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Le domaine des doses faibles et moyennes

Effets tardifs et parts de hasard
Les effets tardifs sont délicats à mettre en évidence, car ils peuvent apparaître ou, beaucoup plus probablement, ne pas apparaître. Le hasard intervenant, on dit qu’ils sont probabilistes. Des effets clairs et mesurables n’ont été mis en évidence qu’au dessus de 100 mSv et avec un débit de dose élevée : au delà de cette limite la probabilité d’occurrence de cancers ou de leucémies augmente avec la dose. Cependant, quelle que soit la dose reçue, aucun effet héréditaire (problèmes cancérigènes transmis par des gènes irradiés) n’a jamais été observé chez l’homme.
© IN2P3/NEPAL(Source Jean Colin)

Pour des expositions faibles ou moyennes, les effets ne sont plus certains contrairement à ce qui se passe avec les fortes doses. Ils ont une probabilité de se produire ou de ne pas se produire. On les appellent pour cette raison probabilistes.

Ces effets probabilistes correspondent à des transformations de cellules plutôt qu’à leur destruction. Ils apparaissent des années après l’exposition qui en a été la cause.

Ces manifestations – cancers, effets génétiques, par exemple – étant tardives, elles sont très difficiles à distinguer de celles dues à d’autres causes que la radioactivité, comme les agressions dues à des produits chimiques, une consommation de tabac ou une exposition excessive aux ultraviolets du soleil.

Dans le domaine probabiliste des faibles doses inférieures à une centaine de millisieverts (mSv), c’est la probabilité d’apparition d’un cancer, non sa gravité, qui augmente avec la dose. Au niveau d’une personne individuelle, il est impossible sauf exception, quand un cancer se manifeste au bout de plusieurs années, de l’attribuer à la radioactivité

Il est fréquent dans l’esprit du public, d’attribuer un cancer ou un décès à une exposition même faible de radioactivité. Les exemples sont multiples comme celui des cancers de la thyroïde en France attribués sans preuves établies à Tchernobyl. Rares sont les cas bien tranchés (expositions importantes, pathologies particulières) ou le doute ne subsiste pas quant à l’origine de séquelles. Un exemple est celui des cancers du poumon contractés par des mineurs d’uranium quand ces mines n’étaient pas encore ventilées.

La radioactivité a-t-elle tué John Wayne ?
Un exemple de l’incertitude des effets probabilistes : John Wayne est-il mort en 1979 d’un cancer de l’estomac pour avoir en 1954 tourné The Conqueror non loin d’un pas de tir d’essais nucléaires américains. John Wayne qui survécut 25 ans à ce tournage malencontreux dut être exposé à une dose relativement faible. Faute de pouvoir remonter aux origines de son cancer, on est réduit à des conjectures. John Wayne fumait trois paquets par jour et la radioactivité n‘est pas la cause la plus probable.
© DR

Un cas d’école est celui du décès de l’acteur John Wayne attribué par des organes de presse à la radioactivité. John Wayne est mort à 72 ans d’un cancer de l’estomac en 1979, 25 ans après avoir tourné dans le désert du Nevada un film, où il jouait le rôle de Gengis Khan. Le lieu de tournage était situé à une centaine de miles de Yucca Flats le pas de tir des essais nucléaires américains encore en activité.

John Wayne est-il mort d’avoir tourné dans ce site contaminé. Écartons d’emblée l’hypothèse farfelue et dramatique d’un article paru dans France-Dimanche en juillet 2007 selon laquelle le Duke aurait été exposé à une dose 400 fois mortelle. Si cela avait été le cas, il serait mort comme Alexandre Litvinenko trois semaines après. Il survécut 25 ans. Son cancer a peut être été déclenché par ce tournage malencontreux, mais John Wayne était un grand fumeur. La radioactivité est une cause possible parmi d’autres.