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Un violent incendie : un enfer de flammes et de radioactivité

Après l’explosion, un violent incendie
L’explosion du réacteur de Tchernobyl qui survint le 26 avril 1986, fut suivi d’un violent incendie alimenté par la chaleur dégagée et les tonnes de graphite présentes dans le cœur du réacteur. L’intervention des pompiers fut héroïque. A l’enfer des flammes répondait l’enfer d’une très forte radioactivité. : 28 des pompiers qui maîtrisèrent l’incendie principal payèrent de leur vie cette intervention.
© UPPA/BBC News 1986

La déflagration qui soulève la dalle supérieure du réacteur, laisse le réacteur à nu. Un rayonnement intense, mortel, s’échappe des ruines radioactives. Il n’y a plus de refroidissement. L’intense dégagement de chaleur des désintégrations radioactives enflamme l’importante masse de graphite qui servait à ralentir les neutrons. Un gigantesque incendie se déclenche, ajoutant à la tragédie.

Une description fidèle de cet incendie peut être trouvée dans l’excellent ouvrage de P.Reuss et M.Chouha ” Tchernobyl, 25 ans après … Fukushima “, paru en 2011 (P.139), : « Un incendie gigantesque est généré par l’explosion. La grande quantité de graphite qui se trouve dans le réacteur alimentera longtemps les flammes. Pendant les premières minutes qui suivirent, voire même les premières heures, c’est justement cet incendie qui monopolisera les attentions. Les premiers pompiers arrivent sur les lieux en moins de 10 minutes, mais réalisent rapidement qu’ils se trouvent devant une situation peu ordinaire. Avec les moyens dérisoires dont ils disposent pour intervenir dans des conditions aussi exceptionnelles, ils se battent comme ils peuvent dans cet environnement apocalyptique. Des renforts accourent des villes voisines. Avec le sens aigu du devoir et la touche patriotique qui les caractérise, ces hommes vont tout donner d’eux-mêmes de la manière la plus courageuse. Plusieurs heures durant, il vont évoluer dans ce milieu hautement radioactif dont les effets ne se font pas sentir sur le coup, complètement occultés par l’enfer des flammes qui cernent de toutes parts. Et vers 5 heures du matin, c’est bien leur courage qui l’emporte : l’incendie principal est maîtrisé ».

Après l’extinction de l’incendie principal, des foyers persistèrent pendant une dizaine de jours. Durant tout ce temps, le panache de fumées émergeant du réacteur emportait en altitude poussières et gaz radioactifs. Ces poussières et gaz furent ensuite dispersés et véhiculés au gré des vents vers l’Europe du nord et de l’ouest. Du fait du relief et des pluies, les poussières radioactives du nuage de Tchernobyl, furent rabattues au sol contaminant principalement l’Ukraine, la Biélorussie et la Russie.

Monuments aux pompiers de Tchernobyl
L’explosion du réacteur déclencha un violent incendie. La grande quantité de graphite qui se trouvait dans le coeur alimenta pendant une semaine les flammes. Les premiers pompiers arrivèrent dans les 10 minutes, vite rejoints par des renforts accourus des villes voisines. Durant des heures, ces hommes héroïques évoluèrent cernés des flammes dans un milieu très radioactif avant de maitriser l’incendie principal. Une trentaine de ces pompiers moururent de leurs brûlures et de leur exposition à un rayonnement intense. Un monument en leur honneur a été érigé sur le site de Tchernobyl.
© Petr Pavlicek/IAEA

Le personnel de la centrale et les pompiers intervenus lors de l’accident ont subi des doses très élevées principalement externes qui s’échelonnent entre une fraction de gray et plus de 10 Grays (Gy). Une trentaine de pompiers de Tchernobyl firent le sacrifice de leur vie et moururent des suites de leurs brûlures et de leur exposition aux rayonnements. Leurs décès sont survenus dans les jours ou semaines qui ont suivi l’accident du fait d’un syndrome d’irradiation aiguë, consécutifs aux doses de plusieurs grays reçues. Un monument sera érigé à leur mémoire, juste à côté de leur caserne, à l’intérieur de la zone d’exclusion.

Une fois l’incendie éteint des tonnes de matériaux divers, furent déversés sur les ruines du réacteur, afin d’enterrer les produits radioactifs et limiter le rayonnement très intense émis. Plus de 5 000 tonnes de ces matériaux, principalement du plomb, du bore et du sable, furent larguées par hélicoptères au cours des semaines qui suivirent. Mal protégés, les pilotes recevront des doses trop importantes de rayonnements. Plusieurs d’entre eux mourront dans les jours suivants.

Cet enfer de flammes et de radioactivité ne doit pas être confondu avec l’incendie survenu, 34 ans plus tard, en avril 2020, dans la zone d’exclusion entourant Tchernobyl. Des centaines d’hectares de forêt furent brulés. Si des mesures montrèrent des augmentation locales de la radioactivité, celle ci demeurait faible. Dans la capitale de l’Ukraine, Kiev, située à une centaine de kilomètres de là, les niveaux de radiations restaient conformes à ceux enregistrés habituellement, alors que la fumée âcre de l’incendie de forêt près de la centrale nucléaire recouvrait la ville, faisant de sa pollution atmosphérique l’une des pires au monde (Cf. reportage de la BBC du 17 avril 2020).

Point de situation sur les incendies en Ukraine : Article de la RGN, avril 2020

DOCUMENTS SUR LES CAUSES ET LE DEROULEMENT DE L’ACCIDENT

– 1) : Un essai malencontreux : Une suite d’erreurs et de violations de règles
– 2) : Défauts de conception (RBMK) à Tchernobyl