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Absence d’effets à court terme au sein des équipes d’intervention

Équipe d’intervenants à Fukushima
Les travailleurs sur le site portent une combinaison étanche avec un masque et un casque.Une parfaite étanchéité est nécessaire pour éviter l’ingestion ou l’inhalation de particules radioactives et tout contact avec la peau. Mais la combinaison ne protège pas contre les rayonnements gamma pénétrants (exposition externe). Le port de dosimètres avec alarme, permet de limiter et contrôler cette exposition.
© NYT/David Guttenfelde

Comme à Tchernobyl 25 ans auparavant, on doit au dévouement et aux risques pris par des hommes courageux d’avoir limité l’ampleur de la catastrophe pour la population japonaise et l”environnement.

Ces équipes d’intervention étaient constituées d’employés de TEPCO, la société exploitante, et de travailleurs recrutés pour la circonstances. Il y a eu bien sûr l”appât de primes de risque, mais aussi le sens du sacrifice et du dévouement au bien public si caractéristique du Japon. Il y a même eu des retraités de Tepco qui ont proposé de reprendre du service étant donné qu”ils n’avaient plus grand chose à perdre à leur âge..

Les conditions étaient difficiles. Les tâches des équipes d’intervention sur le site de Fukushima ont été multiples. Longtemps l’accès aux bâtiments a été interdit par la présence d’eaux très radioactives dans les sous-sols, en particulier ceux du réacteur N°2. C’est ainsi que le jeudi 24 mars, trois techniciens furent irradiés pour avoir marché dans une flaque d’eau et deux d’entre eux dont furent hospitalisés quelques jours pour des brûlures. Les premières interventions à l’intérieur se sont faites avec des robots. Depuis la décontamination des eaux radioactives qui a commencé à la mi-juin, il est redevenu possible d’intervenir dans les bâtiments.

Les premières interventions se sont faites à l’extérieur. Il a fallu rétablir les lignes électriques, déblayer les débris, souvent avec du matériel télécommandé, immobiliser la contamination au sol et sur les murs par pulvérisation de plastifiants, remonter des diesels et des pompes, rehausser la digue anti-tsunamis. On a consolidé la piscine d’entreposage des combustibles du réacteur N°4. Plus tard a été entreprise la réfection des couvertures endommagées des bâtiments réacteurs pour en restaurer l’étanchéité.

Doses reçues par les équipes d’intervention
Les doses cumulées sont contrôlées grâce au port de dosimètres. Le tableau montre la réparition des doses reçues durant les mois de mars, avril et mai pour les employés de la TEPCO et les autres intervenants. Les seuls dépassements de la limites de 250 mSv se sont produits au mois de mars. En avril et mai, les expositions ont beaucoup diminué.
© Source TEPCO

Pour les participants à ces interventions, il fallait à se prémunir se prémunir contre les contaminations et limiter l’exposition externe aux radiations. Durant la période du 11 au 31 mars 2011 la plus exposée, 670 employés de TEPCO et 238 autres travailleurs ont été concernés.

Opérant dans un milieu parfois très radioactif, les « intervenants » ont été beaucoup plus exposés que la population en général. C’est au sein de cette petite phalange courageuse que pouvaient se compter de futures victimes. Des progrès ont heureusement été faits depuis 25 ans.

En situation d’urgence, la loi autorise pour les les travailleurs du nucléaire une exposition cumulée maximum de 250 millisievert (valeur pour laquelle la probabilité de contracter un cancer est voisine de 1%). Durant les 3 premiers mois après le 11 mars, la durée des interventions fut limitée pour ne pas dépasser cette dose de 250 mSv. Au cours de cette période, 9 intervenants dépassèrent cette exposition. En novembre 2011, la limite fut ramenée à 100 mSv. Dix semaines après l’accident, aucun décès causé par une forte exposition n’avait été rapporté par les médias, ce qui suggère que les mesures prises avaient été efficaces.

En 2012 et 2013, les doses individuelles maximales ont été inférieures à 25 mSv et généralement inférieure à 10 mSv au début 2014. À la fin 2016, sur les 46 490 personnes ayant travaillé sur la centrale, seulement 174 travailleurs avaient dépassé 100 mSv. L’UNSCEAR (le Comité scientifique de l’ONU sur les conséquences des émissions radioactives) estime que sur ces 174 travailleurs, 2 à 3 cas de cancers additionnels pourraient survenir en plus des 70 cancers environ attendus en l’absence d’exposition. Aucun décès de travailleur n’a jusqu’à maintenant pu être attribué à l’exposition aux radiations

Ces données sont à comparer à comparer aux 237 Syndrome Aigu des Rayonnements survenus parmi les liquidateurs de Tchernobyl en quelques semaines : 134 furent hospitalisés et 28 décédèrent.

Reportage du New York Times sur la vie les liquidateurs de Fukushima en 2016 : Fukushima Keeps Fighting Radioactive Tide 5 Years After Disaster