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Morts à Tchernobyl ? Une querelle de chiffres

Risques de cancers en fonction de la dose </br> Les calculs du nombre de cancers attendus de Tchernobyl sont basés sur la “relation linéaire sans seuil” : la probabilité ou incidence des cancers est en proportion de la dose reçue à raison d’environ 50 cancers par millisievert pour un million de personnes. Pour les 5 catégories indiquées sur la figure, le nombre des cancers est le produit de cette probabilité par le nombre de personnes touchées. Cette relation est représentée par une ligne droite. Par exemple en (a) 7800 français contracteraient chaque année un cancer du fait de la radioactivité naturelle : la dose est faible (2,4 mSv) mais porte sur une population de 65 millions.
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Contrairement aux décès résultant d’un ouragan, d’une explosion volcanique ou d’un raz de marée, il n’est pas possible de dénombrer les victimes d’un accident comme Tchernobyl. Selon un rapport des Nations Unies, le nombre de décès dénombrés sans ambiguïté et survenus généralement peu de temps après l’accident s’élevait en 2005 à moins de 50. Quant aux décès qui surviennent des années après une exposition à la radioactivité, on ne dispose pas de “signature” pour les identifier. On en est réduit à en calculer le nombre.

Vingt ans après la catastrophe, le bilan humain de Tchernobyl reste l’objet d’âpres débats. C’est ainsi qu’un rapport publié par l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique), en septembre 2005 a suscité une vive polémique. Ce rapport est pourtant le fruit d’un forum auxquels ont participé, de 2003 à 2005, des organismes aussi respectés et compétents que l’OMS (organisation mondiale de la santé), l’UNSCEAR, l’AIEA et la FAO.

Le rapport évalue à 4.000 le nombre de décès par cancers, avérés ou à venir, chez les populations les plus exposées d’Ukraine, de Biélorussie et de Russie. Le calcul est basé sur l’hypothèse que la probabilité d’un décès imputable à la radioactivité est en proportion de la dose. Parmi les 4000 décès, 2200 décès pourraient survenir chez les liquidateurs, 1500 chez les habitants des zones les plus contaminées, 150 chez les 150 000 évacués de la zone des 30 km

Ces chiffres considérables fournis par les organismes compétents sont très inférieurs à certaines estimations popularisées par la presse et la télévision. Ils sont dénoncés par des mouvements anti-nucléaires comme relevant d’une campagne de désinformation ‘“insultante pour les victimes”.

Un rapport de Greenpeace concluait “que 200.000 décès dus à la catastrophe auraient déjà été constatés ces 15 dernières années en Russie, Biélorussie et Ukraine”. A l’occasion du 25ème anniversaire de l’accident en 2011, plusieurs chaînes de télévision allèrent plus loin, affirmant que les deux tiers des liquidateurs étaient déjà morts. Il est instructif de comparer ces chiffres avec les conclusions du rapport 2008 de l’UNSCEAR, le “Comité Scientifique des Nations Unies sur les Effets des Radiations Atomiques”.

Hécatombes ou pas hécatombes  ? D’après certains médias, 400 000 décès seraient survenus en 25 ans sur les 600 000 liquidateurs de Tchernobyl. En 1986, les liquidateurs étaient jeunes. Admettons qu’en 25 ans 80 000 soient morts de causes naturelles. Restent 320 000 décès, soit environ 100 fois la mortalité prédite par les experts. Logiquement cette multiplication par 100 devrait être appliquée à toutes les autres expositions aux rayonnements. Les colonnes du centre et de droite montrent, que multipliée par 100, la radioactivité naturelle décimerait les populations ; radiographies et scanners peupleraient les cimetières !
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Multiplier par 10, voire 100, sous l’effet de respectables passions militantes, les évaluations d’organismes compétents conduit à des absurdités. Les cellules de notre corps ne distinguent pas si un rayon provient de Tchernobyl ou de la radioactivité naturelle. Il conviendrait logiquement de multiplier par 10 ou 100 les risques attribués par les experts à la radioactivité naturelle, aux rayons X, etc. En France le nombre de décès attribués à la radioactivité naturelle passerait ainsi de 7800 à 780000 par an. Si un telle multiplication était avérée, nombreux seraient ceux de nos internautes qui ne seraient plus là pour lire cette page.

Quel crédit accorder finalement aux estimations des spécialistes ? Si la Nature veut qu’une faible exposition suffise à déclencher un cancer, ces chiffres sont proches de la réalité. Par contre, si la Nature répare efficacement dans nos cellules les effets des faibles doses et passe l’éponge, les personnes peu exposées échapperont au risque de cancer. Dans ce cas, les chiffres seraient revus à la baisse.

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