Programme PU-239
Brûler le plutonium grâce au combustible MOX
Les stocks mondiaux de plutonium de qualité militaire sont estimés à quelques 260 tonnes. Ce plutonium des bombes contient plus de 93 % d’isotope 239 fissile.
Le gouvernement américain a révisé en janvier 2002 sa politique de gestion des excédents de plutonium dans le cadre de l’application des accords internationaux de désarmement. Pour éliminer les tonnes de plutonium déclarées en excès, l’Administration Clinton avait retenu la double option de l’immobilisation par vitrification (pour 9 tonnes) et du recyclage MOX (pour 25 tonnes). Après réexamen par le Département de l’Energie des deux solutions, l’Administration Bush a considéré que la solution du recyclage permettrait le plus rapidement et le plus économiquement d’atteindre les objectifs visés.
Dans la solution MOX, le plutonium militaire est mélangé à de l’oxyde d’uranium pour former un combustible composite. Les 260 tonnes du stock mondial utilisées brûlées comme combustible dans des réacteurs adaptés seraient équivalents à un peu plus d’un an de la production mondiale de combustible à l’uranium.
Sur le total de 260 tonnes, la Russie et les USA ont accepté chacune de détruire 34 tonnes déclarées en surplus des besoins de leur défense. Le recyclage par le MOX ayant été retenu, ce sont les techniques d’AREVA, parfois décriées chez nous, qui ont été choisies.
Deux usines de fabrication de combustibles MOX d’origine militaire seront construites aux USA et en Russie. En novembre 2004, pour la première fois dans l’histoire une petite quantité du plutonium des bombes prenait le chemin de sa destruction. Une avant-garde de 140 kg de plutonium militaire était envoyée à l’usine de Cadarache en France pour fabriquer quelques assemblages de MOX, ceci afin d’adapter les deux réacteurs commerciaux U.S. qui brûleront ce MOX à partir de 2008-2010.
Rares furent les médias français qui saluèrent ce pas timide. La plupart préférèrent s’étendre sur les risques du transport de 140 kg de plutonium, les bénéfices de l’opération pour AREVA, comme s’il ne s’agissait pas de détruire des bombes atomiques. La logique est parfois oubliée dans la patrie de Descartes !
Les deux réacteurs évoqués, dont l’opérateur est la société Duke Power, sont ceux de Catawba Nuclear Power Station en Caroline du Sud et McGuire Nuclear Power Station en Caroline du Nord. Au rythme initial prévu, il faudrait 17 ans, pour résorber le surplus. Il est prévu plus tard de doubler ce rythme.
La disposition des 34 tonnes russes doit s’effectuer à peu près en parallèle (projet AIDA-MOX avec MiniAtom). Le projet avance leentement. En 2014, 1,5 milliard de dollars devaient servir pour la construction d’une usine de fabrication de combustible MOX en Caroline du Sud. Cette usine devait convertir, selon l’accord signé avec la Russie en 2000, 34 tonnes de combustible utilisables dans les centales américaines.
L’accord a été reconfirmé par les présidents Obama et Poutine lors d’un sommet sur le désarmement nucléaire qui s’est tenu à Washington en avril 2011. La semaine précédente, les Etats-Unis et la Russie signèrent un “Strategic Arms Reduction Treaty” dont l’objectif est de réduire l’arsenal des deux nations à 1,550 armes nucléaires. Les deux nations confirmèrent le projet de réduire de 34 tonnes leur surplus de plutonium de qualité militaire
Mais à partir de 2014, les relations se sont beaucoup dégradées entre les deux grandes puissances. L’arrivée à Kiev d’un gouvernement hostile, la propension de l’OTAN à vouloir s’introduire dans les anciens territoires de l’union-soviétique, des sanctions d’un côté, de l’autre l’annexion de la Crimée, le soutien au séparatistes russophones de l’est ukrainien, y ont contribué sans oublier les désaccords sur la guerre en Syrie. L’acrimonie grandissante, les accusations mutuelles ont conduit le Président Poutine à suspendre en octobre 2016 l’accord sur le plutonium.
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