UNSCEAR 2008 : Tchernobyl
Extraits du rapport de l’UNSCEAR 2008 sur Tchernobyl
Il est instructif de comparer les analyses de l’accident de Tchernobyl fournies par les organismes compétents et celles popularisées par les médias. On trouvera ici les principaux extraits du chapitre relatif à Tchernobyl du rapport 2008 de l’UNSCEAR. Le « comité scientifique des Nations Unies sur les effets des radiations atomiques », l’UNSCEAR, est composé d’experts de haut niveau représentants les pays concernés. Ce comité publie régulièrement des rapports sur l’exposition aux rayonnements naturels et artificiels qui tiennent compte de l’évolution des connaissances et de l’expérience des professionnels.
Le rapport complet en anglais est accessible au bas de la page. Les sections N° 73, 74 et 75, non directement liées aux conséquences de l’accident pourront êtres trouvées sur la version anglaise.
70. L’accident survenu en 1986 à la centrale nucléaire de Tchernobyl en ex-Union soviétique a été l’accident le plus grave de l’histoire du nucléaire civil. Deux travailleurs sont décédés à la suite immédiate, et 134 employés de l’usine et le personnel d’urgence ont souffert du syndrome d’irradiation aiguë, qui s’est avéré fatal pour 28 d’entre eux. Plusieurs centaines de milliers de travailleurs ont ensuite été impliqué dans les opérations de récupération du site.
71. L’accident a causé le plus grand dégagement incontrôlé de matières radioactives dans l’environnement jamais enregistré pour le nucléaire civil ; de grandes quantités de substances radioactives ont été libérées dans l’atmosphère pendant environ 10 jours. Le nuage radioactif généré par l’accident s’est dispersé sur tout l’hémisphère nord et a déposé des quantités importantes de matières radioactives sur de vastes étendues de l’ex-Union soviétique et d’autres parties de l’Europe, contaminant la terre, l’eau et la biodphère et causant de particulièrement graves perturbations sociales et économiques pour de nombreuses couches de la population dans les pays connus aujourd’hui comme le Bélarus, la Fédération de Russie et l’Ukraine. Deux radionucléides, l’iode-131 à courte durée de vie (période radioactive de 8 jours) et le césium-137 à longue durée de vie (période de 30 ans), ont été particulièrement importants en raison de la dose de rayonnement qu’ils ont délivrés à la population. Toutefois, les doses délivrées sont très différentes pour les deux radionucléides: les doses à la thyroïde de l’iode-131 allaient jusqu’à plusieurs Grays durant les quelques semaines après l’accident, les doses corps entier dues au césium-137 allant jusqu’à quelques centaines de millisieverts reçues au cours des années suivantes.
72. La contamination du lait frais par l’iode-131 et le manque de contre-mesures rapides ont entraîné des doses élevées à la thyroïde, notamment chez les enfants, dans l’ex-Union soviétique. Sur le long terme, principalement en raison de césium radioactif, la population a également été exposée à un rayonnement, exposition externe provenant des dépôts radioactifs et exposition interne due à la consommation d’aliments contaminés. Toutefois, les doses de rayonnements sur le long terme ont été relativement faibles (la dose moyenne supplémentaire durant la période 1986-2005 dans les «zones contaminées du Bélarus”, la Fédération de Russie et l’Ukraine était de 9 mSv, approximativement équivalente à celle d’un scanner), et ne devrait pas avoir d’effets substantiels pour la santé de la population générale attribuables à des radiations. Malgré ce qui précède, les graves perturbations causées par l’accident ont eu un impact social majeur engendrant une grande détresse au sein des populations touchées.
N° 73, 74 et 75 ….
76. Bien qu’un nombre considérable de nouvelles données soient devenues disponibles, les principales conclusions en ce qui concerne l’ampleur et la nature des conséquences de santé de l’accident de Tchernobyl sont essentiellement les mêmes que celles des rapports antérieurs de 1988 et 2000 du Comité. Ces conclusions sont les suivantes:
(a) Un total de 134 employés de l’usine et les travailleurs d’urgence ont reçu des doses élevées de radiations ayant abouti à un syndrome d’irradiation aiguë (ARS) Beaucoup d’entre eux ont aussi subi des lésions cutanées dues à l’irradiation bêta;
(b) Les doses élevées de radiations ont été fatales pour 28 de ces personnes au cours des premiers mois suivant l’accident;
(c) Bien que 19 survivants aux syndromes aîgus de radiation soient morts jusqu’à 2006, ces décès ont des causes différentes qui ne sont habituellement pas associées à l’exposition aux rayonnements
(d) Les blessures de la peau et des cataractes liées au rayonnement figurent parmi les principales séquelles des survivants aux syndromes aigus de radiation ;
(e) En dehors des travailleurs qui participèrent aux interventions d’urgence, plusieurs centaines de milliers de personnes ont été impliquées dans des opérations de récupération mais, en dehors des indications d’une augmentation de l’incidence de leucémies et de cataractes chez les personnes ayant reçu des doses les plus élevées, il n’y a pas à ce jour de preuve consistante d’effets sur la santé attribuables à l’exposition aux rayonnements;
(f) Une augmentation substantielle de l’incidence du cancer de la thyroïde chez les personnes exposées aux rayonnements de l’accident alors qu’elles étaient enfants ou adolescents en 1986 a été observée au Bélarus, en Ukraine et quatre des régions les plus touchées de la Fédération de Russie. Pour la période 1991-2005, plus de 6000 cas ont été signalés, dont une grande partie pourrait être attribué au fait d’avoir bu en 1986 du lait contaminé par l’iode 131.Bien que l’incidence du cancer de la thyroïde continue d’augmenter pour ce groupe, seuls 15 cas avaient été fatals jusqu’en 2005 ;
(g) Parmi la population en général, il n’y a pas eu à ce jour de preuve consistante d’autres effets sur la santé pouvant être attribués à l’exposition aux rayonnements.
77. Bien que des prévisions basées sur des modèles sur l’augmentation possible de l’incidence de cancers “solides” dans la population générale aient été publiées, pour tous les groupes de population considérés les doses sont relativement petites et comparables aux doses résultant de l’exposition au rayonnement naturel. Le Comité a décidé de ne pas utiliser de modèles pour prévoir le nombre absolu d’effets parmi les populations exposées à de faibles doses en raison des incertitudes inacceptables dans les predictions. Toutefois, le Comité estime qu’il est opportun de poursuivre la surveillance.
78. Sur la base de 20 années d’études, il est possible de confirmer les conclusions du rapport du Comité de 2000. Essentiellement, les personnes qui ont été exposées comme les enfants à l’iode radioactif de l’accident de Tchernobyl, ou les travailleurs participant aux opérations d’urgence et de récupération ayant reçu de fortes doses de rayonnement, courent un risque accru d’effets radio-induits. La plupart des habitants de la région ont été exposés à des radiations de faible niveau comparable ou quelques fois plus élevés que les niveaux annuels de rayonnement de fond naturel et n’ont pas besoin de vivre dans la peur de conséquences graves pour la santé.