Grand Carénage
Prolonger la durée de vie des réacteurs
Le parc des réacteurs français approche les 40 ans d’âge. En 2019, l’âge moyen était de 36 ans pour les tranches de 900 megawatts (MW), contre 29 ans et 17 ans pour les tranches de 1300 MW et 1450 MW. Le réacteur Civaux-2, mis en service en avril 2002, est le réacteur le plus récent. La centrale nucléaire de Fessenheim de 900 MW, doyenne des centrales nucléaires françaises, en exploitation commerciale depuis 1978, a été arrêtée en 2020. Cette fermeture est en principe conditionnée à la mise en service prévue de l’EPR de Flamanville dans la Manche qui a pris beaucoup de retard.
L’objectif affiché du gouvernement français d’alors était de réduire la part d’électricité nucléaire de 76 % à 50% à l’échéance 2025. L’échéance a été reportée depuis à 2035. Au sein du parc nucléaire français, 14 unités sur 58 auraient été arrêtées.
Depuis 2002, aucun nouveau réacteur n’a été mis en service. En 2025 et plus encore en 2035 une grande partie du parc des REP aura atteint l’âge de 40 ans. Que faudra-t-il faire alors ? les arrêter ou prolonger leur existence ? Si on ne met pas en service de nouvelles unités, peut-on rajeunir les anciennes, leur faire subir un grand carénage selon l’image d’EDF ?
Le programme grand carénage d’EDF vise à prolonger la prolongation de l’exploitation des réacteurs au delà de 40 ans. en améliorant leur sûreté et leurs performances. Concernera-t-il l’ensemble du parc ou seulement une partie ? Le choix éminemment politique échappe aux ingénieurs et scientifiques.
Rappelons deux données souvent passées sous silence. L’énergie nucléaire ne génère pas de CO2 et ne contribue pas au réchauffement climatique. Les énergies renouvelables qui ont les faveurs de beaucoup sont intermittentes. Quand le vent ne souffle pas et que le soleil est couché, il faut avoir recours au nucléaire, aux barrages ou à des centrales thermiques … ces dernières génératrices de CO2
Peut-on prolonger la vie d’un réacteur ? Si oui de combien ? En 40 ans, toutes les composantes peuvent être renouvelées, sauf la cuve et l’enceinte qui sont les deux parties ne pouvant être remplacés sur un réacteur. Les réacteurs français furent conçus dans l’idée qu’ils fonctionneraient 40 ans. Grâce aux améliorations survenues depuis et de meilleures connaissances, on a pu dépasser cette durée qui était basée sur des hypothèses très prudentes. Dans des pays comme les États-Unis, la Suède ou la Suisse, les réacteurs ont déjà été prolongés à 50 ou 60 ans. Aux USA, en 2015, 71 réacteurs avaient obtenu une prolongation de licence à 60 ans (sur 100 en exploitation).
Le programme comprend :
1) Les opérations de maintenance exceptionnelle
Le remplacement ou la rénovation de gros composants (générateurs de vapeur, transformateurs, condenseurs…). Éventuellement, des opérations ponctuelles complexes : remplacement de tubes guides des grappes de commandes, rénovation hydrauliques des pompes primaires…)
2) Les modifications
Modifications associées aux visites décennales (tous les 10 ans). Amélioration de la maîtrise du risque incendie, prise en compte des évolutions réglementaires relatives à la protection de l’environnement…). A ces modifications, s’ajoutent celles du retour d’expérience de l’accident de Fukushima
3) Le maintien de la qualification après 40 ans
Des études ou essais permettant de s’assurer que les matériels « qualifiés » (c’est-à-dire aptes à fonctionner dans des conditions particulièrement sévères) conservent cette aptitude au-delà de la période de 40 ans retenue comme hypothèse d’étude lors de la construction des centrales.
Quel sera le coût d’un tel programme ? Une estimation datant de 2015 cite le chiffre de 45 milliards d’euros étalés sur 10 ans, chiffre que des organisations antinucléaires multiplie habituellement par 2 ou 3. Le coût final dépendra du nombre d’unités impliquées. Il paraît élevé mais il doit être comparé à ce que coûterait le remplacement d’un grand nombre de réacteurs.
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