1956 : mise en évidence
1956 : l’expérience de Reines et Cowan
Lorsque, en 1956, deux physiciens américains, Cowan et Reines, mirent en évidence le neutrino, son existence était admise, mais on estimait qu’il était « indétectable ».
C’est au milieu des années 1950 que Clyde Cowan et Frederik Reines montèrent une expérience pour prouver l’existence des neutrinos. C’était l’époque où étaient mis en service les premiers réacteurs nucléaires à des fins civiles. Cowan et Reines eurent l’idée de tirer partie des flux de neutrinos qu’ils généraient, des flux allant de 1000 à 10 000 milliards de neutrinos par seconde et centimètre carré, beaucoup plus intenses que ceux attendus de l’utilisation de sources radioactives.
Les désintégrations bêta des neutrons et des produits de fission au sein des réacteurs génèrent ces neutrinos, en réalité des antineutrinos. Les antineutrinos ont la possibilité d’interagir. Mais seule une infime fraction le feront, avec des protons selon une réaction simple appelée « bêta inverse » : Un proton se transforme en neutron, un antineutrino en positon.
Les positons produits, corpuscules d’antimatière absents de notre environnement, trouvent rapidement un électron avec lequel s’annihiler. Ils disparaissent d’une manière très caractéristique qui sert à les identifier sous forme de deux photons gamma de 0.511 MeV d’énergie, émis simultanément dans des directions opposées. Mais Cowan et Reines réalisèrent que cette signature ne constituait pas une preuve suffisante de l’interaction d’un antineutrino. Ils cherchèrent à mettre en évidence la présence en plus d’un neutron pour confirmer la réaction.
Ils ajoutèrent du chlorure de cadmium dans un volume de 200 litres d’eau servant à la fois de détecteur et de cible. Le cadmium est un grand absorbeur de neutrons utilisé dans les barres de contrôle des réacteurs. Absorbant un neutron, le cadmium-108 forme un noyau excité de cadmium-109 qui se désexcite ensuite par émission d’un rayon gamma.
Reines et Cowan détectèrent les photons gamma à l’aide de scintillateurs liquides organiques, qui venaient d’être découverts, et qu’ils avaient placés dans le volume d’eau. Les scintillateurs produisaient des éclairs de lumière en réponse aux rayons gamma, lumière qui était amplifiée par des photomultiplicateurs.
Le dispositif expérimental était conçu de telle façon que le troisième gamma était détecté moins de 5 millionièmes de secondes après les deux gamma du positon. La détection de trois gamma dans un intervalle de temps si court constituait une signature indubitable d’une interaction de neutrino. Reines et Cowan accumulèrent des données pendant plusieurs mois, à raison de trois évènements neutrinos par heure.
Ils s’assurèrent que ces évènements disparaissaient quand le réacteur été arrêté. Ils mesurèrent enfin pour cette réaction bêta inverse un taux de réaction compatible avec les prévisions théoriques de Bethe et Peirls.
– La lettre de Pauli
– Quelques dates sur l’histoire du neutrino
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