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Premiers pas vers un désarmement …

Le sénateur républicain Richard Lugar et l’ancien sénateur démocrate Sam Nunn ont beaucoup contribué au démantèlement des armes nucléaires déclarées en surplus. L’initiative Nunn-Lugar permit de financer la destruction de nombreuses armes nucléaires de l’arsenal de l’ex-Union Soviétique. Elle s’attaqua aussi aux questions de prolifération, en améliorant la sécurité des installations russes où sont gardées les matières sensibles après la disparition de l’Union-Soviétique.

Pour donner une idée du bilan, bien remarquable, de cette initiative et des obstacles rencontrés, le mieux est de donner la parole au sénateur Richard Lugar à travers les extraits d’un discours prononcé devant le National Press Club à Washington, le 11 août 2004, en tant que Président du comité des relations extérieures du Sénat.

Premier bilan … et objectifs à la date du 13 octobre 2004
A cette date, le nombre de systèmes d’armements désactivés ou détruits par les États-Unis dans le cadre des programmes Nunn-Lugar s’élevait à 6,462 ogives nucléaires, 550 missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), 469 silos ICBM, 13 lanceurs mobiles ICBM, 135 bombardiers, 733 missiles nucléaires air-sol, 408 lanceurs de missiles sous-marins, 530 missiles lancés de sous-marins, 27 sous-marins nucléaires et 194 tunnels d’expérimentations nucléaires. Les programmes Nunn-Lugar comportent également des dispositions visant à éviter la prolifération.
Richard Lugar

“Pour combattre la menace des armes de destruction massive dans l’ancienne Union Soviétique, notre pays a mis en œuvre le « Nunn-Lugar Cooperative Threat Reduction Program “. Depuis ses débuts en 1991, cette initiative a apporté l’expertise technique américaine et les fonds nécessaires pour sauvegarder et détruire, dans un effort commun, des matériels et des armes de destruction massive. A ce jour, les systèmes d ‘armements désactivés ou détruits par les États-Unis dans le cadre de ces programmes incluent :

– 6 312 têtes nucléaires;
– 537 missiles balistiques intercontinentaux (ICBM);
– 459 silos de missiles ICBM;
– 11 lanceurs mobiles de missiles ICBM ;
– 128 bombardiers;
– 708 missiles nucléaires air-sol;
– 408 lanceurs mobiles de missiles de sous-marins;
– 496 missiles lancés de sous-marins; – 27 sous-marins nucléaires;
– 194 tunnels de tests nucléaires.

En plus:
– La sécurité entourant 260 tonnes de matériel fissile a été l’objet d’améliorations soit complètes, soit de première urgence;
– Des améliorations de la sécurité ont été effectuées sur près de 60 sites de stockage d’armes nucléaires;
– 208 tonnes d’Uranium hautement enrichi (HEU) ont été dégradés en uranium faiblement enrichi (LEU);
– Les Centres Internationaux de Science et de Technologie, dont les USA sont le principal contributeur, ont engagé 58000 anciens scientifiques de l’armement pour des activités civiles;
– Le programme international de prévention de la prolifération, a financé 750 projets impliquant 14000 anciens scientifiques de l’armement et créé environ 580 nouveaux postes de haute technologie à des fins civiles;
– L’Ukraine, la BiéloRussie et le Kazakhstan sont désormais sans armes atomiques du fait des efforts effectués en commun sous les auspices du programme Nunn-Lugar.

Le sénateur poursuit : “Ces succès n’ont jamais été acquis d’avance. Aujourd’hui, même après plus de 12 années de travail, une vigilance constante reste nécessaire pour assurer que le programme Nunn-Lugar ne s’embourbe pas dans des obstacles bureaucratiques ou se trouve sapé par des désaccords politiques”.

Bunkers pour le plutonium
L’uranium et le plutonium de qualité militaire, matériaux hautement sensibles sont conservés dans des lieux ultra protégés, comme ces composés de plutonium conservés dans des bunkers à Pantex Plant (Amarillo, Texas).
DOE /NNSA (National Nuclear Security Administration)

Le sénateur poursuit : “Ces succès n’ont jamais été acquis d’avance. Aujourd’hui, même après plus de 12 années de travail, une vigilance constante reste nécessaire pour assurer que le programme Nunn-Lugar ne s’embourbe pas dans des obstacles bureaucratiques ou se trouve sapé par des désaccords politiques;”.

Sam Nunn et moi-même avons consacré beaucoup de temps et d’efforts pour que ces programmes conservent leur impulsion. Nous avons coopéré avec d’innombrables personnes d’un grand dévouement sur le terrain en ex-Union Soviétique ou dans notre propre gouvernement. Néanmoins dès l’origine, nous avons rencontré des résistances à notre initiative à la fois aux USA et en Russie. Dans notre pays, l’opposition a eu pour origine la fausse perception que l’argent Nunn-Lugar constituait une assistance pour l’étranger ou des convictions que l’argent du département de la Défense devait être uniquement consacré aux troupes, à l’armement où à d’autres moyens de faire la guerre. Nous avons aussi rencontré des comportements de Guerre Froide persistants et latents qui conduisaient certains opposants à soupçonner pratiquement toute coopération avec Moscou. Jusqu’il y a peu, nous avons dû faire face à un désintérêt général pour la non-prolifération qui faisait de l’obtention d’un soutien pour le financement et les activités du programme Nunn-Lugar un combat annuel.

“Expliquer et promouvoir le programme était compliqué par le fait que la plupart des succès étaient obtenus loin de l’attention des media. Bien que les avancées soient mesurables, elles ne se produisent pas de la manière spectaculaire qui font la une des nouvelles. A Surovatikha, par exemple, les missiles SS-18 et SS-19 sont démantelés au rythme de quatre par mois. Cette installation continuera à tourner des années encore, jusqu’à la destruction de tous les missiles prévus … Il s’agit d’une opération pénible et fastidieuse qui se déroule loin de nos rives. Réunir une conscience favorable aux programmes de non-prolifération n’a jamais été aisé ! “

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