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L’origine des principales contaminations radioactives

Apparences trompeuses
Cette photos aérienne prise le 30 mars 2011 donne une image trompeuse des réacteurs accidentés : le réacteur 3 y apparait comme un tas de ferrailles alors que le bâtiment du réacteur 2 semble peu endommagé. Pourtant ce sont les dommages peu apparents de ce réacteur qui sont à l’origine des rejets radioactifs les plus importants et qui ont contaminés durablement l’environnement.
© DR

L’explosion qui a endommagé le réacteur N°2 est survenue le 15 mars au petit matin. De tous les évènements qui se succédèrent à Fukushima, c’est cette explosion survenue quatre jours après le tremblement de terre qui a eu les plus graves conséquences. Elle est à l’origine de la forte contamination de la bande de terre de 600km2 qui s’étend vers le nord-ouest en direction de la ville de Itate.

Que s’est-il passé ? Pourquoi l’explosion a-t-elle été plus tardive, différente et plus grave que les autres ? Le 13 mars, l’opérateur TEPCO s’était résigné à injecter de l’eau de mer dans les cuves des réacteurs 2 et 3, une décision douloureuse qui signait leur perte. La tête d’injection d’une pompe était alors connectée aux cuves, grâce à un camion de pompiers. Il était trop tard pour éviter la fusion du cœur du réacteur N°3 mais celle du N°2 n’était pas entamée, les barres de combustible étant encore sous eau.

13 mars : La pompe d’injection d’un camion de pompiers disposant d’une alimentation électrique est mise en place au près du réacteur N°2. La pression élevée dans la cuve nécessite une dépressurisation préalable pour rendre possible le début de l’injection.

Un refroidissement interne (sans évacuation de chaleur vers l’extérieur) consistant à recycler l’eau condensée présente dans le grand tore situé en partie basse de l’enceinte de confinement a fonctionné jusqu’au 13 mars, jusqu’à épuisement de batteries. Du fait de ce refroidissement interne qui a fonctionné jusque dans la nuit du 12 ou 13, le niveau de l’eau dans la cuve est encore au dessus du sommet des assemblages du combustible dans la matinée du 13 au moment où commence l’injection d’eau de mer dans la cuve du N°2.

Relevé des débits de dose à Fukushima du 12 au 16 mars
Des débits de doses ont été mesurés sur le site de la centrale, en divers emplacements indiqués sur l’encart. Le relevé – entre le 12 et le 16 mars – montre le rôle déclencheur de l’explosion du réacteur N°3 le 14 mars à 11 heures, puis  la part prépondérante du réacteur N2 dans les rejets radioactifs.
© Source B.Barré (Traduit de l’allemand)

14 mars – 11h01 : l’explosion hydrogène du réacteur N° 3 provoque l’arrêt du refroidissement du N°2

Les débris endommagent l’alimentation électrique de secours et le camion qui injectait de l’eau dans le réacteur N°2. Impossibilité de dépressuriser l’enceinte, d’injecter de l’eau.

– 16 h 30 : La baisse de niveau dans la cuve découvre le haut du combustible. Pression trop élevée pour réinjecter de l’eau.

– 18 h 25 : L’ouverture d’une valve et la baisse de pression dans la cuve permettent le redémarrage d’une injection d’eau mais avec un débit insuffisant.

– 19 h 10 : début estimé du feu de zirconium et de la dégradation du cœur. Un débit élevé de dose de 3 mSv/h est observé à 20Hh35 lors d’une décomprsesion de l’enceinte, signe que la fusion du cœur est en cours et que la pression dans l’enceinte est élevée. A noter que jusqu’à cette heure, les débits de doses dus aux décompressions des enceintes des réacteurs 1 et 3, ainsi qu’aux explosions d’hydrogène, étaient restés inférieurs à 1 mSv/heure sur le site de la centrale,

– 23 h 00 : Augmentation de la pression dans l’enceinte. Essais infructueux de dépressurisation. Valves défectueuses

15 mars : 06 h 00 : Sourde explosion en provenance du bas de l’enceinte du N°2

– 08 h 30 : Débits de doses supérieurs de 12 mSv/h ( multipliés par 100) mesurés aux entrées principales du site. De la vapeur s’échappe du bâtiment réacteur. Indication d’une brèche de l’enceinte. Hydrogène ou pression trop forte.

L’unité N°2 est la principale responsable des relâchements des produits de fission dans l’environnement. Il est hautement probable que l’accident de l’unité 2 aurait pu être prévenu s’il n’y avait eu l’impact de l’explosion du N°3. Le principal legs pour l’environnement a tenu a peu de choses : la chute de débris sur un engin de pompiers ! S’il n’y avait eu ce coup du sort, les principales conséquences se seraient limitées à la perte de cœurs de réacteurs et à plus de peur que de mal.

Source chronologie : Analysis of the Severe Accident Progression in Units 1,2 and 3 at Fukushima Daiichi, Mathias Braun, Peter Volkhoz, Revue Générale Nucléaire N°1 Janvier-Février 2012

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