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Quelles doses ? Quelles effets ? Beaucoup d’incertitudes

Prudence et rigueur sont des vertus oubliées. Combien de morts y a-t-il eu à Tchernobyl ? Combien y en aura-t-il ? L’incertitude qui devrait être le maître mot sur le sujet ne fait pas la une des journaux. Contrairement au cas d’une catastrophe naturelle comme un tremblement de terre ou une inondation, les victimes de Tchernobyl n’ont pu être décomptées. Font exception, le cas des très fortes doses.et les cancers de la thyroïde dont ont été victimes les enfants et adolescents dans la région de Tchernobyl, car de tels cancers sont inhabituels à cet âge de la vie.

En revanche, les milliers de cancers mortels dont il est souvent fait état sont le résultat de calculs et non une certitude. Faute de disposer de signatures identifiant leur origine et contrairement à une opinion répandue, rien ne distingue les cancers de Tchernobyl, dont la majorité mettront plusieurs décennies à apparaître, de cancers naturels. Les progrès de la biologie et de la génétique, n’ont pas permis à ce jour de disposer un jour de signatures sur l’origine des cancers.

Incertitudes sur les doses
Les doses moyennes d’exposition ne rendent pas compte des disparités des doses reçues au niveau individuel, comme le montre cette répartition des doses, dont la moyenne a été fixée de 0 ,2 Sv, valeur du même ordre que celle estimée pour les liquidateurs de Tchernobyl. L’estimation, souvent a posteriori, des doses est le résultat de calculs complexes. Les incertitudes sont grandes sur les moyennes et sur la forme des répartitions dont plusieurs sont représentées ici. Comment aussi situer sur la courbe une personne non munie de dosimètre ? En (A) parmi les personnes les moins exposées, en (B) exposition la plus probable, ou en (C) parmi le petit lot de personnes très exposées ? Le risque en dépend.
© IN2P3

Il existe de grandes incertitudes quant au nombre réel de victimes, incertitudes rarement rappelées.

La première concerne les irradiations effectivement reçues. Les populations proches du réacteur accidenté ne portaient pas de dosimètres. Il a fallu reconstituer les doses reçues par des calculs complexes, qui ne sont que des moyennes. Il est impossible de restituer ce qu’une personne donnée a mangé, respiré et où elle se trouvait dans les semaines critiques qui ont suivi le 26 avril 1986.

Incertitudes sur les effets
Les connaissances sur les effets des radiations sont affectées de marges d’erreurs très importantes comme l’indique les études effectuées sur les survivants d’Hiroshima et de Nagasaki. Dans le domaine des expositions dites ” faibles “, il est impossible de départager entre les trois modèles représentés ici : une droite prônée par le CIPR, une courbe plus progressive (dite linéaire quadratique) et un modèle avec seuil qui suppose l’absence d’effets en dessous de 120 mSv. Pour la répartition des doses figurée dans la partie haute, toutes les personnes seront exposées à un risque avec le premier modèle ;  Pour le second modèle, le risque pour les personnes peu (A) et moyennement (B) exposées sera de très faible à faible ; Pour le troisième modèle avec seuil, seul le petit nombre de personnes les plus exposées (C) subira un risque.
© IN2P3 (Source IRSN/H.Métivier)

La seconde et principale incertitude concerne l’effet de ces irradiations. Bien que les doses subies par les populations les plus exposées soient bien supérieures à celles résultant de la radioactivité naturelle, elles appartiennent encore dans la majorité des cas au domaine que les spécialistes qualifient de ” faibles doses “. Ce domaine a été appelé ainsi, parce qu’il n’y a pas pu être y établi de relations entre les doses subies et l’apparition de cancers.

Pour pallier cette carence, l’hypothèse la plus courante suppose que le risque reste proportionnel à la dose reçue. Le risque n’est donc jamais nul même pour une faible exposition. C’est ce mode de calcul qui prévoit des milliers de décès.

On sait toutefois aujourd’hui que les cellules de nos organismes sont capables de réparer les agressions subies tant que ces agressions restent modérées. Selon de nombreux radiobiologistes, les effets de la radioactivité deviendraient anodins en dessous d’un certain seuil. Si les doses subies par la plupart des personnes exposées se trouvaient en dessous de ce seuil le nombre des décès en serait réduit d’autant. L’existence d’un seuil est mise en doute par d’autres radiobiologistes et la vérité pourrait se situer entre les deux.

Au-delà des polémiques, il faut espérer que les victimes soient nettement moins nombreuses que ne le laissent croire des chiffres présentés comme des certitudes, mais qui reposent sur des calculs incertains et des hypothèses non prouvées.

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