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Les transports de matières très radioactives

Terminal de Valognes
Vue aérienne en août 96 du terminal ferroviaire de Valognes. Ce terminal, situé à une vingtaine de kilomètres de Cherbourg, est spécialisé pour la réception et l’expédition des matières nucléaires destinées ou en provenance de l’usine de retraitement de La Hague.
© SIDNEY JEZEQUEL /AREVA

Les 10 % de transports des matières de haute activité produites par les réacteurs nucléaires sont ceux qui demandent le plus de contrôles et de radioprotection. Le nombre de ces transports en France est de 450 par an pour les combustibles irradiés, d’une cinquantaine pour la poudre d’oxyde de plutonium, et d’une dizaine pour les combustibles MOX.

Le retraitement du combustible irradié tel qu’il est pratiqué en France nécessite le transport de ces matières radioactives du site de la centrale à l’usine de retraitement. Aux États-Unis où les combustibles usés restent entreposés auprès des centrales dans l’attente d’un stockage, les transports de combustibles usés sont à venir, donc encore rares.

Arrivée des combustibles irradiés
Après acheminement par chemin de fer jusqu’au terminal ferroviaire de Valognes, les châteaux contenant les assemblages irradiés ont été descendus de wagons en attendant un transport final par route d’une vingtaine de kilomètres jusqu’à l’usine de la Hague, où ils seront retraités.
© SIDNEY JEZEQUEL /AREVA

Au moment où ils sont sortis de la piscine attenante au réacteur où ils étaient entreposés, les éléments de combustible sont très radioactifs, environ 2 millions de Curies (soit 74 000 TBq) par tonne après un an de séjour. Cette très forte activité impose de transporter les éléments de combustible dans des conteneurs spécialement conçus appelés « châteaux ». En France, les assemblages provenant des REP sont transportés dans des châteaux contenant chacun 12 assemblages de 500 kg , sous air sec.

Le château de transport constitue une barrière de confinement telle qu’elle permet le transport de l’élément combustible par la route ou par le train. Ces conteneurs d’acier sont très résistants. Leurs parois épaisses protègent des radiations et leur étanchéité empêche la dissémination des matières radioactives.

La quasi-totalité du combustible irradié destiné au retraitement est acheminé par chemin de fer jusqu’au terminal ferroviaire de Valognes puis par route jusqu’à l’usine de la Hague. Le transport maritime est utilisé principalement par le Japon, et des pays lointains comme l’Australie, qui ne possèdent pas d’installation de retraitement. Le Japon expédie son combustible irradié aux usines de La Hague et de Sellafield en Grande-Bretagne.

À l’arrivée, le château contenant les éléments combustibles irradiés est déchargé. Les éléments combustibles sont déposés dans une des grandes piscines de l’usine de retraitement de La Hague où ils attendront encore plusieurs années avant d’être retraités.

A l’issue du retraitement, le plutonium récupéré est envoyé conditionné en boîtes à l’usine de fabrication de combustible MOX. Le plutonium étant une matière fissile, il faut le fractionner en boîtes pour éviter d’atteindre une lasse critique.

Retour de déchets vitrifiés au Japon
Le Japon envoie actuellement ses combustibles usés pour être retraités en France. En retour les déchets vitrifiés produits sont chargés dans des conteneurs spéciaux pour être transportés au Japon, où ils sont entreposés dans l’attente d’us stockage.
© DR

Transports de déchets vitrifiés : Les déchets vitrifiés français sont pour le moment entreposés à l’usine de la Hague,. Ils ne nécessitent pas encore de transports.

Ceux appartenant à des pays étrangers sont retournés. Ces transports sont peu nombreux. Ainsi entre 1995 et 2001, deux transports terrestres ont été organisés vers l’Allemagne en 1996 et 1997, ainsi que trois vers la Belgique en 2000 et 200, d’autres vers la Suisse ; six retours de résidus vitrifiés vers le Japon ont eu lieu respectivement en 1995, 1997, 1998, 1999 et 2000.

Ces transports se sont ralentis durant la décennie suivante. Le Japon a mis en service sa propre usine de retraitement à Rokkasho-Mura. L’Allemagne a prévu d’arrêter le retraitement du combustible de ses centrales.

En novembre 2010, a eu lieu le onzième convoi de déchets vitrifiés de la Hague à Gorleben en Basse-Saxe où ils sont entreposés. Ce convoi surnommé le ‘train de l’enfer” ou “Tchernobyl roulant” par les antinucléaires allemands est l’avant dernier. Ses convois ont beaucoup attiré l’attention des médias du fait de l’opposition virulente des mouvements écologistes. C’est au cours du convoi de 2004 qu’un militant qui s’était attaché aux rails est mort tragiquement faute de n’avoir pu se détacher à temps.

TRANSPORT DES MATIERES TRES RADIOACTIVES

-1) : Garantir la sécurité des transports radioactifs
-2) : Des incidents mais pas d’accidents …
-3) : “Train de l’enfer” : Un transport très médiatisé