L’iode de Tchernobyl
Le radioélément dangereux les premières semaines
L’iode-131 constitue un produit de fission redouté quand il est relâché dans l’atmosphère à la suite d’explosions de bombes atomiques ou d’un accident comme celui de Tchernobyl. Le danger provient de ce qu’il est aisément volatile et extrêmement radioactif. Respiré, il se concentre sur la thyroïde et il est à l’origine de cancers de cette glande sensible qui fixe l’iode.
Les experts estiment que l’iode-131 a été responsable de 46 % de l’activité radioactive dispersée lors de l’explosion du réacteur. L’activité due à l’iode-131 relâchée lors de l’accident aurait été estimée à 300 000 TBq (tera-becquerels). En masse cette activité correspondrait à la dispersion de 65 grammes d’iode-131. Ceci donne une idée de l’extrême radioactivité du radioélément. Sa courte période radioactive de 8 jours a contribué paradoxalement à limiter la quantité d’iode-131, car n’étaient présents dans le cœur du réacteur que les noyaux récemment formés ceux-ci disparaissant en moyenne au bout d’une une dizaine de jours.
Durant les premières heures, il convient d’ajouter la contribution d’autres isotopes radioactifs de l’iode, iodes 133 et surtout 132, dont les durées de vie sont encore plus brèves. Ces courtes périodes contribuent à la diminution rapide du danger avec le temps. L’activité de l’iode-131 décroît de 14 fois en un mois, de 2700 fois en un trimestre.
Cette disparition conduit à une méthode de prévention très particulière. En cas d’exposition, il s’agit de prévenir l’assimilation de l’iode radioactif. En faisant absorber des pilules d’iode, on sature la thyroïde qui n’assimile plus alors l’isotope dangereux. Ceci laisse le temps de gagner une zone moins contaminée et d’attendre la disparition de l’iode. Les pilules d’iodes arrivent souvent trop tard pour l’inhalation, mais sont utiles pour prévenir les expositions qui suivent la prise de ces pilules. Il faut en donner aux enfants, aux adolescents aux femmes enceintes mais pas aux personnes âgées
Les autorités russes ne furent pas en mesure de distribuer de pilules préventives dans la région de Tchernobyl. L’assimilation d’iode-131 a généré des cancers de la thyroïde, en particulier chez les enfants plus sensibles. Quatorze ans après la catastrophe, un excès de 1800 cancers de la thyroïde fut recensé. Cette vague de cancers n’avait pas été prévue à l’époque par les experts de radioprotection qui s’attendaient plutôt à des leucémies. Ces cancers, dépistés et pris à temps, sont en principe curables, mais la déplorable situation sanitaire de l’ancienne Union Soviétique a aggravé la tragédie.
Une exposition en principe faible en France
En France, les expositions ont été beaucoup plus faibles en moyennes. Des régions montagneuses comme les Alpes ou la Corse ont été les plus contaminées, car elles ont arrêté le nuage qui se situait à une altitude de 1500-3000 mètres. Des pluies ont ensuite lessivé l’atmosphère au détriment du sol.
L’incidence de cancers de la thyroïde en Corse dont il a été question lors d’actions aux tribunaux est improbable. L’île n’est pas connue pour l’élevage des bovins et la production de lait. Le lait donné aux enfants et nouveaux-nés était importé du continent.
Les autorités françaises ne distribuèrent pas de pilules d’iode principalement parce que les doses d’irradiation étaient estimées faibles en moyenne. Cette non-distribution n’eut pas de conséquences appréciables, mais elle fut critiquée et mal comprise de l’opinion publique. Depuis cette époque, les pouvoirs publics ont constitué des stocks qui permettraient de distribuer des pilules aux populations exposées.
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