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Un héritage encombrant mais atténué par le temps

Les retombées radioactives diffèrent notablement selon le type de bombe. Les réactions de fission produisent toute la gamme des radioéléments, produits de fission et actinides mineurs. Les réactions de fusion – qui interviennent dans les bombes H – ne créent en principe que du tritium mais elles génèrent une quantité importante de neutrons qui activent les milieux environnants. Un des produits d’activation le plus important est le carbone-14 formé à partir de l’azote de l’air.

Rejets cumulés des essais nucléaires
Estimations de la quantité globale de la radioactivité relâchée lors des essais nucléaires des années 1950-60 avec la contribution des principaux noyaux radioactifs. L’activité des radionucléides à durée de vie très courte (Strontium-89, Iode-131, etc …) qui prédominait de loin au moment des essais a disparu 40 ans après. L’activité du tritium, bien que divisée par 10, est encore dominante.
© Source : UNSCEAR 1993

Au moment des essais, les populations proches des centres de tir ont été exposées aux méfaits de l’iode-131, à l’origine de cancers de la thyroïde. Cet isotope a depuis longtemps disparu, et les expositions résiduelles subies aujourd’hui sont essentiellement dues à l’irradiation externe par les dépôts au sol et à l’irradiation interne par ingestion.

La dose efficace individuelle moyenne est estimée à 4,4 mSv dans l’hémisphère nord, 3,1 mSv dans l’hémisphère sud et 3,7 mSv pour la population mondiale. Il s’agit d’une dose “engagée” , c’est-à-dire calculée sur toute une vie. Les trois plus importantes contributions à la dose efficace engagée pour la population mondiale sont dues au carbone-14 (70 %), au césium-137 (13 %) et au strontium-90 (3 %). L’ingestion contribue à 80 % de la dose totale. Il faut remarquer que l’exposition au carbone-14 sera répartie sur une très longue période : 5 % sur les 100 premières années suivant les rejets et 71 % sur les 10 000 ans suivants.Les populations vivant près des sites où les essais ont été conduits ont été exposées à des retombées locales et ont reçu des doses plus élevées.

Les retombées du césium avant Tchernobyl
La carte montre la répartition en Europe des dépôts de Césium-137 (juste avant l’accident de Tchernobyl en 1986) qui sont dues aux retombées des essais nucléaires atmosphériques des années 1950 et 1960. Le césium-137, et à un degré moindre le strontium-90, est la principale contamination qui subsiste au sol. La radioactivité du césium décroît de moitié tous les 30 ans mais la part de cet isotope radioactif qui remonte à l’homme diminue heureusement plus vite.
© Atlas de Tchernobyl

Sur le site américain du Nevada, près de 100 essais de surface ont été conduits entre 1951 et 1962. On a évalué à 180 000 personnes la population résidant à proximité du site. Des doses individuelles à la thyroïde jusqu’à un gray ont été reçues par les enfants. À la suite de tests réalisés par les États-Unis à Bikini dans le Pacifique, les habitants des atolls de Rongelap et Utirik ont été accidentellement exposés. Les doses à la thyroïde, dues à plusieurs isotopes de l’iode et au tellure-132, ont atteint plusieurs dizaines de grays.

Sur le site de Semepalatinsk, dans l’ex-Union Soviétique, des essais atmosphériques ont été conduits entre 1949 et 1962 et des essais souterrains entre 1964 et 1989. Environ 10 000 personnes vivant en bordure de ce site ont été exposées.

Les sites d’essais de Bikini et Enewetak
Après le Nevada, les Américains ont effectué leurs essais dans des atolls des Iles Marshall dans le Pacifique. Principalement sur les atolls de Bikini et d’Enewetak, indiqués en rouge sur la carte. Le rayon du cercle centré autour de l’atoll de Bikini est de 500 km. Les 167 habitants de Bikini ont été évacués en mars 1946 et installés sur d’autres atolls. Selon le dernier rapport de l’AIEA en 1998, le repeuplement de Bikini n’était pas recommandé sans mesures curatives : l’île ne pouvait être habitée qu’à condition de ne consommer ni eau ni aliments produits sur place.
© ONU

Des essais ont été effectués par le Royaume-Uni en Australie, sur les iles Monte Bello et dans le désert central à Maralinga et Emu;  Des expérimentations à petite échelle ont également eu lieu à Maralinga, entraînant la dispersion de 24 kg de plutonium-239 sur une superficie de plusieurs centaines de km2. Si ces zones désertiques devaient être occupées, les doses engagées qui en résulteraient pour les résidents seraient comprises entre quelques mSv et quelques centaines de mSv.

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