LARADIOACTIVITE.COM

Une base de connaissances grand public créée et alimentée par la communauté des physiciennes et physiciens.

2002-2011 : les grandes étapes d’une crise

La crise iranienne débute en 2002, alors que les américains se lancent dans la guerre contre le terrorisme à la suite des attentats du 11 septembre 2001.

Janvier 2002: L’Iran classé dans l’axe du malLe 29 janvier 2002, dans un discours sur l’État de l’Union faisant suite aux attentats du 11 septembre 2001, le président américain George Bush classe l’Iran dans l’axe du mal avec l’Irak et la Corée du Nord. L’assimilation est malencontreuse. A cette époque, l’Iran est dirigé depuis 1996 par les réformateurs modérés du président Mohammad Khatami qui restera au pouvoir jusqu’en août 2005. L’obstination de l’Administration Américaine à refuser tout dialogue avec Téhéran comme si le pays n’avait pas évolué depuis la révolution de 1979 ne facilita pas non plus les choses.
©White house photo by Eric Draper

 

2002-2005 : début de la crise, axe du mal et occasions perdues

Le 29 janvier 2002, le Président George Bush a classé l’Iran dans un axe du mal. Pourtant la république islamique s’était assagie depuis les excès de la révolution de 1979. Elle était dirigée depuis 6 ans par un parti réformateur qui n’avait rien d’extrémiste.

C’est dans ce climat hostile que la dissidence iranienne dénonce en août 2002 des activités nucléaires non déclarées dont une installation pilote d’enrichissement à Natanz et d’eau lourde à Arak. L’Iran du Président Khatami répond en faisant preuve de bonne volonté. Il signe le protocole additionnel du traité de non-prolifération qui prévoit des inspections renforcées. Il suspend ses activités tout en réaffirmant son droit à enrichir l’uranium. La suspension n’est hélas pas mise à profit. Les compensations offertes pour le renoncement à la conversion et l’enrichissement seront jugées insultantes et Téhéran reprendra la conversion de l’uranium en août 2005.

Une occasion avait été perdue. Ce n’était pas la première fois. En 2003, l’Administration Américaine regarda de haut une proposition du gouvernement réformiste iranien de Mohammed Khatami offrant un large accord (grand bargain) sur l’Irak, le programme nucléaire, le soutien au Herzbollah, le conflit israelo-palestinien contre un engagement US de ne pas chercher un changement de régime à Téhéran. Les iraniens, déçus par le manque de résultats des réformateurs, élirent comme président l’ultra-conservateur Ahmadinejad.

Votes de sanctions au Conseil de sécurité de l’ONU
24 mars 2007 : Les représentants britannique et américain à l’ONU votent la résolution 1747 alourdissant les sanctions contre l’Iran. Le Conseil de Sécurité impose une interdiction des exportations d’armes de l’Iran. , des restrictions volontaires aux ventes d’armements à ce pays, des restrictions financières et commerciales, ainsi que sur les voyages de certaines personnalités iraniennes liées au programme nucléaire du pays.
© AP/Mary Altaffe

 

2006-2007 : deux années d’affrontements et d’escalade

Mahmoud Ahmadinejad, qui succède en août 2005 à Mohammad Khatami, choisit la voie de la confrontation, se montrant inflexible sur la question de l’enrichissement de l’uranium. Devant le refus obstiné de Téhéran d’arrêter ou de suspendre cet enrichissement, les États-Unis et les puissances occidentales transfèrent le dossier iranien au Conseil de Sécurité de l’ONU qui vote deux trains de sanctions. L’option militaire reste sur la table. Les offres de coopération pour le nucléaire civil sont conditionnées au renoncement à l’enrichissement. Echaudé par le passé et peu enclin à faire confiance, l’Iran refuse ce préalable.

