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Radioprotection médicale : doses en diagnostic nucléaire

Les examens de médecine nucléaire ne sont pratiqués que s’ils apportent un bénéfice par rapport à des moyens de diagnostics classiques. Comme les radiologues, les médecins nucléaires doivent évaluer l’importance de l’exposition résultant d’un tel examen et savoir comment cette exposition varie en fonction des circonstances de l’examen. Il s’agit de minimiser le risque.

Caractère irradiant
Le caractère irradiant d’un examen est défini comme la dose résultant de l’injection d’un million de becquerels (MBq). Si l’on exprime la dose en µSv (millionième de sievert ou microsievert), le caractère irradiant se mesure en µSv/MBq. Ce caractère irradiant varie dans de grandes proportions d’un type de scintigraphie à l’autre. Les scintigraphies osseuses sont peu irradiantes (5,8 µSv/MBq), mais les scintigraphies cardiaques le sont beaucoup plus (231 µSv/MBq).
© IN2P3 (Source CIPR)

Les doses d’exposition sont en proportion de l’activité du traceur radioactif au moment de son injection et dépendent de la durée de séjour dans le corps jusqu’à son élimination physique ou biologique. Elles dépendent évidemment du traceur choisi. L’activité au moment de l’injection est évaluée en millions de becquerels (MBq), mais comme les français qui comptèrent longtemps en francs, beaucoup de praticiens comptent plutôt en millicuries l’unité traditionnelle encore très utilisée (1 mCi équivaut à 37 MBq).

Les activités injectées varient grandement selon l’examen, par exemple de 1 mCi pour un scintigraphie des reins avec l’iode-123 à près de 27 mCi (1000 MBq) pour une scintigraphie cardiaque au technétium.

L’exposition est naturellement en proportion de l’activité irradiée mais aussi du caractère irradiant de la substance radioactive. Ce caractère irradiant dépend de la nature des rayonnements émis, du temps de séjour et de la façon dont l’isotope radioactif se répartit dans l’organisme du patient. Il varie dans de larges proportions.

La scintigraphie de loin la plus irradiante est celle du muscle cardiaque au thallium-201. La dose résultante de l’injection de 150 MBq de thallium est de 37 mSv (millisievert), l ‘équivalent de 16 années de radioactivité naturelle ! Si l’on croit à la validité de relation linéaire sans seuil de la CIPR pour évaluer le risque de cancer pour cette dose, le risque de cancer s’élève à 1 cas sur 500. Ce risque éventuel d’un cancer qui mettrait une dizaine d’année ou davantage à se déclarer doit être mis en balance avec le risque qui a motivé l’examen. Le patient est menacé d’une issue fatale à court terme si une grave déficience cardiaque – comme une artère obstruée – n’est pas détectée puis traitée.

Les tomographies par émissions de positons (TEP) sont encore rares par rapport aux scintigraphies. La plupart des ces examens utilisent comme marqueur le 18F-FDG dont le caractère irradiant est estimé par la CIPR – pour un adulte – à 19 µSv/MBq. Pour une TEP standard (activité injectée de 10 millicuries ou 370 MBq), la dose résultante est de 7 mSv (millisievert), de l’ordre d’un scanner. Si la tomographie est effectuée en même temps qu’un scanner (TEP-SCAN), il faut ajouter la dose due au scanner.