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Prolonger les entreposages industriels actuels

Un entrepôt actuel de déchets vitrifiés
Vue d’un entrepôt de déchets vitrifiés de haute activité à la Hague. Sa capacité est de 4320 colis de déchets vitrifiés CSD-V (2 modules de 180 puits de capacité de 12 CSD-V chacun). Elle pourrait être multipliée par 8 en construisant des modules supplémentaires. A cette capacité s’ajoute celle des ateliers de vitrification R7 et T7 capables d’accueillir actuellement 12420 colis. Au total, on pourrait porter la capacité à près de 50 000 CSD-V en construisant les extensions prévues.
©  AREVA

L’entreposage est un moyen d’ajuster la gestion dans le temps des colis de déchets radioactifs, principalement pour attendre le refroidissement des combustibles usés non retraités ou des colis de déchets vitrifiés . C’est la solution aujourd’hui pour les matières les plus radioactives, dans l’attente d’un stockage. Ce rôle peut-il se prolonger pour des durées allant au-delà du siècle ? La possibilité pour un entreposage de durer au-delà de cette période n’a pas été prouvée, et par conséquent ne peut pas être garantie.

En 1991, à l’époque de la loi Bataille sur les déchets radioactifs, l’alternative était soit de renouveler les entrepôts industriels à leur terme, soit de décider d’emblée de gérer des périodes de plusieurs siècles en développant des entreposages conçus pour ces durées. Une voie médiane a été définie à partir de 1998. Elle consiste à étudier la durabilité des entrepôts industriels les plus récents et à émettre des recommandations au cas où il serait souhaité d’étendre leur durée de vie.

Lors de leur conception, les entrepôts industriels actuellement en fonctionnement ne devaient servir qu’une cinquantaine d’années. Ils sont susceptibles d’accueillir tous les colis primaires de déchets de retraitement du parc actuel. Le retour d’expérience de leur exploitation a montré qu’ils pourraient assurer un entreposage jusqu’à cent ans.

Durabilité du béton armé en température
Recherches sur la durabilité du béton armé en température. Pour des entrepôts conçus pour durer plusieurs siècles, la tenue des bétons armés de génie civil non protégés serait sans doute un des problèmes qui se poserait en premier au-delà de cent ans. Le CEA se dise confiant sur une tenue jusqu’à 300 ans, mais la CNE considère que la preuve d’une telle tenue n’a pu être apportée. En particulier la durabilité des ouvrages de génie civil en cas de surchauffe temporaire lors d’une perte de ventilation, ou d’un incendie n’est pas prouvée.
©  CEA

Lors de leur conception, les entrepôts industriels actuellement en fonctionnement ne devaient servir qu’une cinquantaine d’années. Ils sont susceptibles d’accueillir tous les colis primaires de déchets de retraitement du parc actuel. Le retour d’expérience de leur exploitation a montré qu’ils pourraient assurer un entreposage jusqu’à cent ans.

Les recherches pour l’entreposage des colis de déchets actuels de retraitement par reconduction des entrepôts industriels récents permettent d’envisager un entreposage sûr pour des durées de l’ordre du siècle. Seuls des schémas de principe et des études préliminaires ont été proposés pour des installations de conception nouvelle permettant un entreposage jusqu’à 300 ans. Pour aller plus loin que les études actuelles, il conviendrait de sélectionner un site potentiel d’entreposage. Le choix du site est crucial dans le cas d’un entreposage de sub-surface notamment afin de vérifier la compatibilité de la roche hôte avec l’entrepôt à concevoir (compatibilité entre l’eau percolée dans la roche et le béton, effets thermo-mécaniques, hygrométrie, etc …).

Entrepôt industriel de déchets MAVL
Vue en coupe de l’entrepôt des déchets compactés à la Hague : La zone d’entreposage est composée de 4 niveaux, de 2m de haut environ, séparés par des planchers en béton. Chacun de ces niveaux est composé de 20 alvéoles séparées par une allée centrale. La Commission Nationale d’Evaluation considère que ces colis de moyenne activité (MAVL) sont des déchets ultimes qui pourraient être mis en stockage géologique dès qu’un site serait disponible. L’entreposage de ces colis ne se justifie techniquement que par l’absence d’un stockage.
©  AREVA/Clefs CEA

Conclusions de la CNE

Selon la Commission Nationale d’Évaluation, « l’entreposage de longue durée est surtout une affaire d’ingénierie. Quelles que soient les options retenues, il ne pourrait être mis en œuvre sur des périodes séculaires qu’au prix d’une surveillance, d’une maintenance et d’une protection constantes,. Les opérations périodiques de renouvellement des installations seront de plus en plus difficiles au fur et à mesure que la période de temps d’entreposage sera longue. On est loin d’un entreposage sans surveillance attentive. »

L’issue des recherches sur l’entreposage des déchets, en surface ou à faible profondeur avec intention de les reprendre, dépend de la durée visée. S’il s’agit de moins d’un siècle, ce qui est suffisant pour permettre aux déchets HAVL actuels de refroidir, l’entreposage industriel de La Hague existe et pourrait être étendu. Il en va de même pour les déchets MAVL. Si on désire les entreposer pour plus longtemps (par exemple 300 ans) il faut prendre en compte le problème de la durabilité des ouvrages d’entreposage à construire qui n’a pas encore reçu de réponse acceptable.

La Commission Nationale d’Évaluation ajoute : Sans préjuger de la stabilité des sociétés sur le long terme, un entreposage de longue durée fait peser une lourde charge sur des générations futures qui devraient aussi assumer le devenir ultime des déchets.