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Pollution radioactive de l’air après un accident majeur

Lors d’un accident majeur, des produits radioactifs sont rejetés dans l’atmosphère du fait d’une explosion, d’un incendie, ou en raison de leur caractère volatil. Certains comme le krypton-85 et le xénon 133, des gaz nobles sans affinités chimiques, se dilueront dans le grand volume de l’atmosphère et auront peu d’effets (les opérations de retraitement des combustibles nucléaires usés relâchent également du krypton-85). D’autres se fixeront sur des particules fines – les aérosols – ou sur de la vapeur d’eau. Les plus connus sont les isotopes radioactifs le l’iode (iode-131 et 132) et du césium (césium-137 et 134). Ces radioéléments vont se retrouver au sein d’un panache radioactif qui montant en altitude va se transformer en un nuage qui voyagera et se dispersera aux gré des vents et de la météo.

Rejets atmosphériques : air contaminé
La présence de particules radioactives dans l’air ambiant est la cause d’une irradiation externe ainsi que d’une contamination interne par inhalation. L’irradiation externe est essentiellement due aux rayons gamma. La contamination interne est surtout du type alpha et bêta. Les particules radioactives présentes dans l’air sont mobiles et leur effet ne durera que le temps de leur passage, contrairement à la partie qui se déposera au sol et le contaminera durablement.
© IRSN

Les particules radioactives du nuage émettent des rayonnements susceptibles d’atteindre le sol et les populations. Elles sont à l’origine d’une exposition externe due aux rayons gamma, car les rayons bêta et surtout alpha sont arrêtés à l’issue d’un court parcours dans l’air de l’atmosphère. Cette exposition externe est transitoire et dure le temps du passage des particules à proximité. De plus, si les particules appartiennent à un panache radioactif qui voyage en altitude, les rayonnements seront atténués par la distance et l’effet de bouclier de l’air.

C’est ainsi que des résidus radioactifs à longue durée de vie, dispersés lors des essais nucléaires des années 1960, se retrouvent dans la troposphère et la stratosphère où ils circulent depuis autour de la Terre sans nous atteindre.

Remarquons que le passage d’un nuage radioactif peut difficilement être lui même la cause de cancers de la thyroïde contrairement à une idée répandue. Démocratiques, les rayons gamma en provenance du nuage ne privilégient pas la minuscule thyroïde dans le volume de notre corps. De même, les rayons gamma ne sauraient flétrir les fleurs d’un balcon comme cela fut affirmé par une auditrice à l’époque du passage du nuage de Tchernobyl. Les effets des gamma mettent beaucoup plus longtemps qu’une nuit à se manifester et … à flétrir des fleurs …

Par contre si des particules radioactives sont présentes dans l’air ambiant, elles peuvent être inhalées. Les dangers d’une irradiation interne résultant de cette inhalation sont bien plus grands. Les remèdes sont le port de masques, le confinement dans les maisons et éventuellement le filtrage de l’air.

Voies d’atteinte
Selon l’IRSN, la contamination des aliments constituait en 1986 la principale source d’exposition consécutive à l’accident de Tchernobyl en France, suivie par les rayonnements en provenance des dépôts au sol. Les voies d’atteintes dues à l’inhalation et aux particules radioactives dans l’air représentaient moins de 10 % (à proximité immédiate de l’accident, ces proportions étaient plus importantes). Vingt ans après en 2006, l’exposition qui a beaucoup diminué était dominée par les dépôts au sol.
© Source : Livret IRSN Tchernobyl, 2006

Contrairement à l’exposition provenant des dépôts au sol, l’exposition aux rejets atmosphériques est par nature transitoire. Les mesures pour s’en protéger sont nécessaires durant le pic de pollution. La dilution et la dispersion dans l’atmosphère, les dépôts au sol et à la surface des vastes et profonds océans, se combinent aux effets de la décroissance radioactive pour réduire avec le temps qui passe cette exposition et le risque qu’elle présente.