le radon vient toutefois loin derrière le tabac qui provoque chaque année en France le décès de 19000 hommes et 3000 femmes. On estime que respirer sa vie durant un air à 3000 bq/m3 (une concentration très élevée) équivaudrait à fumer 20 cigarettes par jour.

La concentration moyenne étant de 90 Bq/m3, le français moyen est exposé à l’équivalent de 0,6 cigarette par jour. Un risque en général faible, mais inégal : une personne sur cent vit dans des maisons où la concentration dépasse 1000 Bq/m3 (l’équivalent de 6 cigarettes).

Surveillance et actions correctives
La carte départementale des concentrations moyennes de radon dans l’air des habitations en France ne rend pas compte des écarts très importants existants d’une commune à l’autre et d’une habitation à l’autre. Par exemple, dans certains départements, les concentrations s’échelonnent entre quelques becquerels par mètre cube et plusieurs milliers de becquerels par mètre cube. En France, Le décret 460 du 4 avril 2002 impose en France de mesurer tous les 10 ans la concentration du radon dans les lieux publics quand celle-ci est élevée. Selon la concentration, des actions correctives sont prévues pour les bâtiments ouverts au public ou à construire.
© IRES/IN2P3

Réglementation

Pour évaluer l’exposition de la population, l’IRSN réalise depuis plusieurs années des campagnes de mesure du radon dans les habitations. Quel que soit le bâtiment (maison, école, lieu de travail), la seule façon de savoir s’il présente une concentration de radon élevée est de faire mesurer le radon par un organisme spécialisé. Sur la base de ces mesures, il y aurait en France 300 000 bâtiments où la concentration moyenne annuelle serait supérieure à 400 Bq/m3 et 60 000 bâtiments où la concentration moyenne annuelle serait supérieure à 1 000.