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Nucléaire iranien : deux années d’affrontements et d’escalade

 

La menace de frappes aériennes
DR Tout en privilégiant la négociation, les Etats-Unis et à leur suite la Grande-Bretagne et la France déclarent ne pas écarter l’option militaire pour prévenir le risque que l’arme atomique ne tombe aux mains du régime de Téhéran. Au sein de l’Administration américaine, des faucons plaident pour des frappes préventives visant des installations sensibles. Face à ces rumeurs, le gouvernement iranien organise en 2006 sur le site de l’usine d’enrichissement de Natanz une chaîne humaine (pas forcément) spontanée de femmes voilées.
© DR

2006

10 janvier : Reprise des activités nucléaires sensibles L’Iran lève les scellés placés sur des centres de recherche nucléaire. La décision provoque une vague de condamnations.

12 janvier : La troïka veut saisir l’ONU A Berlin, la troïka (Allemagne, France et Grande-Bretagne) constate que les discussions sur le contrôle du programme nucléaire de l’Iran sont dans l’impasse et estime que le Conseil de sécurité de l’ONU doit être saisi. La secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice, dit que les Etats-Unis n’envisagent pas à ce stade une intervention militaire contre l’Iran. Le 13, L’Iran menace de mettre fin à sa coopération volontaire avec l’AIEA en cas de saisine du Conseil de sécurité.

4 février : Accord des “six” pour saisir l’ONU Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Russie, Etats-Unis, France et Grande-Bretagne) et l’Allemagne obtiennent le transfert du dossier iranien de l’AIEA au Conseil de Sécurité de l’ONU. Pékin se dit hostile à une menace de sanctions. Dès le 5, l’Iran décide de réduire sa coopération avec l’AIEA (fin de l’application volontaire du protocole additionnel) et de reprendre des activités d’enrichissement à Natanz.

29 mars : Ultimatum de l’ONU Le Conseil de sécurité de l’ONU donne trente jours à l’Iran pour suspendre ses activités d’enrichissement d’uranium sans préciser les mesures qu’il prendrait. Pékin et surtout de Moscou se sont opposés à tout passage qui ouvrirait automatiquement la porte à une prise ultérieure de sanctions.

11 avril Le Président iranien annonce être parvenu à de l’uranium enrichi à 3,5 %.
3 mai : Projet de résolution L’Iran n’ayant pas suspendu l’enrichissement d’uranium à la date butoir du 28 avril, Paris et Londres déposent un projet de résolution, se référant au chapitre VII de la Charte de l’ONU qui prévoit l’usage de la force. Ils ne parviennent pas à convaincre Moscou et Pékin de les soutenir.

30-31 mai : L’Iran prêt à négocier Le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki se dit prêt à étudier les propositions de la troïka européenne. La secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice, annonce que ” les Etats-Unis rejoindront la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne à la table des négociations et rencontreront des représentants iraniens dès que l’Iran suspendra complètement et de façon vérifiable ses activités d’enrichissement “.

1er juin : Accord pour des “propositions” à l’Iran Américains, Européens, Russes et Chinois s’accordent pour faire des “propositions de grande portée” à l’Iran et se disent “prêts à reprendre les négociation si l’Iran en revient à la suspension de toutes les activités liées à l’enrichissement”.

6 juin : Les Six soutiennent le nucléaire civil iranien Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne proposent à Téhéran une reprise des négociations. Les Six affirment le droit de l’Iran à développer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques en accord avec ses obligations du Traité de non-prolifération et, dans ce contexte, réaffirment leur soutien au développement d’un programme nucléaire civil.

8 juin : L’Iran intensifie l’enrichissement d’uranium Selon l’AIEA, l’Iran poursuit l’enrichissement d’uranium, notamment au centre de Natanz, malgré les demandes de la communauté internationale de suspendre ces activités et la visite à Téhéran de Javier Solana, haut représentant de l’Union européenne. Le rapport signale aussi la découverte de nouvelles traces d’uranium suspectes.

Novembre : Refus de la Maison Blanche des négociations directes avec Téhéran.

23 décembre : Vote de la résolution 1737. Le Conseil de sécurité rend obligatoire la suspension de toutes les activités iraniennes liées à l’enrichissement et à l’eau lourde. Il adopte une série de sanctions visant les avoirs et les déplacements de responsables de la République islamique d’Iran impliqués dans le programme d’enrichissement de l’uranium. En Iran, les partisans du président Ahmadinejad subissent le 26 un échec cuisant lors d’élections locales.

Vote de sanctions au Conseil de sécurité de l’ONU
24 mars 2007 : Les représentants britannique et américain à l’ONU votent la résolution 1747 alourdissant les sanctions contre l’Iran. Le Conseil de Sécurité impose une interdiction des exportations d’armes de l’Iran, des restrictions volontaires aux ventes d’armements à ce pays, des restrictions financières et commerciales, ainsi que sur les voyages de certaines personnalités iraniennes liées au programme nucléaire du pays.
© AP/Mary Altaffe

2007

5-6 mars 2007 : Le Conseil des Gouverneurs de l’AIEA suspend 22 des 55 projets d’assistance technique à l’Iran, en application de la résolution 1737.

