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Améliorations techniques et culture de sûreté

Les conséquences pour l’environnement de l’accident de Three Mile Island, ont été minimes : un rejet limité de radioéléments gazeux relâchés par la cheminée du bâtiment auxiliaire. Le plus abondant d’entre eux, un isotope du xénon, gaz rare qui s’est dilué dans l’atmosphère, peu radiotoxique, car incapable d’actions biologiques.

 

Panneau de contrôle lors de l’accident
Ce panneau de contrôle du réacteur de Three Mile Island montre des étiquettes pouvant cacher des voyants. Ces étiquettes ont été mises en cause pour la première des anomalies à l’origine de l’accident : le fait que les pompes du système d’alimentation de secours des générateurs de vapeur n’ait pas pu alimenter en eau ces derniers, faute d’une vanne qui était restée fermée du fait de l’oubli d’un opérateur, et qu’il ait fallu 8 minutes pour remarquer cette anomalie et ouvrir la vanne
© NRC

Par contre les conséquences économiques et industrielles ont été très importantes. Le réacteur a été irrémédiablement endommagé, la filière nucléaire mise en doute aux Etats-Unis pour trois décennies. La sûreté des réacteurs ayant été mise en cause, les circonstances de la fusion du cœur ont fait l’objet d’études approfondies. L’accident de Three Mile Island a été analysé de façon à en tirer toutes les leçons et à éviter qu’un tel événement ne se reproduise.

L’analyse du déroulement de l’accident a révélé plusieurs défaillances et insuffisances :
– Une vanne importante d’alimentation en eau des générateurs de vapeur fut trouvée fermée au lieu d’être ouverte, par suite d’un oubli de l’opérateur. Il fallut 8 minutes pour s’apercevoir.
– Une information fausse envoyée aux opérateurs. Le voyant de la vanne de décharge du pressuriseur qui jouera un rôle crucial disait qu’elle était « fermée », alors que coincée, elle était restée « ouverte ». L’information transmise en salle de commande était l’instruction reçue par la vanne et non son état réel.
– Les opérateurs ne disposaient pas de procédures adaptées leur permettant de couvrir les combinaisons possibles d’événements correspondant à des cumuls de défaillances matérielles ou humaines.
– Ils manquaient d’informations directes sur l’état du cœur du réacteur, en l’occurrence le manque d’eau et le début de fusion.
– Si le bâtiment réacteur a joué son rôle de confinement, l’étanchéité ne fut pas totale, une petite partie de la radioactivité s’échappant par la cheminée d’un bâtiment auxiliaire.
– Plusieurs jours furent nécessaires pour éliminer l’hypothèse d’une explosion d’hydrogène, faute de dispositif permettant une recombinaison non-explosive.

Améliorations de la salle de contrôle
Dans cette salle, l’ergonomie et une signalétique moderne , sans ambiguïtés ont remplacé les éléments qui pouvaient sembler amateurs comme le recours aux étiquettes. Un panneau de sûreté regroupe les informations essentielles et permet de détecter le premier signal d’anomalie. Les alarmes ont été hiérarchisées. Les informations sont mieux présentées. D’autres comme celles manquantes lors de l’accident (marge à l ’ébullition, niveau de la cuve) ont été ajoutées. Le recours à l’outil informatique est venu renforcer le facteur humain dans l’interaction de l’opérateur avec le réacteur.
© NRC

Améliorations et leçons tirées de Three Mile Island

De nombreux équipements et systèmes de sécurité des réacteurs REP ont été revus (comme la vanne de décharge du pressuriseur) ou améliorés. Les composants (mesures de niveau, soupapes, …) sont périodiquement requalifiés. Les centrales sont maintenant équipées de dispositifs permettant d’éviter une explosion qui serait due à une accumulation d’hydrogène, comme celle engendrée lors d’une fusion du cœur.

Les leçons tirées de l’accident ont abouti à tout un train de mesures. Les principales « mesures TMI » mises en œuvre à la suite de l’accident concernent :
– L’interface homme machine : présentation ergonomique des consignes, lisibilité des pupitres, sélection et regroupement des indications importantes pour la sûreté ;
– Entraînement et amélioration de la formation des opérateurs sur simulateur, y compris en situation de crise ;
– L’organisation de la conduite à tenir après accident ; chaque opérateur a sa propre consigne, le superviseur en contrôle l’application, une fonction d’ingénieur de sûreté est mise en place ; l’organisation de crise au niveau des exploitants et des pouvoirs publics est redéfinie grâce à des exercices réguliers.

Les installations sont maintenant régulièrement inspectées par les autorités de sûreté comme la NRC ou l’ASN en France.

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