L’explosion de Kyshtim
1957 : explosion d’une citerne de déchets très radioactifs
Au début des années 1950, il fut décidé d’interrompre les rejets de haute activité dans la rivière Techa et de les stocker dans des citernes souterraines en acier. Le dispositif entra en fonctionnement en 1953. Ces citernes de 300 m3 de contenance, équipées d’un système de refroidissement, se trouvaient regroupées à 8 m sous terre dans des bunkers avec des murs de béton de 1,5 m d’épaisseur.
En 1957, le système de refroidissement de l’une des citernes contenant les liquides hautement radioactifs se mit à ne plus fonctionner proprement. La citerne contenait 70 à -80 tonnes de déchets issus du retraitement, essentiellement sous forme de nitrates.
L’énergie dégagée par les désintégrations radioactives augmentait la température de 5 à 6°C par jour.
Il fallait refroidir les citernes par de l’eau qui était remplacée toutes les 12 h. Le contrôle de la température et le système de refroidissement de la citerne tombèrent en panne. La panne n’ayant pas été détectée, la température monta jusqu’à 350°C, l’eau de refroidissement s’évapora complètement et le 29 septembre 1957 la citerne explosa. La force de l’explosion projeta à une trentaine de mètres le couvercle de 2,5 m de béton.
Environ 90 % des matières radioactives retombèrent à proximité immédiate, mais le reste – environ 70 PBq d’activité – forma un panache radioactif qui atteignit une hauteur de 1 km avant de dériver vers le nord-nord-est. Ce nuage contamina une partie des comtés de Cheliabinsk, Ekatérinbourg (Sverdlovsk à l’époque soviétique) et Tyumen. Un territoire de 23000 km2 et peuplé de 270 000 personnes fut contaminé par un dépôt de strontium-90 d’activité supérieure à 3,7 kBq/m2.
Des contaminations au sol 20 à 40 fois plus élevées furent observées dans les zones les plus touchées sur une superficie d’environ 1000 km2.
Le strontium-90 a joué le rôle principal dans la contamination car la citerne contenait peu de cesium-137. On estime à 4 PBq (4 000 térabecquerels) l’activité relâchée de strontium-90 dont la période est de 29 ans (la moitié du rejet strontium de Tchernobyl).
Il fallut évacuer 10 200 personnes, de 6 à 10 jours après pour les plus exposées, au bout de deux ans pour les dernières. Le retard d’une dizaine de jours dans l’évacuation des personnes les plus exposées se traduisit par un débit de dose important – 0,52 Sv en moyenne étalé sur un temps court.
Les deux premières années, des milliers de personnes furent suivies dans les hôpitaux du district. Certaines estimations évaluent à 200 le nombre de personnes qui seraient mortes des radiations. La production agricole fut gravement affectée. Il fallut mettre en jachère des milliers d’hectares dont certains n’étaient pas encore utilisables 30 ans après. En 1990, le strontium-90 était responsable de 99,3 % de la contamination restante.
Le principal risque d’exposition interne est venu de la consommation de produits laitiers, surtout par les enfants. Dix ans après la catastrophe – en 1966-1967 – on observa chez ces derniers dans les régions critiques une moyenne de 16,5 mSv pour la seule dose due au strontium, l’équivalent de 6 années de radioactivité naturelle.
Par sa gravité, l’accident de Kysthim a été classé 6 sur l’échelle INES.
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