Radioactivité β (I.faible)
L’interaction faible à l’origine de la radioactivité bêta
La désintégration bêta (β) et la capture électronique sont deux modes de transformation des noyaux dus aux forces faibles. L’une et l’autre modifient la composition en protons et neutrons d’un noyau, la charge électrique du noyau augmentant ou diminuant d’une unité. Cette variation de charge est compensée par l’émission d’un corpuscule chargé – un électron ou un positon – ou plus rarement par la capture d’un électron. Ces transformations sont accompagnées – autre signature caractéristique – de corpuscules qui échappent à l’observation, des neutrinos ou antineutrinos.
Les principales forces à l’œuvre dans le noyau, celles attractives qui assurent sa cohésion et celles répulsives entre charges électriques de même signe, sont incapables de transformer neutrons en protons et de produire des électrons, des positons, des neutrinos et des antineutrinos. La Nature à donc recours à un troisième type d’interaction (ce terme est plus exact que celui de force) pour procéder à des désintégrations bêta ou des captures électroniques. Cette troisième interaction est appelée interaction faible.
Cette troisième interaction est dite faible car les désintégrations bêta qui en sont la manifestation la plus visible sont des transformations lentes qui ont du mal à se produire. Les temps de vie des noyaux instables sont extrêmement variables (un quart d’heure pour un neutron libre, une semaine pour l’iode-131, trente ans pour le césium-137, un milliard d’années pour le potassium-40), mais tous ces temps, y compris le quart d’heure du neutron, sont très longs pour les horloges nucléaires.
La première théorie de la désintégration bêta a été formulée en 1934 par le grand physicien italien Enrico Fermi, à une époque ou l’existence des quarks n’était pas soupçonnée et celle des neutrinos seulement une hypothèse. Depuis les années 1970, on sait que lorsqu’un nucléon change de nature (neutron ou proton) c’est qu’un de ses constituants (quark down ou up) se transforme d’une espèce dans l’autre. C’est au niveau de ces corpuscules élémentaires qu’intervient l’interaction faible.
Le mécanisme de la désintégration bêta-moins comporte plusieurs phases. Au départ, un quark down d’un neutron, dont la charge électrique vaut -e/3, émet une particule porteuse d’une charge électrique négative -e. Sa charge passe à +2e/3. Il est devenu un quark up. En général, le quark up réabsorbe immédiatement la charge négative et redevient quark down. La charge négative brièvement émise puis réabsorbée est portée par une particule appelée « boson W-moins ». Or, cet objet est instable et peut se désintégrer en électron et antineutrino (NB : Le boson W a d’autres manières de se désintégrer, mais seul le mode en électron-neutrino, le plus économique en énergie, se manifeste dans les phénomènes de radioactivité).
Si le boson se désintègre durant l’instant extraordinairement bref qui s’écoule entre son émission et sa réabsorption, une désintégration bêta-moins s’est produite.
Ce mécanisme s’explique dans le cadre de la mécanique quantique. C’est le principe d’incertitude de Heisenberg qui autorise un quark à émettre et à réabsorber un objet beaucoup plus massif que lui, le boson W. L’existence de cet intermédiaire fugitif, dont les propriétés avaient été prédites par la théorie à la fin des années 1960, a été confirmée expérimentalement en 1983.
Les autres articles sur le sujet « Noyaux radioactifs »
Carte des Noyaux
Carte des noyaux stables et instables Les progrès de la physique nucléaire et les connaissances a[...]
La vallée de stabilité
Émissions bêta : s’alléger pour acquérir de la stabilité … La masse du noyau est reli[...]
Forces Nucléaires
Trois forces en action dans le noyau et leur hiérarchie Trois types de forces entrent en compétit[...]
Mécanismes de la radioactivité
Les forces nucléaires à l’œuvre dans le noyau … La diversité des temps de vie, qui vont de [...]
Désintégrations α (alpha)
Désintégrations alpha : un effet de la mécanique quantique Le très grand âge des noyaux d’u[...]
Gammas et alphas
Les gamma accompagnent rarement les désintégrations alpha Il est surprenant que l’on puisse[...]
Forces Faibles
Une force fondamentale particulière et fascinante Une troisième force est à l’œuvre dans le[...]
La synthèse des noyaux
Nucléosynthèse primordiale et stellaire Notre univers, celui que nous connaissons, n’a pas toujo[...]
Nucléosynthèse (suite)
Mécanismes de fabrication des noyaux atomiques Les noyaux des atomes qui constituent notre quotid[...]