Retombées Essais Nucléaires
Un héritage encombrant mais atténué par le temps
Les retombées radioactives diffèrent notablement selon le type de bombe. Les réactions de fission produisent toute la gamme des radioéléments, produits de fission et actinides mineurs. Les réactions de fusion – qui interviennent dans les bombes H – ne créent en principe que du tritium mais elles génèrent une quantité importante de neutrons qui activent les milieux environnants. Un des produits d’activation le plus important est le carbone-14 formé à partir de l’azote de l’air.
Au moment des essais, les populations proches des centres de tir ont été exposées aux méfaits de l’iode-131, à l’origine de cancers de la thyroïde. Cet isotope a depuis longtemps disparu, et les expositions résiduelles subies aujourd’hui sont essentiellement dues à l’irradiation externe par les dépôts au sol et à l’irradiation interne par ingestion.
La dose efficace individuelle moyenne est estimée à 4,4 mSv dans l’hémisphère nord, 3,1 mSv dans l’hémisphère sud et 3,7 mSv pour la population mondiale. Il s’agit d’une dose “engagée” , c’est-à-dire calculée sur toute une vie. Les trois plus importantes contributions à la dose efficace engagée pour la population mondiale sont dues au carbone-14 (70 %), au césium-137 (13 %) et au strontium-90 (3 %). L’ingestion contribue à 80 % de la dose totale. Il faut remarquer que l’exposition au carbone-14 sera répartie sur une très longue période : 5 % sur les 100 premières années suivant les rejets et 71 % sur les 10 000 ans suivants.Les populations vivant près des sites où les essais ont été conduits ont été exposées à des retombées locales et ont reçu des doses plus élevées.
Sur le site américain du Nevada, près de 100 essais de surface ont été conduits entre 1951 et 1962. On a évalué à 180 000 personnes la population résidant à proximité du site. Des doses individuelles à la thyroïde jusqu’à un gray ont été reçues par les enfants. À la suite de tests réalisés par les États-Unis à Bikini dans le Pacifique, les habitants des atolls de Rongelap et Utirik ont été accidentellement exposés. Les doses à la thyroïde, dues à plusieurs isotopes de l’iode et au tellure-132, ont atteint plusieurs dizaines de grays.
Sur le site de Semepalatinsk, dans l’ex-Union Soviétique, des essais atmosphériques ont été conduits entre 1949 et 1962 et des essais souterrains entre 1964 et 1989. Environ 10 000 personnes vivant en bordure de ce site ont été exposées.
Des essais ont été effectués par le Royaume-Uni en Australie, sur les iles Monte Bello et dans le désert central à Maralinga et Emu; Des expérimentations à petite échelle ont également eu lieu à Maralinga, entraînant la dispersion de 24 kg de plutonium-239 sur une superficie de plusieurs centaines de km2. Si ces zones désertiques devaient être occupées, les doses engagées qui en résulteraient pour les résidents seraient comprises entre quelques mSv et quelques centaines de mSv.
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