Désintégrations α (alpha)
Désintégrations alpha : un effet de la mécanique quantique
Le très grand âge des noyaux d’uranium et de thorium qui atteignent des milliards d’années témoigne que les désintégrations alpha se produisent difficilement, bien qu’elles libèrent des millions d’électronvolts d’énergie.
Ces noyaux seraient parfaitement stables sans un mécanisme laborieux qui vient à bout des attractions nucléaires intenses et déclenche une désintégration. L’effet attractif de la colle nucléaire cesse brutalement hors du noyau. Si quatre nucléons, groupés en une particule alpha, arrivent à perdre le contact avec les autres nucléons, ce groupe ne ressent plus que la répulsion due à la charge électrique du reste du noyau. Il s’en éloigne alors de plus en plus vite pour acquérir l’énergie cinétique de quelques millions d’électronvolts dont il a été question. Le tout est d’arriver à perdre ce contact.
On doit à un physicien américain d’origine russe, George Gamow, la première explication de la désintégration alpha, une désintégration qui n’est pas autorisée par les lois de la physique classique. George Gamow (1904-1968 ) était né à Odessa en 1904 dans la Russie Tsariste et finit sa carrière aux États-Unis. Après avoir acquis la célébrité pour son explication de la radioactivité alpha, Gamow se tourna vers la cosmologie. Il fut un précurseur de la théorie du « Big Bang » bien avant qu’elle ne soit acceptée et aussi un vulgarisateur très populaire aux USA.
Le mécanisme proposé par Gamow a été appelé “effet tunnel”. Pour simplifier la présentation de l’effet tunnel, nous supposerons que la particule alpha préexiste dans le noyau, comme le fit George Gamow à l’époque
L’effet tunnel s’explique par la mécanique quantique dont les règles se substituent à celles de la mécanique classique, au sein de l’infiniment petit de la physique atomique et de la physique nucléaire. C’est ainsi que la mécanique quantique considère un minuscule objet comme une particule alpha à la fois comme un corpuscule et comme une onde.
La particule alpha se retrouve dans la situation d’un alpiniste, prisonnier d’un cratère, qui n’a plus de forces pour gagner le sommet, passer sur l’autre versant et dévaler vers la vallée. La barrière à franchir figure la compétition entre la colle nucléaire attractive et la répulsion électrostatique. Sur le versant intérieur, l’attraction nucléaire l’emporte ; sur l’autre c’est la répulsion électrostatique. Pour la mécanique classique, la particule alpha ne possède pas l’énergie nécessaire pour franchir la barrière : elle se trouve soit à l’intérieur, soit à l’extérieur du noyau.
En mécanique quantique, la situation est moins tranchée. L’onde, qui représente une particule alpha dans le noyau, n’est pas strictement localisée et déborde légèrement de l’autre côté de la barrière. Il existe une probabilité d’observer la particule en dehors du noyau, là où la colle nucléaire ne se fait plus sentir. Cette probabilité est extrêmement petite, mais c’est elle qui permet la désintégration. Pour reprendre l’image de l’alpiniste, l’astuce dont il dispose pour gagner l’autre versant de la barrière montagneuse et trouver la liberté, est de creuser un tunnel à travers celle-ci.
Une loi empirique veut que plus la barrière de potentiel est haute, plus l’épaisseur à traverser est importante et plus le noyau vit longtemps. Ceci explique certaines durées de vie particulièrement longues, comme l’uranium-238 dont la période radioactive est de 4,468 milliards d’années.
Complément : Désintégrations alpha généralement sans gamma
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