Nagasaki : le docteur Nagai
Le docteur Takashi Nagai était né en 1908. De père médecin et aspirant à la profession médicale, il entre à l’Université de Médecine de Nagasaki d’où il sortit pour entrer au département de radiologie.
Il avait été envoyé comme soldat en Chine après l’accident de Mandchourie (1931), période durant laquelle il s’était converti au catholicisme puis fait baptiser à son retour à Nagasaki. Au début de la guerre, il retourne en Chine en tant que médecin militaire avant de revenir à Nagasaki en 1940.
En 1945, le docteur Nagai est assistant professeur à l’université de Nagasaki et chef du service de radiologie. Au mois de juin, deux mois avant l’attaque américaine, il apprend qu’il est atteint d’une leucémie du fait de ses activités comme radiologue. On lui donne trois ans à vivre.
Le docteur est à son bureau de l’Université médicale de Nagasaki, au moment de l’explosion à 700 m de l’impact. Il improvise des secours avec le personnel du département qui a survécu. Du 9 août au 8 octobre 1945 il dirige le onzième corps médical de l’Université, composé de 11 infirmiers, infirmières et étudiants ainsi que d’un docteur associé, et qui travaillera durant 3 mois sans relâche pour sauver la vie d’innombrables patients dans et autour du quartier Urakami. Le docteur Nagai et son équipe quittent Urakami dévasté le 12 août pour établir une station de secours dans la vallée de Mitsuyama
Ayant miraculeusement survécu, il reprend ses activités de secours et son enseignement, ayant été nommé professeur en 1946. Mais durant un de ses déplacements, il perd connaissance à la gare de Nagasaki. A partir de ce moment, sa santé empire de jour en jour. Bien que confiné au lit, le docteur poursuit ses recherches et ses écrits : « Depuis ce jour, la maladie a graduellement progressé. Maintenant je dois compter sur autrui même pour m’apporter un bout de papier. J’ai à peine la force de regarder dans un microscope, encore moins d’examiner un patient. Heureusement, mon sujet de recherche – la maladie de la bombe atomique – est dans mon propre corps ».
Au printemps de 1948, au moment où les gens commencent à réinstaller des cabanes primitives sur le terre dévastée d’Urakami, le docteur Nagai s’installe dans un petit ermitage qu’il appela Nyokodo selon un principe évangélique « Love others as you love yourselves ». C’est dans une minuscule pièce de deux tatamis (4 mètres carrés) qu’il produit des œuvres destinés à encourager les habitants d’Urakami : peintures, poésies japonaises et surtout essais et romans comme Rozario no Kusari( la chaîne du rosaire), Kono Ko wo Nokoshite (Laissant ces enfants derrière) dont on fit un film, Seimei no Kawa (Rivière de vie) et Nagasaki no Kane (Les cloches de Nagasaki) le plus connu.
Takashi Nagai avait perdu sa jeune femme, brûlée vive dans sa maison réduite en cendres. Heureusement ses deux enfants avaient été envoyés à la campagne avant le bombardement. Mais la perspective qu’ils allaient bientôt perdre leur père après avoir perdu leur mère le plonge dans une profonde détresse. Elle est la force motrice derrière son acharnement à écrire et à porter témoignage durant le peu d’années qui lui restent à vivre. Il meurt en mai 1951 à 43 ans.
Source : Atomic Bomb Rescue and Relief Report, Takashi Nagai, MD – Edited by Fidelius R.Kuo (2000)
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