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Une analyse scientifique américano-russe

La description des accidents de la rivière Techa et de Khystim est principalement tirée de l’article « Radioactive Contamination of the Techa River and its Effects » par Dmitry Burmistrov, Mira Kossenko et Richard Wilson. Nous avons obtenu de l’un des ses auteurs, le physicien américain Richard Wilson, l’aimable autorisation de pouvoir utiliser son contenu. Nous avons également utilisé, mais la référence est ancienne (1995), la documentation fournie sur l’ex-cité secrète d’Ozersk par l’association norvégienne Bellona.

Témoin muet
Les ruines du moulin de Metlino sont les témoins de l’exposition externe aux rayons gamma. Elles contribuent aux études qui ont été effectuées sur les doses. Les briques des bâtiments conservent en leur sein les effets des radiations subies depuis le début de leur exposition. Des mesures de dosimétrie par thermoluminescence permettent de remonter aux expositions des années 1950. Ces mesures servent à valider les estimations basées sur des modèles.
©  Urals Research Center for Radiation Medicine.

Il est remarquable pour ceux qui ont vécu la Guerre Froide qu’un article portant sur des accidents survenus dans un des centres les plus secrets de l’ancienne Union Soviétique ait pu être rédigé en commun par des savants russes et américains. On mesure le chemin parcouru.

Nous nous sommes limités à la description des deux principaux accidents, laissant de côté l’accident du lac Karachai, mineur en comparaison, qui est survenu en 1966. Nous n’avons évoqué que brièvement les conséquences sociales, économiques et sanitaires. Les conséquences sanitaires sont longuement traitées dans l’article auquel nous donnons accès. Elles sont trop complexes pour être résumées.

Effets sanitaires sur la Techa
La contamination de la Techa a fait l’objet de nombreuses analyses. Ce diagramme compare l’activité de l’eau et du fond de la rivière entre 1951 – année de la contamination maximale – et 1953, et montre la décroissance de l’activité le long du cours d’eau. Deux ans après, l’activité de l’eau a été divisée par 100. L’activité est enfin beaucoup plus importante pour les sédiments. Il y a un transfert de l’activité vers les sédiments du fait du dépôt de radioéléments qui ne sont pas solubles.
© R.Wilson et al

Le lecteur pourra constater, à travers le compte-rendu d’études scrupuleuses, combien il est délicat d’établir un bilan chiffré même dans le cas de désastres aussi manifestes. Contrairement à une croyance répandue, compter les victimes est difficile quand la radioactivité est en jeu. Les identifier est souvent impossible.

L’article sort de l’ombre le travail fait pour suivre les populations, les soigner ainsi que les actions entreprises par les ingénieurs et techniciens pour endiguer, par des ouvrages, la radioactivité. Ces compétences, ces dévouements, ces comportements responsables, qui sont à l’honneur de la société russe, ont limité l’ampleur de la catastrophe.

Ce retour dans le passé donne la mesure des progrès effectués en un demi siècle. Les négligences n’expliquent pas tout. Il y a 50 ans, au temps des précurseurs, on savait peu de choses. Remplir des citernes de matières radioactives, en décharger dans le petit lac Karachai paraissait suffire. Maintenant, on s’occupe de ces matières. En vitrifiant les déchets, on piège la radioactivité loin de notre environnement le temps qu’il faut pour qu’elle perde ses dents.

Pour davantage d’informations sur les autres accidents survenus à Mayak ou ailleurs en Union Soviétique, on pourra consulter le site Radiation and Risk maintenu par Richard Wilson à Harvard ou celui de l’association Bellona.

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