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Stockage en surface et en profondeur : une solution définitive

Le stockage en profondeur des déchets les plus radioactifs, leur enfouissement dans des couches géologiques profondes est considéré dans de nombreux pays comme leur destination ultime, la solution incontournable.

Site de Yucca Mountain aux USA
Il a existé aux Etats–Unis un grand projet pour le stockage des déchets des centrales nucléaires actuellement entreposés auprès d’une centaine de réacteurs. L’emplacement choisi pour ce site de stockage était une montagne du désert du Nevada, dans le périmètre des anciens essais nucléaires américains, à plus de 75 miles de Las Vegas. Le projet de Yucca Mountain près avoir été approuvé par le Président Bush fut abandonné sous l’administration Obama du fait d’oppositions locales et des critiques sur l’imperméabilité des couches géologiques.
© DOE

Stockages réversibles. Il est de plus en plus demandé que les sites de stockage soient réversibles. Cela signifie que durant la très longue période de remplissage, la possibilité soit offerte de retirer des colis de l’installation. Le stockage définitif serait précédé d’une longue période de surveillance durant laquelle il serait possible de se raviser.

Le stockage est déjà pratiqué en surface pour les déchets les moins radioactifs. C’est ainsi qu’il existe en France, dans le Cotentin, un site de stockage de déchets de faible activité qui après avoir été rempli se retrouve en période de surveillance. Pour des matières qui présentent peu de risques et dont la radioactivité retombe au niveau de la radioactivité naturelle relativement vite, des précautions simples suffisent et il n’est pas nécessaire de recourir à un stockage en profondeur.

Il n’en est pas de même avec les déchets de haute activité à vie longue, comme les assemblages de combustibles usés ou des colis de déchets vitrifiés. L’idée est de les stocker à grande profondeur dans des couches géologiques stables et d’offrir le maximum d’obstacles à la migration des éléments radioactifs.

Maquette d’une alvéole de stockage
Cette maquette d’une alvéole de stockage concernerait les déchets vitrifiés de haute activité. Ceux-ci dégageant de la chaleur, les colis seraient séparés par des intercalaires pour éviter que la température ne dépasse 100°C durant le premier siècle ou ce dégagement de chaleur est le plus important.
© CEA

Aux obstacles constitués par le conteneur et la « matrice de confinement », on ajoute une barrière ouvragée qui évite le contact ente les colis et la roche. Les conteneurs sont d’abord enrobés d’une argile très absorbante. En devenant humide, cet argile (la bentonite) gonfle et fait office de bouchon. Au terme d’une période de surveillance d’environ 150 ans, il est prévu d’obturer le site (galeries, puits d’accès et de ventilation) par des scellements également à base d’argile absorbante.

La dernière barrière est celle de la couche géologique profonde. L’ennemi étant le ruissellement de l’eau, on recherche des couches sèches (couches argileuses, mines de sel), situées dans des zones peu exposées aux risques sismiques (failles, éruptions de volcans, tremblements de terre). La probabilité que des éléments radioactifs (généralement insolubles) remontent de ces profondeurs dans l’assiette d’un consommateur est extraordinairement faible. L’installation est conçue et tout est fait pour que cela n’arrive pas.

Il n’existe pas encore de tels centres de stockage. Le premier à voir le jour aurait pu être celui de Yucca Mountain, où les États-Unis auraient confié les déchets de leurs centrales à la sécheresse du désert du Nevada et à 1600m de couches de cendres volcaniques solidifiées , le tuff. Mais ce projet phare a été abandonné en 2009 après avoir rencontré beaucoup d’oppositions, surtout locales, et traversé bien des vicissitudes.

La France a construit un laboratoire souterrain à Bure, à la limite entre la Haute-Marne et la Meuse. La couche argileuse, épaisse de 130 m et vieille de 155 millions d’années, est géologiquement stable. Une “zone de transposition” a été définie autour du laboratoire de Bure à l’intérieur de laquelle un site a été choisi. C’est le projet CIGEO de l’ANDRA qui doit être approuvé par le parlement. La construction d’un centre de stockage pourrait commencer après 2025.

Ces couches géologiques constituent une ressource rare et un des objectifs des recherches sur les déchets radioactifs est de réduire au maximum la quantité qu’il faudra finalement enfouir.

Pour s’informer sur CIGEO, le projet de centre de stockage profond de déchets radioactifs français, cliquer ici.