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Quel devenir pour les 20 km autour de la centrale

Immédiatement après l’accident, le gouvernement japonais a évacué les habitants d’une zone de 20 km de rayon autour de la centrale et interdit toute commercialisation des produits agricoles en provenance de cette zone. La zone a été ensuite élargie pour inclure certaines communes situées en dehors du cercle et tenir compte des cartes montrant les principaux dépôts radioactifs répartis sur 40 km dans la direction du nord-ouest.

Les surfaces concernées par les évacuations étaient de 515 km2, dont 10 habités, 88 cultivés et environ 410 occupés par des forêts. Les habitants évacués ont interdiction d’y retourner sans autorisation.

Contaminations et restrictions d’accès
Les principales contaminations concernent un cercle de 20 km autour de la centrale et une bande allant jusqu’au village de Itate. La zone d’accès restreint en rose correspond aux territoires les plus contaminés. Elle est entourée par une zone d’évacuation élargie avec des restrictions d’accès allégées. Dans les zones en vert, un retour de la population est prévu, dont le premier a été autorisé dans la ville de Tamura en avril 2014. Dans les zones oranges le retour des populations ne devrait pas être autorisé à court terme. Dans la zone rose foncé de la commune de Minamisoma les dépôts radioactifs sont trop importants : un retour des populations est difficilement envisageable.
© IRSN (source MITI)

La décision d’évacuation ne signifie pas nécessairement une interdiction permanente. Avant de permettre aux évacués d’y retourner il faut déblayer, répertorier les points chauds, et décontaminer.

Les cartes de dépôts au sol sont déterminantes pour estimer ce qui pourra être réoccupé. Les doses d’exposition qui figurent sur les cartes sont des doses externes déduites de la mesure des dépôts de césium-137, le principal radioélément relâché dont le rayonnement gamma pénétrant peut être estimé à partir de mesures au sol ou aériennes. Ces mêmes rayons gamma sont aussi les principaux responsables de l’exposition externe.

Les dépôts radioactifs déposés au gré des vents et des pluies sont très irréguliers, apparaissant comme les tâches d’une peau de léopard sur les cartes. La surface où l’activité des dépôts de césium dépassait les 600 kilobecquerels par m² (kBq/m²) est d’environ 600 km² contre 13 000 km² à Tchernobyl. Selon l’IRSN, les rejets atmosphériques des principaux radioéléments auraient été entre 3 et 10 fois moins importants. Durant les premiers jours les plus critiques, les émissions radioactives ont généralement tourné le dos à la terre, se dirigeant vers le Pacifique pour y déposer et diluer le gros de leur césium dans les profondeurs du vaste océan.

Le 21 avril 2011, le gouvernement japonais a classé les zones d’évacuation en trois zones d’accès restreint avec interdiction aux habitants évacués d’y retourner sans autorisation :
• Zone où le retour des populations n’est pas envisagé, même à long terme : la dose externe susceptible d’être reçue est supérieure à 50 millisieverts par an (mSv/an).
• Zones où la dose susceptible d’être reçue est supérieure à 20 mSv/an. Le retour des populations y est envisagé à long terme lorsque le niveau de dose aura suffisamment baissé : Seuls des retours ponctuels des populations sont autorisés, .
• Zones où la levée de l’évacuation est en préparation ou imminente : la dose externe susceptible d’être reçue est inférieure à 20 mSv/an. Les habitants seront donc autorisés à revenir, en observant quelques précautions élémentaires et à y reprendre certaines activités industrielles et agricoles. Les premiers retours ont été autorisés début avril 2014.

Quel risque d’exposition externe ?
Un paysan japonais Naoto Matsumura, émule des “samosjoly” de Tchernobyl, a refusé l’ordre d’évacuation, préférant soigner ses animaux quitte à s’exposer aux radiations. A quel risque de cancer futur s’est-il exposé en supposant qu’il se soit exposé 3 ans à une dose annuelle de 50 millisievert ? En appliquant le calcul standard utilisé en radioprotection, Naoto Matsumura aurait un risque de cancer inférieur à 1 %.
© Source Reuters/BBC

Au total 170 000 personnes ont été évacuées. Elles ont été relogées dans des villages temporaires de préfabriqués et indemnisées. Mais les compensations matérielles sont loin de compenser pour certains le traumatisme lié à l’évacuation. Selon les chiffres du gouvernement japonais, au cours des trois dernières années, plus de 1.600 évacués de Fukushima sont morts de causes “liées à la catastrophe” mais non à la radioactivité

L’exemple d’un paysan demeuré dans les zones contaminées, montre qu’une personne exposée durant 30 ans à une dose de 50 millisieverts/an aurait 92,5 chances sur cent de ne pas contracter de cancer si l’on applique la “relation linéaire sans seuil” entre dose et effets de la Commission Internationale de Protection Radiologique ou CIPR. Ce calcul ne prend pas en compte les concentrations locales de radioactivité. A côté de l’exposition externe,il y a aussi le risque du contact direct avec les atomes radioactifs des sols contaminés, d’inhaler des poussières ou de les porter à sa bouche. Tant que les sols n’ont pas été assez nettoyés, il faut évacuer les résidents ou limiter leur présence.

Des opérations de décontamination sont entreprises dans les localités pour ramener là où c’est faisable le niveau en deçà de 20 millisieverts annuels et permettre à plus long terme le retour des résidents. Les lieux qui présentent une radioactivité supérieure à 50 millisieverts par an déclarés inhabitables, pourraient le rester, mais il ne devrait pas y avoir de zone d’exclusion permanente aussi étendue que celle de Tchernobyl.

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