L’Iran réduit sa coopération avec l’AIEA en représailles des sanctions. Le protocole additionnel du TNP (traité de non-prolifération) autorisant l’AIEA à mener des inspections «renforcées et inopinées, jamais ratifié par le parlement, sera finalement dénoncé en 2006 par le président Mahmoud Ahmadinejad. L’Iran a toutefois l’intelligence de ne pas sortir du traité. Au mois d’août 2007, il réaugmente sa coopération avec l’Agence et fournit des informations sur ses activités passées, sans toutefois suspendre l’enrichissement. Malgré les déclarations fracassantes du président iranien, les activités d’enrichissement semblent ralenties ou rencontrer des difficultés techniques.

Fin 2007, plusieurs évènements allègent la pression sur l’Iran. Alors que les Etats-Unis et la France poussent à un durcissement des sanctions, les services secrets américains affirment que Téhéran aurait arrêté ses activités atomiques militaires depuis 2003. Par ailleurs, la Russie commence à livrer du combustible pour la centrale de Busher et le dramatique assassinat de Benazir Buttho braque les projecteurs sur le Pakistan.

Nowruz 2009 : les vœux d’Obama à l’Iran
Le 20 mars 2009, le président Obama adresse ses voeux à la nation iranienne à l’occasion de la fête du Nowruz, le nouvel an iranien. Il s’adresse aussi à ses dirigeants. “Les Etats-Unis veulent que la République Islamique d’Iran prenne la place qui lui revient dans la communauté des nations “. Mais il ajoute … “Cette place ne peut être obtenue par la terreur et les armes”, phrase qui n’est pas appréciée par les autorités iraniennes. Tout en saluant le changement de ton, l’ayatollah Ali Khamenei, autorité suprême du pays, réplique ” Changez et notre attitude changera”.
© Reuters/New York Times

2009 : ouverture d’OBAMA et tempête politique en Iran

En janvier 2009, l’administration Obama a succédé à l’administration Bush. Rompant avec la politique menaçante de son prédécesseur qui gardait l’option militaire sur la table, le nouveau président américain a cherché pour la première fois depuis 30 ans à engager un dialogue direct avec la république islamique. A l’occasion du nouvel an iranien, il a adressé un message chaleureux au peuple iranien et offert une main tendue. Ce message a certainement fait bouger les lignes. Il devenait soudain difficile de présenter, surtout auprès de la jeunesse éduquée, les États-Unis comme le Grand Satan.

Survient alors au mois de juin la tourmente politique qui secoue l’Iran et fait passer un temps la question du nucléaire à l’arrière plan. La réponse confuse des autorités – des actions pas seulement des paroles – est emportée par le tumulte qui a suivi la réélection contestée le 13 juin du président ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad.

Interrogé pendant le bref instant de liberté de la campagne électorale, le candidat réformateur Mir Hossein Moussavi a lui aussi réaffirmé le droit de son pays au nucléaire civil, ajoutant qu’il offrirait « toute la transparence et les contrôles possibles garantissant que ces activités nucléaires ne sont pas détournées de leur destination ».

Après la reprise en main du pays par le clan ultra-conservateur, la question du nucléaire refait surface. A l’automne 2009, l’annonce d’un second centre d’enrichissement en construction à Fordo, près de Qom fait mauvais effet. C’est la fin de la main tendue et de la patience de l’Administration Obama, qui aiguillonnée par la France, va déployer tous ses efforts pour de nouvelles sanctions.

Des négociations difficiles se poursuivent, notamment à propos d’un projet d’échange de l’uranium enrichi à Natanz contre le combustible dont à besoin un petit réacteur pour produire des isotopes pour la médecine. Le manque de confiance des parties fait malheureusement échouer le projet. Quand enfin un accord est trouvé en mai 2010 grâce à une médiation de la Turquie et du Brésil, la diplomatie occidentale a pour objectif de nouvelles sanctions. Le compromis, gênant, est écarté.

En 2011 et 2012, les États-Unis et la Communauté aggravent les sanctions votées au Conseil de Sécurité en s’en prenant hors ONU aux ressources du pays, afin de faire plier le régime. Il s’agit par un embargo sur le pétrole le pétrole (effectif en juillet 2012) et en s’en prenant au système bancaire d’étouffer son économie.

RETOUR PAGE  Crise nucléaire iran