24-25 mars 2007 : Vote de la résolution 1737 Le Conseil de sécurité durcit les sanctions pour pousser l’Iran à la négociation. La résolution impose un embargo sur les achats d’armes et élargit la liste des responsables du régime iranien soumis au gel de leurs avoirs. En réponse à l’adoption de nouvelles sanctions économiques et financières, l’Iran annonce le 25 qu’il va limiter sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique.

9 avril 2007 : le Président Ahmadinejad annonce que le programme d’enrichissement est entré « dans sa phase industrielle ». Le Président de l’Organisation de l’énergie atomique iranienne réaffirme l’objectif d’installation de 50 000 centrifugeuses à Natanz.

Avril-mai 2007 : Le12 avril, le directeur de l’AIEA, Mohammed El-Baradeï, déclare qu’il n’a pas été démontré que des installations nucléaires fonctionnent clandestinement en Iran ni que l’Iran dispose du matériel utile à la fabrication d’une arme nucléaire. Au 13 mai, 8 cascades de 164 centrifugeuses alimentées en gaz UF6 sont en service à Natanz.

29 juillet 2007 : Ali Larijani, le négociateur iranien en chef sur le dossier nucléaire, déclare au Monde : « Le renoncement à l’enrichissement de l’uranium, serait un renoncement à l’autosuffisance. Par le passé, les pays occidentaux n’ont pas tenu leurs engagements envers l’Iran. Alors pourquoi devrions-nous les croire, lorsqu’à propos de garanties d’approvisionnement en combustible nucléaire, ils nous font de nouvelles promesses ? »

21 août : Accord avec l’AIEA L’Iran s’engage à fournir des éclaircissements sur ses activités passées dans le cadre d’un plan de travail. L’AIEA met en avant cette avancée, alors que les Etats-Unis et la France pressent pour de nouvelles sanctions. Des critiques mettent en cause Mohammed ElBaradei, l’accusant de partialité et d’outrepasser son rôle

30 septembre : Plus de 3.000 centrifugeuses fonctionneraient à l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz, déclare le président Ahmadinejad.

Vladimir Poutine à Téhéran
16 octobre 2007 : A l’occasion d’une conférence des chefs d’Etat des pays entourant la mer Caspienne, le président russe Vladimir Poutine s’entretient avec le président Ahmadinejad et l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la république islamique. Vladimir Poutine exhorte Téhéran à rendre son programme nucléaire “transparent”. Le Président russe souligne son désaccord avec Washington en disant qu’il ne disposait d’aucune donnée objective prouvant que l’Iran est en train de construire des armes nucléaires
© Reuters

En novembre 2007 : Un rapport des services de renseignements américains estime avec un ‘haut degré de certitude’ qu’à l’automne 2003, Téhéran a stoppé son programme d’armes nucléaires et que cette interruption a duré au moins plusieurs années. Il estime avec un degré de certitude modérée que l’arrêt de ces activités traduit un arrêt total du programme d’armements nucléaires de l’Iran et qu’à la mi-2007 Téhéran n’avait pas relancé son programme d’armement nucléaire. D’après le ministre russe des affaires étrangères Serguei Lavrov, la Russie n’avait pas d’indications d’un tel programme avant 2003.

 

Vers la mise en service du réacteur de Busher
Le réacteur de Busher en passe d’être achevé alors que la Russie commence à livrer du combustible nucléaire sous le contrôle de l’AIEA. Un réacteur civil ne produit pas de plutonium de qualité militaire et un des rôles de l’agence est de veiller à ce qu’il ne soit pas détourné de sa destination. Cet approvisionnement en combustible qui permettrait à l’Iran de voir son premier réacteur entrer en service après bien des vicissitudes pourrait contribuer à une détente.
© AP

16 octobre : Poutine à Téhéran Première visite d’un dirigeant russe à Téhéran depuis Staline. Vladimir Poutine exhorte Téhéran à plus de transparence mais souligne qu’il ne dispose pas de donnée objective prouvant que l’Iran construit des armes nucléaires. Le 18, le président George Bush évoque le spectre d’une troisième guerre mondiale.

20 octobre : Démission de Ali Larijani Le négociateur iranien en chef sur le dossier nucléaire et interlocuteur respecté des Occidentaux, démissionne de son poste. Cette démission, signe d’un durcissement du pouvoir, est considérée comme négative.

25 octobre : Sanctions unilatérales des Etats-Unis Le secrétariat d’Etat annonce l’inscription sur la liste noire du Trésor américain de la force Al-Qods, accusée de soutenir le terrorisme,et du corps des Gardiens de la révolution. Trois banques, dont la banque Melli, la plus grande d’Iran, sont inscrites sur cette liste qui interdit à toute institution financière soumise aux réglementations américaines de commercer avec ces entités

3 décembre : le programme militaire iranien aurait été stoppé en 2003 Un rapport des 16 agences américaines de renseignement estime que l’Iran a suspendu depuis 2003 ses efforts pour se doter de l’arme nucléaire, mais pourrait les reprendre.

17 décembre : détente pour l’Iran à Busher La Russie annonce la première livraison du combustible à l’Iran pour la centrale de Busher. Le combustible restera pendant la durée de sa présence sur le territoire iranien sous le contrôle de l’AIEA. Une fois usagé, il “sera ramené en Russie pour y être retraité et stocké”.

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