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Un pas vers une réduction des arsenaux nucléaires

Les deux grandes puissances rivales de la guerre froide – les États-Unis et l’URSS – ont accumulé à eux seuls des arsenaux de plusieurs milliers de bombes atomiques à même de balayer toute vie à la surface de la Terre. L’épée de Damoclès de cette perspective terrifiante amena les deux puissances rivales à signer des accords visant à réduire leurs arsenaux dès avant la chute du mur de Berlin en 1990. Les États-Unis et la Russie, héritière de l’ex-URSS, se mirent d’accord pour que les matériaux nucléaires déclarés en surplus des besoins estimés de leur défense nationale soient convertis en combustibles pour être brûlés dans des réacteurs civils.

Destruction de l’uranium hautement enrichi
Avec le sens bien américain de la formule, l’US Enrichment Corporation tenait le public informé de la progression de l’élimination des 500 tonnes d’uranium militaire russe en surplus. Au printemps 2003, 175 tonnes avaient été détruites, l’équivalent de 7000 têtes nucléaires, de quoi approvisionner un réacteur de 1000 mégawatts pour 320 ans et alimenter en électricité une ville comme Boston durant 270 ans. Le programme a été accompli fin 2013.
© USEC

Pour réduire la menace nucléaire, le premier pas consiste à démonter les ogives nucléaires, à éliminer les missiles et leur panoplie de lanceurs. D’importants efforts dans la lignée des traités START1 et START2 ont été faits pour éliminer ces « vecteurs » à même d’expédier les bombes sur l’adversaire, ainsi que les silos où ces armes étaient stockées. En raison de la décrépitude financière, où la Russie se trouvait durant la période Eltsinienne, les USA ont même aidé à financer une partie de ce désarmement dans le cadre de l’initiative Nunn-Lugar.

Le traité START a été mis à jour en 2010. Dans sa dernière version ratifiée par les USA et la Russie, le traité valable dix ans et reconductible pour cinq ans prévoit que chacun des deux pays peut déployer au maximum 1 550 têtes nucléaires, soit une réduction de 30 % par rapport à 2002.

Tant que les matières fissiles des têtes nucléaires ne sont pas détruites, il reste la possibilité de les réutiliser pour de nouvelles bombes. l’étape ultime consisterait à éliminer ou à mettre hors d’état de servir la matière explosive des bombes : l’uranium et le plutonium de qualité militaire.

USA : destruction de matières fissiles
L’uranium hautement enrichi et le plutonium de qualité militaire américains déclarés en surplus seront convertis en combustible de réacteurs pour être brûlés dans des réacteurs commerciaux des États-Unis.
© DOE

Le démantèlement entrepris est partiel. il prendra du temps. Il est insuffisant pour l’homme de la rue qui voudrait tout et tout de suite. Toutefois il faut se réjouir de ce pas dans la bonne direction et espérer que les générations suivantes accélèreront le mouvement.

Bien que les surplus des matières fissiles déclarés par les USA et l’ancienne Union Soviétique soient loin de couvrir l’ensemble de leurs arsenaux, la disposition de ces surplus signifie l’élimination de milliers d’ogives nucléaires (NB: La masse critique d’une bombe est de 50 kg d’uranium-235, 17 kg de plutonium-239 pour une sphère nue, moins avec un réflecteur de neutrons).

Russie : destruction de plutonium militaire
Le plutonium russe en surplus serait converti en combustible MOX pour être irradié dans des réacteurs Russes.
© DOE

Les matières fissiles à détruire sont l’uranium de qualité militaire et le plutonium de qualité militaire.

L’uranium de qualité militaire est un uranium hautement enrichi (UHE), à plus de 90% en uranium-235 fissile. Le destruction en est facile. Il suffit de diluer l’isotope 235 que l’on a si péniblement enrichi avec par exemple de l’uranium naturel. Pour le plutonium-239, diluer est impossible car on ne dispose pas de plutonium naturel. Mais on peut le brûler dans des réacteurs civils. Une fois passé en réacteur, le matériau est devenu impropre à la fabrication d’armes.

La destruction de l’uranium très enrichi, de loin la plus simple, a démarré en 1994. Quand le programme s’est achevé fin 2013, 500 tonnes d’uranium russe de qualité militaire et 174 tonnes américaines auront été détruites.

Les stocks mondiaux de plutonium de qualité militaire sont estimés à quelques 260 tonnes. Sur ce total, les deux parties ont accepté de détruire chacune 34 tonnes déclarées en surplus. Pour la destruction de ce plutonium, le recyclage sous forme de combustible MOX dans des réacteurs civils a été retenu aux USA en 2001. Deux usines de fabrication de combustible MOX à partir de ce plutonium seront construites aux USA et en Russie. L’élimination effective du surplus américain devait débuter à partir de 2008-2010 à raison de 2 tonnes par an.

En juin 2013, à l’occasion d’un discours prononcé à Berlin, le Président Obama a proposé à la Russie du Président Poutine d’aller plus loin dans la réduction des arsenaux, et de réduire à 1000 le nombre de têtes nucléaires pour les deux nations. En 2022, avec la guerre en Ukraine tous ces programmes ou projets sont au point mort.

PROJETS DE DÉMANTELEMENTS ET DE RÉDUCTION DES ARSENAUX

– 1) : L’initiative Nunn-Lugar
– 2) : Destruction de l’uranium militaire0
– 3) : Des Megatonnes aux Megawatts : brûler de l’uranium militaire
4) :  Destruction du plutonium militaire
– 5) : Programme Pu-239