Cancers de la thyroïde
Des enfants et adolescents dans les régions les plus touchées
La très forte augmentation des cancers de la thyroïde dans la région entourant la centrale de Tchernobyl est la conséquence sanitaire la plus claire de la catastrophe.
Une épidémie de cancers de la thyroïde a été rapportée dès 1991. Le bilan de l’UNSCEAR de 2011 dénombrait près de 7000 cancers dans les zones les plus exposées de Biélorussie, de Russie et d’Ukraine. Le profil de ces cancers est bien particulier. Ils ne touchent pas les adultes. L’épidémie touche principalement une population qui avait moins de 18 ans au moment de l’accident, en raison du rôle important joué par la thyroïde durant l’enfance et l’adolescence. La glande thyroïde en effet fabrique des hormones qui utilisent l’iode présente dans l’alimentation. Ces hormones, qui permettent de réguler la pression sanguine, la fréquence cardiaque, la température du corps, sont aussi indispensables pour assurer le développement et la croissance des enfants.
Les enfants et adolescents atteints ont reçu en moyenne une dose de 500 milligrays à la thyroïde, 5 fois la limite au dessous laquelle il n’y aurait pas d’effets. L’assimilation d’iode-131 radioactif a été aggravée du fait qu’au voisinage de Tchernobyl, la population souffrait d’une carence iodée. Les évacuations ont été tardives et l’administration de pilules d’iodes qui aurait prévenu cette assimilation encore plus.
La fréquence des cancers de la thyroïde est normalement très faible, entre 0,2 et 3 cas par million d’enfants par an en Europe. Cette fréquence a été multipliée par 100 parmi les enfants et adolescents en 1986 dans les territoires les plus contaminés. Toutefois, la plupart des cancers de la thyroïde ont un bon pronostic s’ils sont correctement traités. Sur les 6000 cas de cancers recensés par l’UNSCEAR en 2008 dans l’ancienne Union Soviétique, 15 avaient été fatals.
La chirurgie constitue la base d’un traitement du cancer de la thyroïde, habituellement complétée par une radiothérapie d’iode-131 destinée à éviter de métastases. Les patients doivent ensuite suivre un traitement pour remplacer les hormones thyroïdiennes et être médicalement suivis durant de nombreuses années.
Il a fallu attendre 1991, pour observer l’augmentation des cancers de la thyroïde près de Tchernobyl, en raison d’une période de latence de cinq ans. Ces cancers dus à l’iode-131 ne concernent pas les enfants nés après 1987, l’iode-131 ayant physiquement disparu quelques mois après l’accident.
En France, du fait de la distance, la contamination à l’iode a été très inférieure à celle des régions proches du réacteur de Tchernobyl. L’accident n’a pas eu de conséquences visibles sur la courbe des cancers de la thyroïde. On note bien une augmentation du nombre de cancers détectés depuis 1975, mais cette augmentation continue est bien antérieure à l’accident. Elle est généralement attribuée au développement de techniques de dépistage comme les échographies : elle ne se traduit pas par une augmentation des décès.
Compte tenu du niveau des retombées d’iode radioactif en diverses régions de France, les doses à la thyroïde se situent très au dessous des valeurs trouvées en Ukraine et Belarus (pays les plus affectés) : au maximum 16 mGy selon les experts, nettement moins que la moyenne des 500 mGy mentionnée plus haut. La France demeure dans le domaine des faibles doses, On n’a pas observé de différences entre l’Est du pays, plus exposé, et l’Ouest qui l’a été peu.
Bien que le risque ne soit pas connu à ce faible niveau de dose sur la thyroïde, le nombre de cancers théoriquement induits au sein de la population a été calculé par l’IRSN en extrapolant les connaissances sur les effets à fortes doses : il se situe entre 0,5 et 22 cas sur la période 1991-2000. A titre de comparaison, le nombre spontané de cancers de la thyroïde dans la même population et sur la même période, est estimé à 97 avec une marge d’erreur de 20.
Ces incertitudes n’ont pas empêché des personnes souffrant d’un cancer de la thyroïde de porter plainte contre l’État français qui, selon elles, aurait dû prendre des mesures de précaution. Aucun expert ne pourra remonter à la cause de leur cancers et l’attribuer à Tchernobyl dans l’état actuel des connaissances. De ce fait, en raison de l’impossibilité scientifique à établir un tel lien, ces plaignants furent déboutés de leur plainte en septembre 2011.
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