1986 en Ukraine : le plus grave accident nucléaire
L’ampleur de la catastrophe survenue à la centrale de Tchernobyl, en Ukraine, le 26 avril 1986 prit les autorités soviétiques au dépourvu. L’urgence imposa des conditions dramatiques, mais l’habitude du secret, celle aussi de ne pas avoir à rendre de comptes firent que ces autorités cachèrent 36 heures la nature de l’accident.
Le réacteur de Tchernobyl appartenait à la filière RBMK développée dans l’ancienne Union Soviétique et les pays d’Europe de l’Est. Il s’agit de réacteurs à uranium enrichi modérés au graphite et refroidis à l’eau bouillante, qui présentent des faiblesses, en particulier des instabilités de fonctionnement à faible puissance. Cette faiblesse était aggravée par une vitesse d’insertion des barres de contrôle insuffisante (28 secondes contre 1 pour les réacteurs occidentaux) qui rendait plus difficile la maîtrise de ces instabilités.
Les fragilités des RBMK ne furent pas la raison première de l’accident. Les opérateurs désactivèrent malencontreusement les systèmes de sécurité lors d’un essai à faible puissance alors que le réacteur était instable. De ce fait, Tchernobyl reste l’unique accident où le contrôle des fissions nucléaires fut perdu.
Le 26 avril 1986, au cours d’une expérience d’amélioration de sécurité, et à la suite de plusieurs erreurs de jugement, un réacteur de la centrale de Tchernobyl s’emballe et explose. L’équipe de conduite avait voulu profiter d’un arrêt du réacteur pour étudier le refroidissement du cœur dans l’éventualité d’un non démarrage des circuits de secours.
Elle a fait fonctionner le réacteur à des régimes interdits par des consignes d’exploitation et a supprimé les dispositifs de sécurité permettant de l’arrêter. Il a fallu six erreurs humaines graves pour engendrer la catastrophe.
Une violente explosion souleva la dalle couvrant le réacteur. Puis la grande quantité de graphite qui servait à ralentir les neutrons prit feu. Il fallut plusieurs jours pour venir à bout de l’incendie dans des conditions extrêmes, une radioactivité mortelle s’ajoutant à l’enfer des flammes. Du cœur du réacteur éventré et laissé à nu, s’échappèrent de grandes quantités de matières radioactives.
L’absence d’une enceinte de sécurité extérieure a aggravé l’ampleur de la catastrophe. Environ 4 % des substances radioactives contenues dans le réacteur furent rejetées dans l’atmosphère, dont 50 % du césium et de l’iode et 100 % du xénon. Le nuage radioactif s’éleva à 10 000 mètres d’altitude. Les vents l’ont étalé sur des millions de kilomètres carrés et l’ont entraîné vers l’ouest et le nord de l’Ukraine. Au moment de l’émission, l’activité du nuage provenait pour 46 % d’iode-131, pour 36 % de tellure-132, pour 7 % de baryum-140, pour 4 % de césium-137 et pour 2 % de césium-134 (La présence de cet isotope du césium, absent des retombées de bombes atomiques, fut une signature de l’accident).
Les doses reçues dans les trois ans après l’accident par les 273000 personnes habitant les zones contaminées près de la centrale sont en moyenne de 35 mSv et varient de 5 à 200 mSv. Les doses reçues par les populations européennes varient de 0,05 à 0,5 mSv pour l’année de l’accident. Rappelons que la radioactivité naturelle nous expose à environ 2,4 mSv par an. Nos sociétés prospères oublient parfois que la catastrophe est d’abord ukrainienne, biélorusse et russe. Ses victimes passées et futures le sont aussi.
Novembre 2013 : L’IRSN a établi un dossier qui propose une comparaison entre l’impact environnemental de l’accident de Tchernobyl et l’accident de Fukushima Daiichi au Japon en 2013. Accès au dossier
Les articles sur le sujet « Accident de Tchernobyl »
Rejets radioactifs Tchernobyl
Les sources d’irradiations et de contaminations L’explosion du réacteur a entraîné de[...]
Nuage de Tchernobyl
Une marque profonde dans l’inconscient collectif ” Le nuage de Tchernobyl s’est arrêté aux [...]
Historique Nuage Tchernobyl
Un historique du déroulé et parcours du nuage (IRSN) Détails de la reconstitution du parcours du [...]
Contamination des sols
Le césium-137 : principal héritage de Tchernobyl 20 ans après Le nuage radioactif de 1986 a été à[...]
Zone d’exclusion
Un no man’s land devenu réserve naturelle Le 27 avril 1986, le lendemain de l’explosion, le[...]
Tchernobyl : France
Comment le nuage a touché la France ? L’évènement frappa les esprits. Une auditrice d’[...]
Conséquences sanitaires
Tchernobyl : Un bilan encore impossible à chiffrer Initialement, les autorités soviétiques refusè[...]
L’iode de Tchernobyl
Le radioélément dangereux les premières semaines L’iode-131 constitue un produit de fission[...]
Le césium de Tchernobyl
Un héritage à long terme de l’accident Plus de vingt ans après l’accident de Tchernob[...]
Tchernobyl aujourd’hui
Le site de Tchernobyl plus de 30 ans après Le 15 décembre 2000, le gouvernement ukrainien, confor[...]