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Le recours aux rayonnements doit être justifié en médecine

Les principes de « justification et d’optimisation » font partie de directives européennes et ont été incluses dans les régulations des pays membres de l’Union. Ces deux principes de radioprotection jouent surtout un rôle très important dans le domaine médical responsable aujourd’hui de 98 % des expositions aux rayonnements non naturels.

Optimisation dans l’industrie nucléaire
Dans l’industrie nucléaire, l’optimisation des procédures ont permis de diviser par plus de 10 en trente ans les doses d’exposition du public, comme le montre l’évolution de la dose collective locale et régionale reçue par le public. Si l’on considère qu’un gigawatt de puissance alimente en électricité environ un million de personnes en France, l’exposition à la radioactivité d’une personne due au fonctionnement des centrales et au cycle de l’uranium est aujourd’hui inférieure à un millionième de sievert, le millième des expositions d’origine médicale.
© IN2P3 (Source UNSCEAR).

Ces principes interviennent aussi dans le domaine industriel où les techniques utilisant la radioactivité ne sont utilisées que si elles apportent un bénéfice par rapport à d’autres méthodes. Dans le nucléaire, l’optimisation a permis de réduire l’exposition à la radioactivité au point qu’elle ne représente plus que 1 à 2 % du médical. Elle est à l’origine de progrès encore plus spectaculaires dans la radioprotection des personnels exposés en première ligne à la radioactivité.

En médecine, la justification consiste à n’irradier que si vraiment une information utile est escomptée pour les soins du malade. Par exemple, on préfèrera l’IRM – qui n’est pas irradiante – à un scanner chaque fois que ce dernier n’apporte pas un bénéfice supplémentaire.

Si l’on a recours aux rayonnements, l’optimisation signifie que l’on cherchera à irradier le mieux et le moins possible, en limitant au maximum l’intensité des rayonnements et la dose reçue.

Dans l’ignorance où l’on se trouve des effets des faibles doses, il faut éviter de négliger ces effets. Il faut aussi éviter le piège d’une peur excessive des radiations, préjudiciable au diagnostic et aux soins, et de croire que toute dose si faible soit-elle entraîne un danger, qu’un millisievert, un dixième de millisievert, fait courir un risque au malade.

La justification et l’optimisation prescrites par les directives européennes sont justifiées dans la mesure où il n’est pas possible d’exclure un effet des faibles doses, même si certains pensent que cet effet pourrait être beaucoup plus petit que celui prévu par les réglementations basées sur la « relation linéaire sans seuil », auquel cas les doses limites, seraient effectivement très prudentes.

Justification et optimisation sont d’autant plus nécessaires qu’une personne est jeune. Une dose d’une dizaine de millisieverts chez un homme de plus de 50 ans a vraisemblablement peu d’importance. Mais cette même dose chez un sujet très jeune, en particulier chez un nourrisson, peut avoir des conséquences comme le montre l’augmentation par un facteur entre 5 et 10 du risque cancérogène chez les jeunes enfants pour des cancers comme ceux de la thyroïde ou du sein, alors que le risque pourrait être nul au-delà de 20 ou 30 ans.

Ces exemples de précautions à prendre pour les jeunes enfants inclinent à la prudence et au bon sens. Les conséquences de l’exposition à la radioactivité dépendent de nombreux facteurs et il faut se méfier de modèles trop simples et de généralisations abusives.