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Thérapies : de fortes doses mais locales

Les thérapies proprement nucléaires (curiethérapies, thérapies métaboliques ou encore protonthérapies) sont beaucoup moins pratiquées que les thérapies à base de rayons X ou de rayons gamma. Aussi quand on parle de doses dans ce domaine, c’est généralement de radiothérapie ou téléthérapie qu’il s’agit.

Fréquences des principales radiothérapies
Nombre moyens de téléthérapies par million d’habitants dans les pays développés.
© IN2P3 (source K.G.Gerber – Unscear 2000.

Quelle que soit l’origine des rayons, l’objectif est toujours de détruire les cellules malignes en ménageant le plus possible les tissus sains voisins. On essaye de concentrer au maximum les rayons là où se trouve la tumeur. La dose la plus significative pour le patient et pour le médecin est la densité d’énergie absorbée dans la tissu malin visé.

Il s’agit d’une irradiation locale, qu’il est fondamental de distinguer d’une irradiation globale. En thérapie, les densités d’énergies absorbées se comptent en dizaines de joules par kilogrammes ou grays. Ces doses de rayonnement élevées, supportables tant qu’elles sont locales, seraient mortelles si elles étaient délivrées au corps entier.

Doses moyennes en radiothérapies
Doses en radiothérapies exprimées en grays. Il s’agit de doses moyennes, car les doses prescrites peuvent varier d’un patient à l’autre. L’utilisation du gray comme unité au lieu du sievert s’impose, car en thérapie il s’agit de doses d’énergie délivrées localement à la tumeur. Le sievert et ses sous-multiples sont des unités prévues pour la radioprotection et non pas pour évaluer l’énergie déposée dans une tumeur à des fins de destruction.
© IN2P3/Source K.G.Gerber – Unscear 2000

En diagnostic, où les doses sont faibles, on cherche à évaluer l’exposition globale résultante pour réduire autant que faire se peut les risques éventuels. En thérapie, l’exposition corps entier est bien présente – elle est même beaucoup plus importante qu’en diagnostic – mais les risques qui en découlent sont considérés comme un mal inévitable en regard de la possibilité de guérison du cancer (philosophie du risque acceptable).

Cette prise en compte acceptée d’un risque certain n’empêche pas que tout doit être fait pour réduire ce risque. Les irradiations de tissus sains sont inévitables quand on traite une tumeur avec une source externe de rayons, ce qui est le cas général. Les rayons X ou gamma traversent les tissus sains situés devant la tumeur, et ceux qui ne sont pas encore absorbés traversent aussi les tissus situés derrière. Dans les thérapies modernes, une collimation soignée des rayons évite d’irradier à côté. En variant l’angle d’attaque, on concentre l’irradiation dans la tumeur tout en ménageant les alentours. Il faut éviter aussi de toucher des organes très sensibles, ce qui n’est pas toujours possible ou qui nécessite d’avoir recours à des rayons qui s’arrêtent dans la tumeur (protonthérapies).

L’intensité de l’irradiation, l’importance des risques, réclament une bonne précision (meilleure que 5 %) dans le suivi des doses absorbées lors des diverses étapes du traitement. Il faut contrôler en permanence l’irradiation que l’on évalue à partir de dosimètres qui mesurent les rayons et qui sont situés dans les endroits sensibles a proximité du patient.