Plasmas de fusion
Plasmas, tokamaks et confinement magnétique
On désigne par plasma l’état particulier de la matière quand celle-ci devient totalement « ionisée », c’est–à- dire lorsque tous ses atomes ont perdu un ou plusieurs électrons périphériques. C’est l’état de la matière le plus commun dans l’univers car il se retrouve (à 99%) dans les étoiles, le milieu interstellaire et l’ionosphère terrestre. Les atomes sont devenus des ions chargés positivement « immergés » dans un « océan » d‘électrons négatifs. L’ionisation résulte d’une transformation progressive de la matière due aux collisions des atomes entre eux lors d’un chauffage de plusieurs centaines de degrés. La température du plasma doit atteindre plusieurs millions de degrés pour que la fusion nucléaire se déclenche.
Globalement neutre électriquement, le plasma, constitué de deux populations de particules chargées coexistantes, est un fluide gazeux très conducteur : il se comporte d’une façon très différente d’un liquide ou gaz classique, car les ions et les électrons sont très sensibles à la présence de champs électriques et magnétiques.
Tokamaks
Si l’on veut utiliser la fusion nucléaire pour produire de l’énergie, Il faut produire des plasmas à haute température et les confiner. C’est l’objectif d’appareils appelés tokamaks, des chambres de confinement magnétique en acier qui permettent de contrôler un plasma pour étudier et expérimenter la production d’énergie par fusion nucléaire. Tokamak est l’abréviation de l’expression russe toroidal’naja kamera magnetnymi katuhkami qui signifie en français chambre toroîdale avec bobines magnétiques.
Le concept des tokamaks a été inventé et mis au point dans les années 1950-60 par des scientifiques russes dont Andreî Sakharov. Le plasma est confiné à l’intérieur d’une vaste enceinte en forme de tore similaire à celle de la chambre à air circulaire que l’on rencontre habituellement dans un pneumatique de voiture ou de vélo.
Confinement magnétique et chauffage du plasma
Pour confiner le plasma à l’intérieur de l’enceinte, on utilise des champs magnétiques intenses générés par des bobines situées autour du tore et le courant du plasma qui circule dans l’enceinte. Ce courant plasma de plusieurs millions d’ampères est généré par induction, à partir d’un puissant bobinage placé dans l’espace vide au centre du tore. En faisant varier le courant dans ce bobinage, on engendre un courant dans le plasma comme dans un transformateur électrique. Le rôle de ce courant est double : il permet de chauffer le plasma dans sa phase initiale et il contribue à son confinement.
En chaque point de l’enceinte, la direction du champ magnétique est donnée par une ligne fictive, appelée ligne de champ. De la configuration de ces lignes de champ dépend le confinement. Du fait du courant plasma, les lignes de champ circulaires des bobines situées autour du tore deviennent des hélices qui se referment sur elles-mêmes. Cet entrelacement serré des lignes de champ assure un meilleur confinement que celui qui serait obtenu par le seul champ des bobines. Ce piégeage ne suffit pas et doit être complété par des bobines appelées poloïdales qui permettent d’éviter que le plasma ne touche les parois pendant le fonctionnement de la machine.
Le confinement du plasma est basé sur la propriété qu’ont les particules chargées de parcourir une trajectoire en hélice autour d’une ligne de champ. Le rayon de giration, qui mesure l’écartement de la particule autour de cette ligne dépend de l’intensité du champ magnétique, de la masse, de la charge de la particule et de son énergie cinétique : plus le champ magnétique est intense plus ce rayon est faible et la particule reste « collée » au voisinage de la ligne de champ. Dans ces conditions, le plasma chaud, emprisonné dans une bouteille magnétique ne rentre pas au contact des parois de la chambre.
Le courant, qui chauffe le plasma dans sa phase initiale, ne suffit pas pour atteindre les températures requises pour la fusion nucléaire. On a recours à des systèmes de chauffage additionnels, par injection de particules neutres très énergétiques ou par ondes radio-fréquences selon le principe d’un four micro-onde.