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Des recherches avancées

La CNE (Commission Nationale d’Evaluation) a considéré dans son rapport final de 2006 que les recherches les plus avancées sur la gestion des déchets nucléaires étaient en France celles sur le stockage réversible dans des couches géologiques profondes. Ce degré d’avancement est dû pour beaucoup à l’utilisation simultanée des techniques minières et de l’industrie pétrolière.

La couche géologique pour accueillir des déchets de haute activité doit être profonde, capable de retenir les radioéléments sur le long terme, bénéficier d’un bâti géologique stable. Les circulations d’eau doivent rester faibles dans la couche elle-même et ses voisines. La perméabilité de la roche doit rester très faible et la migration vers l’environnement par diffusion des radioéléments dissous dans l’eau très lente. Il faut enfin que la roche permette la construction d‘ouvrages et évacue suffisamment la chaleur.

Peu de risques sismiques
Le laboratoire souterrain de Bure et le futur site de stockage CIGEO, qui devrait être construit à proximité, sont situés dans la zone particulièrement calme géologiquement du Nord-Est de la France comme le montre cette carte des secousses sismiques. Des campagnes sismiques, des forages et des essais sur échantillons ont permis d’approfondir les connaissances sur la formation-hôte et ses encaissants (formations voisines).
© ANDRA

Les connaissances considérables acquises ont montré que ces conditions semblaient remplies sur le site de Bure au point que le principe de la construction d’un centre de stockage a été décidé en 2006 après avoir été recommandée par la CNE : «Le stockage dans une roche argileuse très régulière et homogène, dépourvue de failles conductrices d’eau, comme la couche du Callovo-Oxfordien, peut être retenu comme une solution de référence».

L’environnement géologique semble bien compris. Les couches ont une géométrie simple et régulière. L’environnement géologique est stable et il y a une absence de ressources naturelles exploitables pouvant faire redouter de futures intrusions humaines.

Les études ont confirmé les propriétés favorables de la couche argileuse. L’argile est très peu perméable, sa capacité de confinement forte. La couche est homogène sur une grande surface, avec une absence de failles, et une aptitude au creusement minier. Elle présente des caractéristiques compatibles avec la réversibilité du stockage.

La quasi-absence de circulation d’eau est essentielle. Les formations calcaires encadrant les argilites du Callovo-Oxfordien sont elles aussi peu perméables et les écoulements d’eau sont lents. Les exutoires (sorties d’eau) sont reconnus.

Des études ont été faites sur l’endommagement de la zone du fait de la construction d’ouvrages, de l’exploitation d’un stockage et de la présence de matériaux étrangers (ciments, bétons, métaux). Les résultats suggèrent que la zone endommagée tend à retrouver son imperméabilité grâce au fluage et au gonflement des argilites qui provoquent la fermeture progressive des fractures. A très long terme, les propriétés de la zone rejoindraient ainsi celles de l’argilite non perturbée car les fractures se referment lors du retour à l’équilibre.

Carottes d’argilites
Durant le creusement des puits, les scientifiques ont prélevé des carottes dans les formations traversées et constitué une « carothèque ». Ils ont établi un relevé géologique détaillé de la paroi sur toute la hauteur des puits et confirmé la géologie par l’apport de données sur les sédiments et sur les microstructures. Par ailleurs, dans une roche comme l’argile, où la diffusion est extrêmement lente, la “récolte” d’eau interstitielle, les mesures de géochimie, y compris isotopiques, fournissent des informations cruciales sur l’histoire de la roche et la prédiction de son comportement.
© ANDRA

L’évacuation de la chaleur dégagée par les colis de déchets de haute activité – leur impact thermique – conditionne l’espacement des colis de déchets et donc la taille du site de stockage. Les expérimentations réalisées sur échantillons ont montré que les transformations minéralogiques des argilites sont négligeables tant que les températures au départ ne sont pas trop élevées. Sur les temps longs du stockage cette température baisse.

Cependant les recherches doivent se poursuivre. En retenant le stockage dans une roche argileuse comme une solution de référence, la Commission Nationale d’Évaluation a précisé « que la France se devait d’étudier cette solution jusqu’au bout ».