Matrices Céramiques
Matrices céramiques et conditionnements spécifiques
Dans le combustible des réacteurs, les noyaux d’uranium qui subissent une fission donnent naissance à une trentaine ou davantage d’espèces chimiques, auxquels s’ajoutent les actinides formés par capture de neutrons. Toutes ces espèces chimiques, sauf l’uranium et le plutonium quand ils sont retirés, se retrouvent dans les déchets.
Les verres borosilicates R7T7 de la Hague, dans lesquels sont actuellement incorporés les produits de fissions et les actinides mineurs issus du combustible usé, possèdent une souplesse chimique suffisante pour s’accommoder de cette trentaine d’espèces chimiques tout en conservant d’excellentes propriétés de confinement.
Toutefois, le conditionnement d’éléments radioactifs s’avère plus efficace si l’on a affaire à une seule espèce chimique. On peut alors choisir un matériau adapté, une « matrice », capable d’immobiliser l’élément radioactif sous la forme d’un composant solide, insoluble, stable et résistant aux radiations. D’autres matrices de conditionnement que le verre ont été étudiées dans le cadre de la loi de 1991.
Les plus recherchées sont les matrices céramiques qui, choisies en fonction du radioélément, offrent des confinements parmi les meilleurs. Ces céramiques permettent de confiner sur de très longues durées lors d’un stockage les radioéléments qui auraient été l’objet d’une séparation poussée et qui ne seraient pas transmutables. Des matrices métalliques ont fait l’objet de recherches pour le technétium.
Ces matériaux doivent répondre à trois impératifs. Leur structure peut-elle accepter 5 à 10 % de radioéléments ? Le procédé de fabrication (généralement par frittage) est-il transposable en milieu radioactif ? Les matrices conservent-elles leur stabilité chimique et leur capacité de confinement malgré l’irradiation interne à laquelle elles seront soumises ?
Les espèces chimiques concernées sont les produits de fission ayant des isotopes radioactifs à vie longue comme l’iode-129, le césium-135 et le technétium-99 ainsi que les actinides mineurs (neptunium, américium et le curium) s’ils ne sont pas transmutés. Les tonnages d’éléments à conditionner sont de l’ordre de la tonne pour les 1200 tonnes annuelles de combustible usé produites par les centrales françaises.
Pour les produits de fission, il s’agirait d’immobiliser environ 2,7 tonnes de césium (dont 390 kg d’isotope-135), 200 kg d’iode-129 et 900 kilos de technétium-99. Pour les actinides mineurs , il faudrait conditionner 500 kg de neptunium, 34 et 200 kg kilos d’américium-241 et 243 et enfin de curium dont 4,4 kg de curium-245.
Après une étape dite de faisabilité scientifique, l’étape de faisabilité technique a été engagée en 2002. Le critère le plus contraignant, celui de la durabilité chimique, nécessite la prise en compte des dégâts d’irradiation et du dégagement gazeux d’hélium provenant des désintégrations radioactives.
Des céramiques été développées pour les produits de fission : iodoapatite pour l’iode, hollandite pour le césium. Des matrices métalliques ou des matrices oxyde du type « rutile et spinelle » sont préconisées pour le technétium. Du côté des actinides, la zirconolite pourrait convenir pour le plutonium et le neptunium; la britholite pour l’américium et du curium.
Ces diverses matrices paraissent prometteuses. Elles nécessitent toutefois des développements complémentaires notamment sur leur comportement à long terme sous irradiation et leur aptitude à l’industrialisation, avant que l’on puisse juger de leur intérêt par rapport aux colis de déchets vitrifiés produits actuellement.
RETOUR PAGE Axe 3 conditionnements