Uranium appauvri
La contre-partie de l’enrichissement de l’uranium
L’enrichissement de l’uranium naturel en isotope 235, nécessaire pour le combustible des réacteurs, génère en contre partie des quantités importantes d’uranium « appauvri ». Cet uranium appauvri à 0,2 % est moins radioactif que l’uranium naturel car il est débarrassé en grande partie non seulement de l’isotope 235 mais aussi de l’isotope-234 provenant de sa décroissance radioactive. La radioactivité de l’uranium appauvri représente environ 40 % de celle de l’uranium naturel.
La production d’uranium appauvri de la France est environ de 8000 tonnes par an. Les applications en sont peu nombreuses. Que faire de cet uranium ? Ce matériau, fertile du point de vue de la fission, pourrait dans un avenir lointain être incorporé dans le combustible de réacteurs de quatrième génération. Il est donc précieux, mais son utilisation est encore hypothétique.
USA : des obus à l’uranium appauvri
Durant les années 1990, l’uranium appauvri a été surtout connu pour son utilisation sur des champs de batailles. Cet uranium a été utilisé pour la fabrication de pointes d’obus, non pas pour sa radioactivité mais en raison de sa densité et de son efficacité à percer des blindages, car il s’enflamme lors de l’impact. Des obus à l’uranium appauvri, accusés d’avoir causé des leucémies chez des soldats de la première guerre du Golfe en 1991 et de la guerre du Kosovo en 1999, furent à l’origine de vives polémiques.
Ce recours à l’uranium pour des munitions présente-t-il des dangers ? De tous les corps radioactifs, l’uranium est avec le thorium celui dont la radioactivité est la plus faible. Les pointes d’obus et autres munitions contiennent de l’uranium sous forme métallique, alors que la concentration de cet élément n’excède pas quelques pour-cents dans les minerais courants. L’essentiel de la radioactivité peu intense provient de rayons alpha qui ne sortent pas du métal. Seul le rayonnement gamma secondaire est a prendre en compte, mais il est faible. Les militaires qui manipulent ces pointes en métal ne sont pas exposés à respirer des poussières ou des émanations de radon car l’uranium est débarrassé de sa descendance radioactive, L’irradiation reste externe.
Après l’impact, la situation est très différente. L’uranium qui a pris feu s’est pulvérisé. Le malheureux tankiste carbonisé n’a pas respiré la poussière. Cette poussière très riche en uranium est beaucoup plus dangereuse à respirer que celle dont il faut se protéger dans l’industrie de l’uranium. Le dépôt des particules sur les poumons est de loin plus nocif qu’une ingestion par l’eau et les aliments. Le risque est plus radiochimique que radioactif. Cette nocivité peut affecter non seulement les militaires amenés à contrôler l’effet de leur tir mais aussi les civils et notamment les enfants qui circuleront sur ces lieux plus tard.
L’usage de ces munitions à l’uranium est donc controversé. Elles ont été accusées d‘avoir provoqué des leucémies parmi des soldats américains de la guerre du Golfe (NB : Pour aboutir à des leucémies, il faudrait que l’uranium se fixe dans la moelle osseuse).
Des recherches ont été entreprises pour comprendre plus généralement les effets physicochimiques de l’uranium. Les enquêtes scientifiques n’ont pas établi de liens clairs entre les munitions à l’uranium et les leucémies mais les experts restent néanmoins prudents. Si les premières analyses n’ont pas prouvé de tels liens, des résultats contradictoires demeurent.
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